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Numéro 17

Affiche du film


Titre original

number seventeen

Synopsis

Un gang de voleurs se réunit dans une planque après un braquage, mais un détective est sur leurs traces...

Genre

Thriller

Année de production

1932

Angleterre

Date de sortie en France

1932

Réalisateur

Alfred Hitchcock

Musique

Adolph Hallis

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Leon M. Lion
Leon M. Lion Ben
Anne Grey
Anne Grey Nora
John Stuart
John Stuart Barton
Donald Calthrop
Donald Calthrop Brant
Barry Jones
Barry Jones Henry Doyle
Ann Casson
Ann Casson Rose Ackroyd
Garry Marsh
Garry Marsh Sheldrake

 

Critique du Film

Note :

Numéro 17 d'Alfred Hitchcock, film se dérolant en grande partie dans un escalier

Un sacré numéro

En 1932 Alfred Hitchcock n'est pas encore le monstre du Septième Art qu'il allait (bientôt) devenir. Alors âgé de 32 ans, le cinéaste britannique est encore un jeune homme, et dans le métier et dans la vie. Pourtant, il a déjà à son actif un nombre impressionnant de réalisations. Seize pour être exact. Numéro 17 va ainsi devenir son dix-septième film, de façon semble-t-il prédestiné. Pourtant, cela est du à un hasard, le cinéaste souhaitant réaliser un film plus ambitieux (une adaptation du London Wall de John Van Druten). Mais suite à l'échec commercial de son précédent opus, à l'est de Shanghai, le studio British International Pictures, auquel est lié par contrat le réalisateur, ne voit pas les choses de la même façon. Le studio impose alors au réalisateur la mise en chantier de Numéro 17. Tiré d'une pièce de théâtre de J. Jefferson Farjeon (elle même tirée d'un roman du même J. Jefferson Farjeon), le scénario est pris en main par Alfred Hitchcock, aidé en cela par sa femme, Alma Reville, et du scénariste Rodney Ackland (avec qui le cinéaste avait auparavant travaillé sur The Skin Game). Ils décident conjointement de donner une orientation horrifico-comique à leur histoire (ce qui deviendra une habitude chez Hitchcock).
L'histoire est découpée en deux parties distinctes. La première se déroule dans une maison (le numéro 17 du titre), et plus particulièrement dans un escalier, et la seconde partie quand à elle se soldera par une course poursuite entre un bus et un train. Si la première partie est plutôt soignée sur la forme (le réalisateur joue avec son décor -l'escalier- comme peu savent le faire, même 70 ans plus tard), la seconde peine à se hisser à un niveau ne serait-ce qu'acceptable (la faute à un manque de moyens flagrant).

Anne Grey dans Numéro 17, d'Alfred Hitchcock

La première partie (de loin la meilleure) place l'histoire et les personnages (enfin tente de la faire, l'histoire étant très confuse, et le restant même une fois le film vu), et nous entraîne dans son ambiance ténébreuse et inquiétante. L'influence du muet est indéniable dans ce premier acte, aussi bien dans la gestion de la lumière, typique du muet, à la limite même de l'impressionnisme (il ne faut pas oublier qu'Alfred Hitchcock a commencé sa carrière dans le muet et a tourné une bonne dizaine de films sous ce format), que dans la gestion du son (ou plutôt la quasi absence de son), que dans l'apparence de certains de ses personnages. En particulier celui de Nora (Anne Grey), présentée au début du film comme muette, et donc l'habillement et le maquillage sont typiques de cette époque désormais révolue.
Si tout le film avait été du niveau du premier acte, le film aurait sans doute une moins mauvaise réputation qu'il n'a aujourd'hui. En effet, Alfred Hitchcock gère son décor de façon très intelligente (l'ombre d'Ann Casson sur la toit, la fumée derrière la vitre, la main qui passe à travers la boîte à lettres, et bien entendu, la présence/absence du cadavre dans l'escalier), et le suspens est bel et bien présent dans cette première partie, et ce même si l'humour est parfois trop lourd, en particulier au travers du personnage de Ben (Leon M. Lion, qui reprend le personnage qu'il tenait au théâtre).

Numéro 17, d'Alfred Hitchcock

La seconde partie quand à elle fait véritablement tâche par rapport au premier acte. Le mystère est enfin dévoilé (mais pas clair pour autant), et après quelques retournements de situations notre héros, à priori dans un accès de bravoure gratuite, se lance à la poursuite des voleurs. S'ensuit un double cliffhanger. D'un côté le héros poursuivant un train avec un bus, et de l'autre les gangsters affrontant les gentils sur et dans le train. Sur le papier, cela pourrait fonctionner. Mais le manque de moyen impose sa loi. Hitchcock n'a jamais caché son goût pour les maquettes, et en a utilisé dans pratiquement tous ses films (en particulier dans la période britannique). C'est donc sans surprise que l'on en retrouve ici. Mais les modèles réduits sont trop visible, et nuisent à rendre cette partie crédible.
De plus, on a bien du mal à faire le lien, y compris au niveau de la photographie, avec la première partie du film, donnant par trop l'impression de voir un second film. Jusqu'à la conclusion, où le héros dévoile son identité, lors d'une dernière pirouette scénaristique dont plus personne ne se soucie.
Une fin clairement loupée.

Alfred Hitchcock et les maquettes : Numéro 17, en 1932

De façon générale, le film ne manque pas de défauts, dont certains rédhibitoires. La prise de son est ainsi catastrophique, même pour l'époque (on a vraiment l'impression que le son a été pris en direct dans la cage d'escalier, écho en prime), et la photographie passe d'un impressionnisme (qui n'est pas désagréable) dans la première partie à une facture plus typique du cinéma parlant dans la seconde, scindant véritablement le film en deux parties distinctes, et très inégales l'une par rapport à l'autre. Alfred Hitchcock, pourtant pas toujours critique vis à vis de son travail, a pourtant toujours déclaré que cet opus était son plus mauvais film, allant jusqu'à parler de désastre.
Ce n'est pas la restauration du film en 2005 qui viendra changer la donne, Numéro 17 restant encore et toujours un film médiocre. voulant punir Hitchcock de ces précédents échecs commerciaux, le studio British International Pictures a peut-être en fait, de façon totalement involontaire, permis au cinéaste de s'envoler, puisque suite à ce film Hitchcock quitta British International Pictures pour Gaumont British Picture Corporation, pour lequel il tourna ses meilleurs films de sa période britannique (L'homme qui en savait trop, Les 39 marches, Une femme disparaît).

   
 


Conclusion

Considéré par tous, y compris par Alfred Hitchcock lui-même, comme l'un des pires films du réalisateur, ce Numéro 17 marque la fin de la collaboration entre le cinéaste et le studio British International Pictures.
Aujourd'hui, seuls les fans du Maître s'intéressent encore à ce film. Et encore, même eux reconnaissent la médiocrité du film, l'un des plus mauvais du réalisateur. Dommage, car il y avait de quoi faire avec un sujet somme toute très hitchcockien.
Erreur de jeunesse (qui plus est forcée par le studio), ce film marque peut-être ce que le cinéaste a fait de plus médiocre.

Mais pour un Numéro 17, combien d'homme qui en savait trop, de Mort aux trousses, ou de Psychose?

Anne Grey, John Stuart et Ann Casson dans Numéro 17, d'Alfred Hitchcock


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