Second roman de son auteur,
Maxime Chattam,
l'âme du mal oscile entre grande
réussite et poncifs du genre éculés.
Mené par un style incisif, en cela très inspiré de la méthode américaine, et en particulier dans le genre du policier,
à base de chapitre court, de rebondissements toutes les 10 pages, ainsi que d'un style littéraire volontairement dépouillé, le
roman se laisse dévorer par le lecteur, absorbé par cette enquête policière à la frontière du paranormal. Les
connaissances de l'auteur en criminologie et forensiques est un plus énorme pour le roman, qui devient grâce à tous les détails
d'enquêtes que distille
Maxime Chattam diaboliquement crédible. Ajoutons à
cela que l'auteur situe son histoire à Portland, lieu dans lequel il a vécu, et on comprendra aisément pourquoi l'ambiance du roman est
aussi bien rendue. Le problème de ce roman n'est pas à chercher de ce côté, bien au contraire. Le principal défaut se
trouve au niveau des personnages principaux, l'inspecteur Brolin et Juliette en particulier, qui ont la fâcheuse tendance à apparaître comme
étant trop stéréotypée, leur comportement étant par trop prévisible (et déjà vu dans au moins
un million de romans ou films traitant du sujet). Dommage... La faute sans doute à la jeunesse de l'auteur.
On trouve les inspirations principales de l'auteur dans ce roman, avec bien entendu les grands noms du policier américain,
Thomas Harris en
particulier, mais aussi ses influences dans le fantastique, avec
H.P. Lovecraft. Hommage qui est
clairement identifiable au travers des livres interdits que l'on croise dans
l'âme du mal, le nécronomicon en tête, mais aussi
l'Unausprelichen kulten, et autres inventions du reclus de Providence présents dans le livre. La présence de ses livres fait aussi
référence à des auteurs, toujours américains, comme
Robert Bloch par exemple, qui eux aussi jouaient énormément
avec les livres maudits chers à
Lovecraft, leur donnant de part leur présence chez
tous ses auteurs, une sorte de reconnaissance et de réalité, et présentant les auteurs comme faisant partie d'une grande famille.
Maxime Chattam a de ce point de vue là eu une riche idée, même si les fans
purs de policier risquent de passer à côté de la référence, qui a aussi pour but de faire douter le lecteur quand au
côté fantastique de l'histoire.
En résumé, ce roman est en demi-teinte, passionnant par certains côtés, et limite agaçants par d'autres. Fort heureusement,
l'histoire est suffisamment attrayante (et on sent que son auteur y croit) pour que l'on oublie les quelques défauts de ce second roman.
Maxime Chattam est un auteur à suivre, aucun doute là dessus.
Les aventures de l'inspecteur Brolin se poursuivent dans
In Tenebris.