
Troisième et dernier épisode de se trilogie du mal, commencée avec
l'âme du mal, puis continuée avec
In Tenebris,
Maléfices conclue donc les aventures de Joshua Brolin,
luttant toujours contre des tueurs en série retors et diablement machiavéliques. Comme dans les précédents épisodes,
et plus particulièrement
In Tenebris,
Maxime Chattam flirte avec le fantastique sans jamais toujours tout à fait y toucher,
cherchant à entraîner son lecteur vers de fausses pistes dans lequel le surnaturel prendrait le pas sur le mode réel. Ainsi, dans
les deux derniers épisodes, il est directement fait allusion aux zombis, et ce par différents stratagèmes. Tout d'abord, en les
citant directement (dans
Maléfices); puis au travers de la poudre vaudou (toujours dans
Maléfices); ensuite, au travers de
la grand-mère d'Annabelle, maîtresse vaudou (
In Tenebris); enfin de
façon plus subtile via de nombreuses références au cinéma de
George Romero, et plus particulièrement à
son film
zombis (dans les deux romans, les tueurs en série s'en prennent à la société de consommation, symbole de
la zombification des gens); enfin, dans
In Tenebris le tueur cannibale Caliban fait
directement penser aux créatures mangeuses de chair de
George Romero.
En dehors de cette référence appuyée, l'oeuvre de
Maxime Chattam est
truffée de références cinéphiliques, de
Se7en au
silence des agneaux, en passant par de nombreuses séries
B, et autres films fantastiques et d'horreur. Comme son pair
Franck Thilliez. Il semblerait
étrangement que les auteurs français soient plus inspirés par le cinéma que par l'art dans lequel ils opèrent, à
savoir la littérature.
Une autre oeuvre cinématographique apparait en filigrane dans la
trilogie du mal, il s'agit de
Requiem for a dream, du
réalisateur américain
Darren Aronofsky (lui même tiré du roman
Retour à Brooklyn d'
Hubert Selby).
Bien que les sujets soient à priori totalement différents, la construction même des deux oeuvres tend à les rapprocher et
à les comparer. En effet, les deux oeuvres sont conçues en trois chapitres, l'automne, l'hiver et le printemps pour
Maxime Chattam, et le film été, automne, et hiver, chaque chapitre montrant
l'évolution des protagonistes principaux. Tandis que le film de
Darren Aronofsky sombre de plus en plus dans la noirceur, la trilogie
de l'écrivain français au contraire s'ouvre de plus en plus vers l'espoir (même si cela n'est pas forcément évident
à première vue). En effet, chez l'auteur français, les deux héros principaux, Brolin et Annabel, vont arriver à
surmonter leurs propres démons, et finalement un avenir s'ouvrira pour eux, permettant espérer un avenir meilleur, au contraire du chef d'oeuvre
du réalisateur New-Yorkais.
L'histoire de ce dernier tome, bien mieux maitrisée par l'auteur que les précédents, prouve que celui-ci a progressé en termes
de technique littéraires, faisant ainsi disparaitre les effets trop visibles des deux premiers volumes (découpage des chapitres entre les
deux protagonistes à raison d'un chapitre chacun, rebondissements souvent attendus par le lecteur,...). En nous plongeant directement dans le vif
du sujet (une autopsie qui tourne mal),
Maxime Chattam fait comprendre à son
public que les choses sérieuses commencent. Surtout qu'il arrive à maintenir son lecteur attentif et passionné tout le long du roman.
Sa grande force, ses connaissances des techniques d'autopsie et de techniques d'investigations policières, est finement utilisée, et
permet à l'auteur de se hisser au niveau des meilleurs romans policiers américains (son style étant typiquement américain,
bien loin de la version française du roman policier). Voir même d'en dépasser la plupart. Ses descriptions d'autopsie sont d'une
précision diaboliquement efficace, relançant le suspens à chaque fois de façon habile. Ajoutons à cela un saupoudrage de
fausses pistes habillement disséminées (et la plupart du temps prenant le lecteur totalement par surprise), et l'on comprend pourquoi
Maléfices est de loin le meilleur épisode de la trilogie.
S'il n'avait pas tendance à créer des meurtres trop cinématographiques pour être réalistes (mais par contre marquant
l'imagination du lecteur de façon grandiose),
Maxime Chattam serait sans aucun
doute l'un des meilleurs auteurs du genre, et pas seulement l'auteur du moment risquant de passer de mode à tout instant. Souhaitons-lui de durer
le plus longtemps possible, il en a le talent!
Plongez-vous sans hésiter dans
la trilogie du mal, les trois livres pouvant se lire séparément sans aucun problème.