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In Tenebris


 


 
In tenebris, chez Pocket

Auteur

Maxim Chattam

 

Genre

Policier
 

Année de sortie

2002
 

Résumé

Chaque année, des dizaines de personnes disparaissent à New York dans des circonstances étranges. La plupart d'entre elles ne sont jamais retrouvées. Julia, elle, est découverte vivante, scalpée, entre autres sévices, et prétend s'être enfuie de l'Enfer. On pourrait croire à un acte isolé s'il n'y avait ces photos, toutes ces photos...
Annabel O'Donnel jeune détective à Brooklyn prend l'enquête en main, aidée par Joshua Brolin, spécialiste des tueurs en série. Quel monstre se cache dans les rues enneigées de la ville? Et si Julia avait raison, si c'était le diable lui-même ? Ce mystère, ce rituel... Dans une atmosphère apocalyptique, Joshua et Annabel vont bientôt découvrir une porte, un passage... dans les ténèbres.
 

 


 

Avis

Note :
 
Deuxième tome des aventures de Joshua Brolin, après l'âme du mal, du romancier français Maxime Chattam, In Tenebris nous plonge une nouvelle fois dans les méandres de la folie des tueurs en série. Même s'ils sont américains (malheureusement U.S.A. et serials killers ont toujours fait bon ménage), la folie, elle, est universelle.
Devenu détective privé suite à ses précédentes aventures, Brolin enquête sur la disparition d'une jeune fille, tandis que l'inspectrice Annabel O'Donnel, elle, s'intéresse à une jeune femme, retrouvée nue et scalpée à New-York. Les destins des deux protagonistes, ainsi que leurs enquêtes, vont se retrouvées étroitement liées. Une nouvelle fois, Brolin va se retrouver face à une association de criminels psychopathes (comme si un tueur en série ne suffisait pas!). Les clubs de tueurs en série semblent intéresser les auteurs français, puisque son homologue ch'timi Franck Thilliez aborde lui aussi le sujet à très peu d'années d'intervalle (l'excellent la mémoire fantôme, suite de la chambre des morts récemment porté au grand écran). Maxime Chattam, quand à lui, avait déjà traité le sujet dans l'âme du mal. Il faut cependant reconnaître que l'histoire fonctionne mieux dans In Tenebris que dans le premier tome.
Les points communs avec Franck Thilliez ne s'arrêtent pas là. En dehors de leur nationalité, des sujets abordés (les serials killers), de leur style à l'efficacité redoutable, les deux auteurs citent volontairement leurs influences majeures, et celles-ci sont en grande partie identiques. En effet, en lisant les deux auteurs, on ne peut pas ne pas penser à la référence absolue dans le genre, Thomas Harris, et bien évidemment à son personnage le plus connu, Hannibal Lecter. Le cinéma, en particulier américain, joue aussi un rôle prépondérant dans l'oeuvre des deux auteurs. Mais les deux auteurs citent aussi, l'un de In Tenebris, l'autre dans Deuil de miel, l'un des auteurs majeurs de la littérature français, Victor Hugo, tous les deux au travers de la même imagerie: la cour des miracles. L'usage qu'ils en font est là aussi pratiquement identique. Etrange, non?
Par contre Maxime Chattam s'éloigne de son homologue Franck Thilliez en citant Shakespeare, au travers du personnage de Caliban (d'ailleurs les héros du roman ont beaucoup de mal à faire le rapprochement, ce qui pour des anglo-saxons est un petit peu étonnant, surtout que l'un est censé être un fan de théâtre). Cette référence le fait plus se rapprocher de l'auteur américain Dan Simmons, qui s'est lui aussi lancé dans le policier récemment, et qui cite à travers son oeuvre bien souvent le dramaturge anglais. Le personnage de Caliban, central dans In Tenebris, l'est aussi chez Dan Simmons dans sa saga de science-fiction Ilium.
Maxime Chattam est en tout cas toujours aussi précis et documenté sur les techniques d'investigation de la police scientifique, ainsi que sur la psychologie des tueurs en série, ce qui donne à ses romans un réalisme qui est loin d'être déplaisant.
Le défaut majeur de l'auteur est d'avoir du mal à éviter la redite. Tout d'abord le style, et plus particulièrement le déroulement du récit, strictement similaire à l'âme du mal (plus précisément dans la façon de passer d'un chapitre sur Brolin, puis un chapitre sur la fille l'accompagnant). Ensuite les événements de l'histoire (Brolin qui se retrouve à devoir sauver la fille au dernier moment, celle-ci étant bien entendu aux prises avec le tueur en série).
L'auteur a, comme de très nombreux auteurs de polars (la grande majorité même), la fâcheuse tendance à sombrer dans le syndrome du whodunit, la faute à la reine du genre, Agatha Christie, que tout auteur de policier vénère forcément. L'avantage de ce genre de récit, c'est de créer un suspens, lié à un retournement de situation de dernière minute, relançant ainsi toute la dramaturgie de l'histoire. Le défaut, majeur, c'est de très souvent sombrer dans l'irréalisme total. En effet, dans la majorité des cas, le tueur est un proche du personnage principal. Les chances que cela se produisent réellement sont tellement faibles, surtout que le tueur aide souvent le héros, que le lecteur n'y croit pas. Dans In Tenebris, nous sommes à la limite du réalisme. Cela aurait pu passer si la découverte de l'identité de l'assassin ne se produisait pas au moment juste où ce dernier décide de passer à l'acte. Découverte effectuée par les deux héros, au même moment, à deux endroits différents. Ajoutons à cela la longue explication du tueur sur ses raisons d'agir, ridicule au possible (on se croirait dans un James Bond), et on comprendra pourquoi la fin du roman peut paraître bâclée au lecteur habitué au genre.
Heureusement que l'auteur est habile dans sa narration, et In Tenebris s'en sort finalement plutôt bien.
 
Ceux qui ont aimé le roman de Maxime Chattam pourront sans risque se plonger dans les romans de Franck Thilliez, ou bien encore dans des films comme Vorace.
 
Joshua Brolin sera de retour dans le dernier volume de la trilogie, Maléfices.