La Pottermania est à son comble en ce milieu de décennie, porté non seulement par les livres, mais aussi par les films. Le précédent volume,
Harry Potter et l'Ordre du phénix, date de 2003, et les fans n'en peuvent plus d'attendre les
nouvelles aventures du petit sorcier. Et il est très difficile pour son auteur,
J.K. Rowling de protéger ses
secrets. Ainsi, des fuites annoncent la mort de Dumbledore dans ce roman alors même que le roman est sous presse. Ces fuites viennent d'ailleurs sans aucun doute du lieu
même où sont imprimés les romans, à savoir à Bungay, en Angleterre. Après quelques démentis la course aux pronostics (une
spécialité britannique) est relancée: Un proche de Harry va-t-il mourir dans cet épisode? Et surtout, lequel?
Après cette première fuite, une seconde mésaventure advient, cette fois-ci au Canada. Un magasin vend en effet quatorze par inadvertance copies
d'
Harry Potter et le prince de sang-mêlé avant la date officielle de sortie du roman. La Cour Suprême ordonne alors aux acheteurs de ne pas lire le roman
avant la date officielle, et pour les pousser à ne pas craquer l'éditeur leur propose en échange du retour de leur exemplaire un Tee-shirt Harry Potter ainsi qu'une
dédicace. Même si ces histoires peuvent faire sourire (après tout il ne s'agit que d'un roman), cela montre l'ampleur de la Pottermania à travers le monde.
D'ailleurs tous ces déboires n'auront aucun impact sur les ventes, bien au contraire, puisque le Livre Guinness des Records classe
Harry Potter et le prince de sang-mêlé comme étant le livre le plus vendu de l'Histoire, ni plus ni moins (avec 800 000 exemplaires vendus en seulement
24 heures).
Mais qu'en est-il de l'histoire? Et surtout, le livre tient-il toutes ses promesses?
Après deux chapitres où le lecteur s'éloigne de la vision centrée sur Harry Potter, ce qui avait été une règle inviolée dans
tous les précédents romans (mis à part une exception au premier chapitre du roman précédent,
Harry Potter et l'Ordre du phénix, où l'on suivait la mise à mort d'un Moldu par
Voldemort, mais même là Harry Potter en savait autant que le lecteur puisqu'il voyait la scène dans ses rêves), le déroulement du récit retrouve
sa forme habituelle. Si ce changement de personnage de point de vue peut sembler à priori sans importance, il n'en est en fait rien. Dans le premier chapitre, le personnage de
point de vue n'est autre que le Premier Ministre, qui se retrouve confronté au monde des sorciers et à la terrible menace que représente Voldemort,
présentant en même temps au lecteur le nouveau ministre de la magie, Rufus Scrimgeour. Ce chapitre a pour but principal de montrer que Voldemort ne met pas seulement en
péril le monde caché des sorciers mais bel et bien le monde entier. Le second chapitre, quand à lui, suit le professeur Rogue, qui se voit contraint à
sceller un pacte avec Narcissa Malefoy, Drago Malefoy et Bellatrix Lestrange. Ce chapitre est très important, pour ne pas dire primordial, pour comprendre la suite des
événements de ce volume. Tout d'abord, le lecteur sera mieux à même de comprendre les agissements de Drago au fil du roman, bien mieux qu'Harry Potter et
ses amis, d'ailleurs. Ensuite, il sera plus aisé pour le lecteur (surtout le jeune lecteur) de comprendre pourquoi, à la toute fin, Harry Potter se mettra à
ressentir de la compassion pour l'un de ses pires ennemis. Enfin, le lecteur aura un éclairage différent de celui d'Harry Potter (et des autres sorciers) sur le
comportement et l'acte irréversible que fera le professeur Rogue.
En effet, s'il est un personnage de la saga d'Harry Potter qui mérite que l'on s'y intéresse, c'est bien Severus Rogue. Personnage trouble, dont les agissements sont bien
souvent à double sens (quoi de plus normal pour un agent double), le professeur le plus haï par Harry Potter est sans doute le seul à ne pas être
clairement identifié comme faisant partie du camp des gentils ou de celui des méchants. Membre à la foi de l'Ordre du Phénix et des Mangemorts, ces
agissements ont du mal à être compris par son entourage, et en particulier par Harry Potter. Le meurtre de la seule personne en qui il avait confiance, Albus Dumbledore,
est sans aucun doute le plus important de la saga jusqu'à présent. A-t-il agi de sa propre volonté? Etait-il sous l'influence du Serment Inviolable? A-t-il
oeuvré dans le but de rester proche de Voldemort? La fin du roman laisse la part belle aux interrogations. Interrogations que n'a pas Harry Potter, qui jure de
se venger de son ancien professeur de potions, devenu professeur contre les forces du mal cette année. Et pourtant, que serait devenu Harry Potter si Rogue n'avait pas
été là jusqu'à présent? Y compris cette année, Rogue faisant de lui le meilleur élève en potions de Poudlard, bien contre le
gré des deux protagonistes, cependant.
Le problème de ce roman, c'est qu'entre ce second chapitre et le chapitre 27 (chapitre où tout bascule), il faut bien avouer qu'il ne se passe pas grand chose, et ce
même si le style facile à lire de
J.K. Rowling fait que le lecteur ne s'en rend pas trop compte. En effet, mis
à part deux tentatives avortées de meurtre, les seuls événements de ce sixième roman de la saga Harry Potter concerne les problèmes de
coeur de nos héros, Harry Potter et Ron en tête. Bien sur, c'est de leur âge, mais cela s'étale sur des pages et des pages (c'était déjà
le cas dans les derniers tomes, mais cela prend une ampleur gigantesque dans
Harry Potter et le prince de sang-mêlé). Bien sur, si Ron et Hermione s'avouaient
leur sentiments tout de suite il n'y aurait plus rien à raconter de ce côté là et l'auteur a bien conscience qu'elle doit à tout prix faire durer
cette trame secondaire le plus longtemps possible, de même pour Harry et les filles, mais les problèmes hormonaux de nos héros prend trop le dessus par rapport
à des choses bien plus importantes, comme la menace de mort qui pèse sur Harry. Et presque tous les personnages d'avoir des histoires d'amour, plus ou moins
compliquées, de Bill Weasley et fleur Delacour à Remus Lupin et Nymphadora Tonks.
Comme dans tout nouveau volume d'Harry Potter jusque là, un nouveau professeur fait son apparition.
J.K. Rowling nous
fait (brillamment) croire qu'il s'agit du nouveau professeur de lutte contre les forces du mal, avant de nous détromper. Il s'agit du serpentard Horace Slughorn, professeur de
potions, et sorte d'araignée tissant les liens entre ses relations comme l'araignée sa toile. Mais finalement, le personnage s'avère être plutôt
sympathique, en particulier pour un serpentard. L'auteur s'amuse d'ailleurs avec le personnage, l'humour du roman venant bien souvent des passages mettant en scène le
corpulent professeur. Par exemple, celui-ci s'évertue à appeler Ron par le prénom de Rupert, le meilleur ami d'Harry étant par trop insignifiant à
ses yeux pour qu'il daigne se souvenir de son prénom. Or, l'acteur incarnant Ron au cinéma se nomme
Rupert Grint. Une façon bien amusante de faire un petit
clin d'oeil à la saga cinématographique.
Au moment de la sortie du roman la version cinéma d'
Harry Potter et la coupe de feu faisait son apparition. Ce film a moins bien plus que les trois premiers; le
film suivant,
Harry Potter et l'ordre du phénix a lui aussi lassé nombre de spectateurs.
Le sixième film, toujours réalisé par
David Yates, initialement prévu pour novembre 2008 a été repoussé à juillet 2009,
montrant bien les difficultés et les frayeurs des producteurs quand au succès de la fin des aventures cinématographiques du petit sorcier. Surtout que maintenant
que le dernier volume,
Harry Potter et les reliques de la mort est sorti, lu et assimilé, la pottermania a semble-t-il fortement décliné.
Au final, ce sixième tome montre bien la tendance à la baisse de la qualité de la saga, et ce même si le livre reste et facile et plaisant à lire.
Mais visiblement, il est temps que la saga se conclut. Ce qui sera le cas avec
Harry Potter et les reliques de la mort.
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