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Le Jour où la terre s'arrêta


 
Affiche du film

 


 

Titre original

The Day the Earth Stood Still

Synopsis

L'arrivée sur Terre de Klaatu, un extraterrestre d'apparence humaine, provoque de spectaculaires bouleversements. Tandis que les gouvernements et les scientifiques tentent désepérément de percer son mystère, une femme, le docteur Helen Benson, parvient à nouer un contact avec lui et à comprendre le sens de sa mission. Klaatu est là pour sauver la Terre... avec ou sans les humains.

Genre

Science-Fiction

Année de production

2008

Australie Canada U.S.A.

Date de sortie en France

10 décembre 2008

Réalisateur

Scott Derrickson

Musique

Tyler Bates

 
 

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Keanu Reeves
Keanu Reeves Klaatu
Jennifer Connelly Helen Benson
Kathy Bates Regina Jackson
Jaden Smith
Jaden Smith Jacob Benson
John Cleese
John Cleese Professeur Barnhardt
John Hamm
John Hamm Michael Granier
Kyle Chandler
Kyle Chandler John Driscoll
Robert Knepper
Robert Knepper Colonel
James Hong Mr Wu
John Rothman
John Rothman Docteur Myron
Sunita Prasad
Sunita Prasad Rouhani
Juan Riedinger
Juan Riedinger William Kwan
Juan Riedinger Isabel
Mousa Kraish
Mousa Kraish Yusef
J.C. MacKenzie
J.C. MacKenzie Grossman
Kurt Max Runte
Kurt Max Runte L'ingénieur civil
Judith Maxie Une scientifique dans l'hélicoptère
Lorena Gale Une scientifique
Terence Dament Un policier new-yorkais
Patrick Sabongui Un soldat
Jacob Blair
Jacob Blair Un soldat
Jake McLaughlin
Jake McLaughlin Un soldat
Douglas Chapman
Douglas Chapman Un médecin
Roger R. Cross
Roger R. Cross Général Quinn
Heather Doerksen L'aide de Regina
Hiro Kanagawa
Hiro Kanagawa Docteur Ikegawa
Craig Stanghetta Homme gris
Dean Redman Un membre de la police militaire
David Richmond-Peck
David Richmond-Peck L'opérateur du polygraphe
Sandy Colton
Sandy Colton Capitaine de l'Army Corps Engineer
Ty Olsson Colonel dans la chambre de combustion
Dawn Chubai Présentatrice des actualités télévisées
Joshua Close
Joshua Close Ingénieur dans la chambre de combustion
Geoff Meed
Geoff Meed Officier des communications sur le terrain
Michael Hogan
Michael Hogan Général
Ben Cotton
Ben Cotton Chauffeur poid-lourd
Dustin LaValley Un soldat
Tyler McClendon Un gars au Coffee Cup
Bertrand Roberson Jr. Un soldat
John Shaw
John Shaw Le principal

 


 

Récompenses

Saturn Award Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films
catégorie
Année
Bénéficiaire
Meilleure révélation2009Jaden Smith

 


 

Nominations

Saturn Award Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films
catégorie
Année
Bénéficiaire
Meilleur film de science-fiction2009 

 
Razzie Award Razzie Award
catégorie
Année
Bénéficiaire
Pire remake, suite, ou préquelle2009 

 

Critique du Film

Note :
 
 

 
Keanu Reeves dans le jour où la terre s'arrêta de Scott Derrickson

 
Green War

Tourner des remakes est, on le sait, l'une des grandes spécialités d'Hollywood, surtout en cette première décennie du nouveau millénaire. Mais si cette version est sortie en 2008, l'idée première de tourner un remake du classique de Robert Wise remonte à longtemps. Ainsi, en 1994, la 20th Century Fox via Erwin Stoff envisage, en pleine production de Speed, de filmer une nouvelle version du jour où la terre s'arrêta avec Keanu Reeves dans le rôle de Klaatu. Si l'acteur ne se montre pas particulièrement intéressé de jouer dans un remake, le processus est tout de même lancé, et le scénariste David Scarpa est engagé pour écrire le scénario. Il décide de remplacer le danger nucléaire, cœur du film de Robert Wise, pour se concentrer sur des idées plus modernes, tels que les agissements autodestructeurs de l'humanité. Et, avec l'ouragan Katrina de prendre un virage clairement écologiste. Le script est prêt en 2005. Le réalisateur Scott Derrickson (l'exorcisme d'Emily Rose) est engagé, lui qui avait rencontré Robert Wise lorsqu'il était encore étudiant. Le film sera tourné entre fin 2007 et début 2008.
 
Jennifer Connelly et Keanu Reeves dans la terre s'arrêta de Scott Derrickson

 
Le jour où la terre s'arrêta se paie un casting de luxe, au contraire de la version Robert Wise (un choix totalement intentionnel de la part du réalisateur de West Side story). On retrouve ici:
Keanu Reeves: La star, connue pour son jeu bien souvent minimaliste, est pour une fois totalement dans son élément. Il faut reconnaître que le rôle de Klaatu lui sied à la perfection.
Jennifer Connelly: elle reprend à priori le rôle tenu en 1951 par Patricia Neal, mais force est de constater que les deux personnages n'ont pas grand chose en commun. Si Patricia Neal représentait l'américaine type des années 50, c'est à dire passive par rapport à l'histoire, mais en même temps battante, s'occupant de sa famille, affective, et faisant preuve d'empathie, la version 2008 incarnée par Jennifer Connelly est l'archétype de la femme moderne, active, intelligente, sexy, indépendante financièrement (le féminisme est indéniablement passé par là), et capable d'être un élément moteur, pour ne pas dire central, d'une histoire. Ajoutons à cela qu'elle est aussi une mère (adoptive) s'occupant seule de son enfant, et le tableau sera complet. Fort heureusement que Jennifer Connelly a non seulement du talent mais aussi du charisme, car elle porte véritablement le film sur les épaules, étant le seul adulte du film à faire passer des sentiments et de l'émotion.
Jaden Smith: Le jeune acteur fait ici ses premiers pas sans son père, après à la recherche du bonheur. Il joue le fils d'adoption du personnage de Jennifer Connelly, un enfant en conflit avec une mère qu'il lui faut apprendre à aimer. A noter que Jaden et Keanu Reeves s'étaient déjà rencontré auparavant, sur le tournage de Matrix Reloaded et Matrix revolutions, la mère du jeune garçon, Jada Pinkett-Smith, jouant justement dans les films des frèes Wachowski. A noter d'ailleurs qu'ironiquement Will Smith devait un temps jouer Néo, avant que le rôle ne revienne justement à Keanu Reeves.
Kathy Bates: L'actrice oscarisée campe ici un personnage inexistant dans le film de Robert Wise, la Secrétaire de la Défense des Etats-Unis. Si la logique peut laisser penser, comme le laisse entendre le réalisateur dans ses interviews, qu'en cas de visite extra-terrestre, c'est au secrétaire de la Défens et non au président de prendre le sujet en main, c'est surtout une excuse pour désavouer le comportement des militaires tout en laissant vierge de tout reproche le président. En gros, une position politiquement correcte, pour un film qui l'est tout autant. Son personnage sert aussi à concrétiser le danger humain, qui risquerait sinon de paraître par trop flou aux yeux des spectateurs (en tout cas aux yeux des spectateurs les plus inattentifs). Le personnage, à lui seul, représente ce que la race humaine peut faire de pire, un militaire qui tire avant de discuter, et en même temps qui "prouve" que seuls les américains sont capables de gérer une situation telle qu'une rencontre du troisième type. Le même problème était déjà flagrant dans l'original de 1951. Kathy Bates, présente seulement quinze jours sur le tournage, ne fut que très peu impliquée dans la singularisation de son personnage, ceci pouvant en partie expliquer pourquoi son jeu est très en deçà de à quoi elle nous avait habitué.
John Cleese: il remplace Sal Jaffe dans le rôle du scientifique amenant indirectement Klaatu à changer son point de vue sur l'avenir de la Terre. Si en 1951 l'image du scientifique ne pouvait que faire référence à Einstein, il n'en est plus de même en 2008. John Cleese incarnera donc une image plus moderne du scientifique. Le risque en engageant John Cleese était lié à son image de comique, qui risquait de gêner le public, dixit le réalisateur, mais s'est sans compter à la fois sur l'intelligence de ce même public et sur le talent de Cleese. L'acteur y est, comme toujours, excellent, et même s'il ne tient ici qu'un rôle de second plan, on se souvient de son personnage en sortant du film.
James Hong: ce second couteau, vu dans des centaines de films (littéralement), tient lui aussi un tout petit rôle dans le film, en fait le pendant E.T. du personnage de John Cleese, et tout comme pour l'ancien Monthy Python, on se souvient de se prestation. Et ce alors même que le personnage ne sert pour ainsi dire à rien.
 
le jour où la terre s'arrêta de Scott Derrickson

 
Bien sur, comme dans le film original, le cœur même de l'histoire n'est autre que le couple Klaatu/Gort. Ce dernier a d'ailleurs failli ne pas faire partie du film de Scott Derrickson, estimant dans un premier temps que le personnage ne servait à rien. Avant, fort heureusement, de changer d'avis. Car, sans Gort, les fans du film de Robert Wise, ainsi bien sur que de la nouvelle d'Harry Bates, auraient été extrêmement déçus (pour rappel, dans la nouvelle, le véritable chef de l'expédition n'est pas Klaatu, mais bel et bien Gort).
Gort, une fois son personnage réintégré à l'histoire, est passé par bien des aspects, souvent sans aucun rapport avec le Gort de 1951. Et encore une fois Scott Derrickson de finalement changer d'avis et revenir au look original, mais en version survitaminé. Il faut bien avouer que le Gort tel qu'il est montré dans le film de Robert Wise aurait bien du mal à représenter un danger mortel capable de détruire la terre de nos jours. Si dans les grande lignes, le Gort version 2008 et celui de 1951 se ressemblent, deux différences les distinguent: la taille tout d'abord, et ensuite le pouvoir de transformation de la nouvelle version, semblables aux nanorobots du Transfomers 2 de Michael Bay. Malheureusement, ce changement de pouvoirs a comme résultat de déshumaniser le personnage, et donc de le rendre aussi attachant d'un missile ou une bombe à retardement!
Le personnage de Klaatu aussi a connu plusieurs changements. Tout d'abord, de bienveillant dans le film de Robert Wise, il devient ici exécuteur des hautes œuvres, venu sur Terre pour la détruire. Mais si dans la version Robert Wise la présence de Klaatu s'expliquait (il vient pour prévenir les humains qu'ils représentent un danger pour sa civilisation et qu'ils doivent faire la paix s'ils veulent survivre), ici, la décision étant prise, sa présence est totalement inutile (il lui suffit en effet d'envoyer ses orbes récupérer plantes et animaux puis d'enclencher la solution finale/Gort). Discuter n'est donc pas à l'ordre du jour de ce Klaatu. D'un autre côté, pas de Klaatu, pas de film! Autre différence de taille, le choix d'engager une star, Keanu Reeves en l'occurrence, pour jouer l'extra-terrestre, là où Robert Wise avait sciemment choisi d'engager le pratiquement inconnu Michael Rennie. Pourquoi ce choix? Pour que le public se retrouve face à un visage nouveau, symbolisant justement l'inconnu (pour rappel Spencer Tracy fut un temps envisagé pour jouer Klaatu). D'ailleurs, le jour où la terre s'arrêta, version Scott Derrickson se vendra avant tout sur le nom de Keanu Reeves....
Presque un personnage en soi, le vaisseau spatial aussi a diamétralement changé. En 1951, il est on ne peut plus classique, ovni version Soucoupe Volante, typique de l'imagerie populaire des années 50. Un choix volontaire de la part de Robert Wise, qui jouait ainsi avec les attentes du public et la mythologie ovni (nous sommes alors en pleine folie OVNI, en particulier aux Etats-Unis). Le choix de représenter le vaisseau de Klaatu ainsi ne répond pas à choix esthétique mais bien à une attente du public (de plus Robert Wise lui-même croyait aux ovnis). Dans la nouvelle version le(s) vaisseau(x) ressemble(nt) à un orbe, sorte de Terre en minuscule, nuages et couleurs compris. Ce nouveau vaisseau est une indication de l'orientation écologiste du film et du personnage. Mais il y perd en force emblématique.
 
Keanu Reeves dans Le jour où la terre s'arrêta de Scott Derrickson

 
Thématiquement, les deux films sont très proches sur certains points, même s'ils divergent sur d'autres:
Pro-américanisme et échec de l'ONU: Si dans la version de 1951 Klaatu désire s'adresser à une ONU naissante (ce qu'il n'arrivera pas à faire), ici il n'en est pas question. C'est dire l'importance aux yeux des américains (ou tout du moins aux yeux du scénariste et du réalisateur) de cet organisme, seul à priori capable de gérer une rencontre telle que celle là.
Disparition de la peur atomique par celle de la catastrophe écologique. Le réalisateur le symbolise tout au long du film via l'usage d'une palette colorimétrique utilisant majoritairement les bleus, verts et bruns/oranges, à savoir les couleurs principales que l'on trouve dans la nature. Là encore, une différence de taille oppose les deux versions, à savoir que dans le film de 1951 il était possible de faire marche arrière. Ici, terrorisme écologiste oblige, l'humanité doit être détruite car elle n'est pas digne de vivre sur terre. Si ce n'était que l'idée de l'extra-terrestre cela ne serait pas gênant, mais le symbolisme est trop omniprésent pour ne pas représenter les idées du réalisateur. Une preuve: l'héroïne, pure en tout (y compris en élevant seule un enfant qui n'est pas le sien) roule en voiture hybride! Vouloir donner mauvaise conscience au spectateur est une bonne chose, mais à trop appuyer une idée elle en devient vite ridicule, quand bien même elle ne le serait pas à l'origine.
L'imagerie christique. Si Robert Wise n'avait pas noté le symbolisme dans l'histoire écrite par Edmund North (mais sans pour autant la renier), Scott Derrickson l'utilise de façon plus ouverte. Ainsi Klaatu passe d'Ange annonciateur de destruction, avec une imagerie typique de l'Ancien Testament, à celui de rédempteur, évidemment christique et central au Nouveau Testament. Après avoir incarné Siddhartha dans Little Buddha, Keanu Reeves revêt ici la défroque d'un autre symbole religieux. De plus, dans le film de Scott Derrickson les orbes jouent le rôle d'Arche de Noé, l'un des symboles christiques les plus reconnaissables qui soient.
 
Jennifer Connelly dans le jour où la terre s'arrêta de Scott Derrickson

 
Rares sont les remakes à pouvoir se hisser au niveau, voir à dépasser, les originaux. Ce n'est clairement pas le cas du film de Scott Derrickson, contrairement à des films comme l'invasion des profanateurs de Philip Kaufman (1978), remake du film éponyme de Jack Finney (1955), ou bien encore The Thing de John Carpenter (1982), remake de la chose d'un autre monde d'Howard Hawks et Christian Nyby de 1951.
 
Le Jour où la terre s'arrêta rapportera au box office mondial quelques 230 millions de $, et ce pour un budget de 80 millions de $. Un succès commercial à défaut d'être critique.
 
Si vous avez aimé Le Jour où la terre s'arrêta, vous aimerez aussi:
 
  Film Pourquoi
Le Jour où la terre s'arrêta Le Jour où la terre s'arrêta L'original, réalisé en 1951 par Robert Wise.
2012 2012 Parce que les deux films traitent de fin du monde et d'arche de Noé.
Prédictions Prédictions Pour ses extra-terrestres qui viennent sauver ce qu'ils peuvent d'une Terre sur le point de mourir
Cloverfield Cloverfield Parce que le climax des deux films se déroule à l'abri sous le même pont de Central Park
Contact Contact Pour l'analyse de l'impact sur la société d'une rencontre avec une civilisation extra-terrestre
 
 


 

Conclusion


 
Gort dans la version 2008 du jour où la terre s'arrêta

 
Etait-il nécessaire de tourner un remake du classique de Robert Wise? La réponse est clairement non. Cependant, il est vrai qu'à époque nouvelle, il est normal que de nouvelles questions quand à l'avenir de l'humanité se posent. Et le film de Scott Derrickson propose d'en aborder quelques unes, comme l'autodestruction écologique de la race humaine, ou bien encore la réponse à l'inconnu par la violence. Malheureusement, Scott Derrickson, contrairement à Robert Wise, se tourne vite vers les effets spectaculaires et l'Entertainment au détriment des questions de fond. Résultat, un film certes réussi visuellement, mais creux et sans portée aucune, et qui n'arrive en aucun cas à supporter la comparaison avec l'original.
Le film se veut critique envers l'homme, ainsi qu'envers les Etats-Unis, mais, dans un désir de plaire aux plus nombreux (audience oblige), aboutit à un résultat on ne peut plus consensuel, où seuls les militaires sont montrés du doigt (et encore, bien souvent pour leur bêtise plus que pour autre chose). Un résultat très éloigné de la critique du film de Robert Wise, les deux films ne se ressemblant que dans leur vision de l'Amérique dominante parce que seule capable d'intéresser une intelligence extra-terrestre.

 


 
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