Suite de
La chambre des morts, même si les deux romans peuvent se lire
indépendamment,
la mémoire fantôme met donc de nouveau en scène l'inspectrice Lucie Henebelle, encore une fois face
à un dangereux serial killer. Le lecteur retrouve avec plaisir ce personnage de jeune mère célibataire, en proie à ses
démons intérieurs, au lourd secret (que le lecteur ignore. Sera-t-il percé dans
la mémoire fantôme?).
Quoique faisant suite (et référence) aux précédentes aventures de la policière, le dernier roman en date de
l'écrivain
Franck Thilliez part dans une toute autre direction. Il n'est plus
question de tortures d'animaux (enfin à peine...), ni de sadomasochisme (l'auteur a sans doute fait le tour du sujet). Cependant, point commun
entre tous les romans de l'auteur, y compris
Train d'enfer pour Ange Rouge
et sa suite directe
Deuil de miel, l'influence du cinéma américain est
toujours omniprésente. Cette fois-ci cependant, la principale inspiration n'est plus
Le silence des agneaux mais plutôt des films
aussi disparates que
le cercle des poètes disparus de
Peter Weir,
Memento de
Christopher Nolan,
Panic Room de
David Fincher ou bien encore la saga
Stas Wars de
George Lucas (le nom du roman n'est pas sans rappeler
la menace fantôme). De bien étranges influences pour un policier, mais la talent de l'auteur fait tenir les morceaux ensemble de
façon convaincante.
Le personnage central de cette enquête est une jeune amnésique, ne pouvant se souvenir des événements venant de se
dérouler, à l'instar de
Guy Pearce dans
Memento, venant de se faire séquestrer. Difficile d'avancer alors que le seul
témoin de l'histoire ne se souvient même pas d'avoir commencé une conversation avec vous... Le ressort dramatique est évidemment
riche en suspens et rebondissement, menant facilement à de fausses pistes et autres impasses.
L'enquête est menée tambour battant, toujours sur les chapeaux de roue, et met en scène, comme toujours chez
Franck Thilliez, des personnages sur le fil, à la limite de sombrer du
côté obscur. Lorsque l'on sait que ces personnages sont la plupart du temps des policiers, cela donne une idée de l'ambiance
lourde et glauque que véhiculent les romans de l'auteur.
La mémoire fantôme montre l'exemple dans le genre, aucune scène
ne se passant au grand jour. Noir, ténèbres, intempéries sont les maîtres mots de ce récit.
Faisant preuve d'une certaine originalité dans le climax (même si la clé de l'énigme est par trop improbable pour être
plausible dans le monde réel), l'auteur peut facilement tromper même le lecteur aguerri aux romans policiers. Le suspens est vraiment de
bonne qualité ici, et ne sent pas trop le retournement de situation forcé par les poncifs du genre, et ce même si le roman
n'évite pas le piège du whodunit. Comme c'est fait ici avec talent, cela passe très bien, bien mieux que dans
La chambre des morts.
Encore un très bon roman à l'actif d'un auteur décidemment talentueux.