retour à la page d'accueil

Retour à la section dédiée au cinéma.



 

District 9

Affiche du film

 


 

Titre original

District 9

Synopsis

Des extraterrestres réfugiés sur la Terre depuis près de 30 ans deviennent un problème international explosif. Parqués dans le District 9, leur destin est entre les mains d'une multinationale, le MNU, qui s'intéresse à leur extraordinaire armement qui ne fonctionne qu'avec de l'ADN extraterrestre. Wikus, un agent de terrain du MNU, contracte un mystérieux virus qui se met à modifier son ADN. Cet homme qui permettrait de déchiffrer la technologie alien devient l'individu le plus recherché. Repoussé, isolé, sans aide ni amis, il ne lui reste qu'un seul endroit où se cacher : le District 9...

Genre

Science-Fiction

Année de production

2009

U.S.A. Nouvelle-Zélande

Date de sortie en France

16 septembre 2009

Réalisateur

Neill Blomkamp

Musique

Clinton Shorter

 
 

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Sharlto Copley
Sharlto Copley Wikus Van De Merwe
David James
David James Koobus Venter
Jason Cope
Jason Cope Grey Bradnam / Christopher Johnson
Nathalie Boltt
Nathalie Boltt Sarah Livingstone
Eugene Khumbanyiwa
Eugene Khumbanyiwa Obesandjo
John Sumner Les Feldman
Jed Brophy James Hope
Vanessa Haywood Tania Van De Merwe
Tim Gordon Clive Henderson
Greg Melvill-Smith Un journaliste
Bongo Mbutuma Un gangster nigerian
Trevor Coppola Un mercenaire du MNU
David Dukas Un mercenaire du MNU
Anthony Bishop Un médecin
Alan Glauber Un docteur
David Clatworthy Un docteur

 


 

Nominations

Saturn Award Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films
Catégorie
Année
Bénéficiaire
meilleur DVD2010 
meilleur réalisateur2010Neill Blomkamp
meilleur film étranger2010 
meilleurs maquillages2010Joe Dunckley, Sarah Rubano, Frances Richardson
meilleure production artistique2010Philip Ivey
meilleurs effets visuels2010Dan Kaufman, Peter Muyzers, Robert Habros, Matt Aitken
Meilleur scénario2010Neill Blomkamp et Terri Tatchell

 
B.A.F.T.A. B.A.F.T.A.
Catégorie
Année
Bénéficiaire
Meilleure photographie2010Trent Opaloch
Meilleur réalisateur2010Neill Blomkamp
Meilleur montage2010Julian Clarke
meilleure production artistique2010Philip Ivey et Guy Potgieter
Meilleur scénario adapté2010Neill Blomkamp et Terri Tatchell
Meilleur son2010Brent Burge, Chris Ward, Dave Whitehead, Michael Hedges, Ken Saville
Meilleurs effets visuels2010Dan Kaufman, Peter Muyzers, Robert Habros, Matt Aitken

 
Golden Globe Golden Globes
catégorie
Année
Gagnant
Meilleur scénario2010Neill Blomkamp et Terri Tatchell

 
Oscar Oscar
Catégorie
Année
Bénéficiaire
Meilleur montage2010Julian Clarke
Meilleurs effets visuels2010Dan Kaufman, Peter Muyzers, Robert Habros, Matt Aitken
Meilleur film2010Peter Jackson et Carolynne Cunningham
Meilleur scénario adapté2010Neill Blomkamp et Terri Tatchell

 

 

Critique du Film

Note :
 
 
Une amitié de facade dans District 9

 
Martiens, go home!

 
En théorie, District 9 n'aurait jamais du voir le jour. Tout d'abord parce que son réalisateur, Neill Blomkamp, avait déjà tourné une version court-métrage de son histoire, nommée Alive in Joburg. Ensuite, parce que l'argent finalement mis dans le film était initialement prévu à autre chose, en l'occurrence le tournage de l'adaptation cinématographique du jeu vidéo Halo. Mais étant donné les difficultés de portage du jeu, le projet dut être annulé, et le producteur, un certain Peter Jackson, accompagné comme toujours par sa femme Fran Walsh, proposa au jeune cinéaste d'utiliser la somme prévue pour financer Halo, à savoir 30 millions de $, pour transformer son court en long-métrage.
Contrairement à une grande majorité de cas où une star se voit associée à un "petit" film, servant en fait uniquement de tremplin médiatique au film, Peter Jackson s'est réellement impliqué dans District 9. En tant que véritable producteur, tout d'abord, et ensuite, en tant que conseil auprès du jeune Neill Blomkamp, du vieux brisquard au jeune loup. En particulier sur la partie montage, compliquée de part le mode de tournage même du film, Peter Jackson ayant aidé à monter les premières minutes du film, afin de lancer la machine, en quelque sorte. Il faut dire que le film est tourné en partie comme un documentaire (un mocumentaire plutôt), et en partie comme un film classique. La difficulté est double: raconter une histoire cohérente au travers de ses images disparates (on passe d'un noir et blanc de caméra de surveillance en basse définition à un scope cinéma plein écran, en passant par des images tournés en caméras portées et autres fantaisies visuelles), et aussi garantir une certaine continuité dans des images qui n'en ont pas définition aucune. Neill Blomkamp a la réputation d'être un petit génie de l'image, et il le prouve avec district 9.
Au final, avec ses 200 millions de $ de recettes, District 9 sera l'un des films indépendants les plus rentables de l'année. Un film qui plus est globalement salué par tous, aussi bien critiques que spectateurs.
 
Sharlto Copley face aux aliens de District 9

 
Si District 9 est une expérience visuelle originale, elle n'en rappelle pas moins d'autres grands classiques du cinéma de genre. D'un point de vue thématique, on y retrouve un petit côté Futur immédiat, Los Angeles 1991, où des extra-terrestres débarquent sur Terre et se mêlent à la population humaine sans qu'aucune guerre n'éclate. Neill Blomkamp aura de même bien du mal à cacher l'influence du Robocop de Paul Verhoeven sur son film. On retrouve aussi une forte dose d'Aliens, à la fois dans l'utilisation de méchas (l'une des grandes réussites de District 9) et dans la gestion de la technologie spatiale (les couloirs des vaisseaux spatiaux des deux films se ressemblent beaucoup dans leur moiteur et leur conception).
Mais ce qui frappe le plus c'est les points communs entre District 9 et un autre film de James Cameron, à savoir Avatar. Si la bombe du père de Titanic ne sortira sur les écrans que plusieurs mois après de le film de Neill Blomkamp, son tournage quand à lui est déjà terminé depuis quelques temps quand débute le tournage de District 9. Preuve en est, lorsque Neill Blomkamp voudra faire appel à Weta Digital pour créer et animer ses extra-terrestres, la société (pourtant crée par Peter Jackson) sera obligée de décliner l'offre, puisque travaillant pratiquement à temps plein sur la postproduction du film de Cameron. Les deux films ont en commun l'utilisation jouissive de méchas (les fans d'animation japonaise attendaient depuis des années un mécha en live, l'année 2009 leur en donnera deux); la confrontation entre des humains et une civilisation extra-terrestre non belliqueuse (ce qui ne veut pas dire non armée), les humaines cherchant à obtenir les ressources E.T. (un minerai chez Cameron, des armes chez Blomkamp); un méchant colonel militaire prenant plaisir à tuer de l'alien; ....
On trouve aussi dans District 9 du [REC]. Bien entendu dans l'utilisation de caméras façon documentaire, la caméra étant dans les deux cas un personnage à part entière. Mais surtout dans la façon de traiter leur héros. Dans les deux films, le héros nous est décrit comme quelqu'un de plutôt stupide (et méchant chez Neill Blomkamp), pour finalement évoluer au fil du film, et devenir de plus en plus humain et attachant, avec comme conclusion dans les deux cas d'à priori finir contaminé (transformé en alien dans un cas et en zombie dans l'autre, et ce même si [REC 2] viendra faire mentir la fin de [REC]).
Aliens, Avatar, Robocop, [REC], il y a pire parentés pour un film! Surtout que District 9 n'a pas à rougir de ses influences.
 
Un mecha dans le District 9 de Neill Blomkamp

 
Le but avoué du cinéaste avec District 9 est de distraire le public, pas de faire un film où polémique et politique viennent prendre le dessus sur le spectacle. Il n'empêche que Neill Blomkamp ne fait pas du Roland Emmerich (ou du Michael Bay), son film ayant un niveau de lecture dépassant le simple premier degré. En effet, impossible de ne pas penser à l'histoire de l'Afrique du Sud, où se déroule le film, et de son noir passé l'apartheid; les E.T. remplaçant les noirs, la xénophobie extraterrestre le racisme. Le film se veut une antithèse du blockbuster à la ID-4, avec des extraterrestres ne choisissant pas pour une fois les Etats-Unis comme lieu d'atterrissage et, plus important encore, ne se présentant pas en position de force, mais sous la forme de boat-people, à la merci peu scrupuleux, et qui n'ont pas le beau rôle. Sous le couvert d'obéir à de surpuissantes multinationales, capables de faire plier des nations, les hommes se livrent aux pire exactions sur les extra-terrestres, de l'esclavage en passant par le meurtre et les expériences. Ainsi, pratiquement tous les humains du film sont de véritables ordures: Wikus traite les E.T. comme des animaux, Koobus prend du plaisir à les tuer, le beau-père de Wikus sacrifie sous gendre sur l'autel du pouvoir, les scientifiques se livrent à des expériences dignes des pires tortionnaires, les nigérians tuent, volent, trafiquent et mangent mêmes les E.T. Même Tania, la femme de Wikus, ferme les yeux sur ce qui se passe au pied de chez elle, dans la mesure où cela ne gêne pas son petit train de vie confortable. En comparaison, les E.T. sont bien plus humains...
D'ailleurs, Wikus, le héros du film, commence l'histoire sous le forme d'une ordure ordinaire, petit bureaucrate raciste, pleutre, d'une stupidité malheureusement affreusement classique, pour se transformer au fil de l'histoire, au fur et à mesure que son ADN se mêle à celui extra-terrestre, devenant d'heure en heure plus "humain", prenant conscience des autres, de la bêtise de son comportement, et allant même jusqu'à devenir héroïque sur la fin (mais est-ce encore Wikus l'humain qui agit, ou bien est-ce déjà Wikus l'extra-terrestre? De plus agit-il par bonté, ou bien parce qu'il sait que seul Christopher Johnson peut encore quelque chose pour lui?). Bref, un héros à l'opposé absolu des archétypes du blockbuster américain.

 
Sharlto Copley dans District 9, de Neill Blomkamp   les crevettes, aliens de District 9 de Neill Blomkamp

 
District 9 se distingue aussi des classiques Blockbusters américains par un budget très modeste (30 millions de $, quand ses concurrents directs, comme par exemple G.I. Joe, sorti à la même période, coute 175 millions de $), ainsi que par l'absence de stars, voir même d'acteurs confirmés. Ainsi, la vedette du film, Sharlto Copley, était avant la sortie de ce film un parfait inconnu, y compris dans son pays, l'Afrique Du Sud. Ami du cinéaste, l'acteur était auparavant apparu dans le court Alive in Joburg, et n'avait que de vagues prétentions quand à une éventuelle carrière en tant qu'acteur, et ce malgré un véritable talent d'improvisation. En effet, tous les dialogues des scènes typées reportage du film ont étés improvisées par l'acteur (et par son pendant extra-terrestre, Jason Cope). Sharlto Copley a vu grâce à ce film sa position vis à vis de son métier totalement changer, puisqu'Hollywood lui a fait des avances qu'il est difficile de refuser, comme par exemple tenir l'un des premiers rôles dans un blockbuster, et ce aux côtés de Liam Neeson, à savoir l'adaptation sur grand écran de la série T.V. l'agence tout-risque.
En dehors de Sharlto Copley on retrouve, à la fois dans le rôle de tous les extra-terrestre (en dehors du fils de Christopher Johnson, quand à lui totalement en CGI), l'acteur Jason Cope. Il est en quelque sorte le Andy Serkis de District 9, les techniques de remplacement numérique utilisées étant par ailleurs les mêmes. Et dans le rôle du méchant soldat, pendant africain du Stephen Lang d'Avatar, encore un inconnu: David James.
Et tous s'en sortent avec les honneurs!
 
David James et le réalisateur Neill Blomkamp sur le tournage de District 9

 
District 9 peut être considéré comme le premier film de science-fiction tiers-mondiste, décrivant une Terre que l'on n'a pas l'habitude de voir dans ce genre de film, à savoir un monde de bidonvilles, sans américains sauveurs et protecteurs. Ici, ce sont les milices armées qui font la loi (une triste spécialité de l'Afrique du Sud), ce sont des armements et véhicules sud-africains qui sont mis en avant (cela change des sempiternels avions de chasse américains, G.I. de l'Oncle Sam, et autres produits militaires made in U.S.A.), mais aussi et surtout le choc des cultures se déroule dans des bidonvilles, et non dans des villes ultramodernes. Le tournage a d'ailleurs eu lieu dans un véritable bidonville de Johannesburg, avec ce que cela implique d'insalubrités et de dangers quotidiens (par exemple, les nombreuses carcasses d'animaux que l'on peut voir dans le film sont toutes des vraies, ramassées sur les lieux mêmes du tournage).
Cela a comme conséquence d'offrir un spectacle inédit, loin des poncifs d'un genre fagocité par les studios américains.
 
Si vous avez aimé District 9, vous aimerez aussi:
 
  Film Pourquoi
Futur immédiat, Los Angeles 1991 Futur immédiat, Los Angeles 1991 Pour ces extra-terrestres traités comme une simple minorité à exploiter
[REC] [REC] Parce que les deux films sont tournés en caméra suggestive, et surtout que de personnages plutôt pathétique au début, le principal protagoniste subira le même basculement empathique (y compris physique) au cours du film
 
 


 

Conclusion

District 9 est l'alternative africaine aux blockbusters hollywoodiens, là où Le Seigneur des anneaux était l'alternative néo-zélandais à ces mêmes blockbusters. Et retrouver Peter Jackson dans les deux cas (dans le premier comme producteur, et dans le second, bien entendu, comme réalisateur) n'a rien d'étonnant.
De ce point de vue là, le film est une échappatoire bienvenue à un monopole américain pratiquement impossible à casser (des films comme le cinquième élément, blockbuster de SF -à moitié- française sont des exceptions). Et le spectateur de ne pas s'y tromper, puisque le film a connu une carrière plus que satisfaisante, faisant pratiquement l'unanimité du côté de ses spectateurs (ce que ne peut pas se vanter un Transformers 2 par exemple).
Si le film est avant tout un pur divertissement, il n'en est pas moins possible de l'analyser sous l'angle de la satire sociale, tant le parallèle avec la situation en Afrique du Sud est évident. Neill Blomkamp ne voulait pas en faire un film politique, mais en même temps, il est impossible de passer sous silence l'histoire (et malheureusement le présent) d'un pays qui, peu de gens le savent, est aujourd'hui la première puissance économique du continent africain. District 9 permet aussi de faire découvrir sous le couvert de la fiction la ville de Johannesburg, une ville de près de 4 millions d'habitants, une ville où se côtoie richesse et pauvreté extrême, et que le film de Neill Blomkamp montre très bien.
 
Mare de Michael Bay, de Roland Emmerich et de leur cinéma de propagande pro-américaine? Alors District 9 est fait pour vous!

 
Sharlto Copley dans District 9

 

 


 
retour à la page d'accueil