
Il aura fallu attendre 10 ans entre le premier tome de la saga,
Harry Potter à l'école des sorciers,
et ce dernier tome,
Harry Potter et les reliques de la mort. Dix années durant lesquelles la Pottermania a pris des dimensions que nul ne pouvait imaginer, y compris son auteur,
J.K. Rowling, qui est devenue pratiquement du jour au lendemain l'une des femmes les plus riches du monde. Heureusement, elle a su
garder la tête froide.
Concernant les aventures d'Harry Potter,
Harry Potter et le prince de sang-mêlé avait
laissé notre héros bien mal en point, son mentor, Albus Dumbledore, ayant é assassiné par le professeur Severus Rogue, tandis que Lord Voldemort s'apprête
à mettre la mainmise sur le ministère de la magie.
Harry Potter et le prince de sang-mêlé
avait battu tous les records de vente lors de sa sortie, et laissé les lecteurs dans un état d'impatience rare. Il faudra attendre deux ans pour lire la suite (et fin) des
aventures du sorcier le plus connus du monde la fantasy moderne. Rien que le nom du roman a fait couler beaucoup d'encre. Que sont ces fameuses reliques de la mort? L'auteur déclarera
plus tard avoir hésité entre trois titres, celui qu'elle a choisi, bien entendu, ainsi que
Harry Potter and the Elder Wand (qui se traduirait pas
Harry Potter et la baguette de sureau) et
Harry Potter and the Peverell Quest (qui pourrait se traduire en français par
Harry Potter et la quête des frères Peverell). Si certains auront trouvés ce titre un peu faible, les autres titres auraient pu mettre le lecteur sur la piste trop
rapidement dans le roman (en particulier
Harry Potter et la baguette de sureau). L'auteur se voit pressé de questions entre janvier 2007, date où elle termine
l'écriture de son roman, et juillet 2007, date de la sortie mondiale du livre. Qui vivra? Qui mourra? De quel côté se trouve finalement Rogue? Quels sont les Horcruxes?
Harry arrivera-t-il a vaincre Voldemort? etc...
L'auteur ne lâche rien, désireuse de laisser le lecteur découvrir par lui-même le destin de ses personnages. Quelques fuites filtreront cependant, peu de temps avant la
sortie. Deux journalistes ont ainsi réussis à se procurer un exemplaire du roman, et proposeront une critique avant la sortie du livre, révélant certains points (comme la
mort de sept personnages de la saga, aussi bien gentils que méchants). Cette fuite déplut fortement à l'auteur,
J.K. Rowling, qui estime que cela est un manque de respect pour le lecteur, surtout pour les plus jeunes. Pareillement, le livre se
retrouve, toujours en avance par rapport à la sortie officielle, sur Internet, en version piratée. Enfin, 24 heures avant la date de sortie mondiale, 1200 exemplaires sont
vendus aux Etats-Unis. Là aussi, l'auteur montra son mécontentement.
Mais toutes ses fuites n'empêchèrent pas le livre de se vendre comme jamais un roman ne s'était vendu, battant même les records tenus jusque là par
Harry Potter et le prince de sang-mêlé. Ainsi, là où le
sixième tome de la saga s'était écoulé à 800 000 exemplaires en France en
48 heures, ce dernier tome atteindra les 1 100 000 exemplaires. 20 millions d'exemplaires dans le monde en un week-end, pour un total de 72 millions en une semaine. La gigantesque campagne de
publicité, effectuée au niveau mondial, a fait son effet. Le roman connaitra une sortie record dans 93 pays. Du jamais vu, en particulier dans le monde habituellement très
restreint de la littérature jeunesse.
Mais quand est-il du contenu du livre? Est-il à la hauteur des attentes? A-t-on enfin toutes les réponses attendues? Et question subsidiaire, y aura-t-il une suite aux aventures
d'Harry Potter? A la dernière question, la réponse est non.
J.K. Rowling déclarera que son histoire avait
été pensée dès le départ en sept tomes, et elle ne pourrait pas le changer, même si elle le voulait maintenant. D'ailleurs, la fin
Harry Potter et les reliques de la mort avait déjà été imaginée par son auteur début 1990, lorsque l'idée de la saga Harry Potter lui
était venue.
Quand aux autres questions, oui le lecteur trouvera ce qu'il attend dans ce roman: la conclusion du combat Harry Potter/ Voldemort, le destin (amoureux, mortel, ...) des acteurs principaux de
ce drame (il est maintenant loin le temps où cette histoire sentait bon l'histoire sucrée pour enfants en bas âge), et bien sur, les secrets qui se tapissent encore au
fin-fonds de l'univers Potter. L'une des questions majeures de la saga Potter concerne l'allégeance du professeur Severus Rogue. Est-il au service de Voldemort? Ou bien comme le
pensait Dumbledore, est-il du côté de l'Ordre du Phénix? Le meurtre de Dumbledore par Rogue semblait avoir définitivement clos le sujet. Mais
J.K. Rowling sait très bien jouer avec son lecteur, et un retournement de situation viendra tout chambouler, transformant
littéralement Rogue aux yeux de Potter, qui passera de monstre haï au stade de héros. D'ailleurs, s'il est bien un personnage de toute la saga que l'auteur a réussi,
c'est bien le professeur Rogue. Intriguant, inquiétant, fascinant, il vole bien souvent la vedette à Voldemort.
Les critiques ont reprochés à l'auteur de la saga de ne pas avoir su faire évoluer son héros, Harry, d'un tome à l'autre. Alors que la saga montre les
affres de l'adolescence, du passage souvent douloureux de l'enfance à l'âge adulte, le petit sorcier est toujours resté le même, tout au long des septs volumes. Or
qui peut se targuer d'être resté le même à l'âge de 11 ans et de 17 ans. Personne. Surtout après avoir vécu les horreurs qu'a vécues notre
héros. Les autres personnages de la saga sont par contre moins figés dans le temps, et en particulier en rapport à la puberté (il suffit de voir les deux plus
proches amis d'Harry Potter, Ron et Hermione, qui se cherchent depuis maintenant quelques épisodes, à la façon de tous les jeunes gens de leur âge dont les
hormones commencent à agir). Même des personnages à priori aussi monolithiques que Drago et son père, Lucius, subissent dans ce dernier opus un changement majeur de
comportement.
Le roman est en quelque sorte coupé en deux parties, invisibles mais pourtant tangibles. La première se concentre (longuement) sur la préparation à la confrontation
entre Harry et Voldemort, qui quand à elle est le centre de la seconde partie. La frontière en est le retour d'Harry et de ses amis à Poudlard. Si la seconde partie
remplit pleinement le cahier des charges attendu dans une aventure d'Harry Potter, qui plus est dans la conclusion, la première peine à trouver son rythme, s'étalant sur
des pages et des pages, le lecteur ayant l'impression de tourner en rond, et de ne pas avancer dans le récit. Cette première moitié du roman est de loin la partie la moins
réussie de toute la saga du sorcier (bizarrement, c'est aussi celle qui se passe loin de Poudlard, tandis que la seconde est sans doute, quand à elle, la plus réussie,
arrivant à créer une impression de mouvement et de suspense que n'avait pas connu jusqu'alors la saga.
Et les fameux morts alors? Et bien, force est d'avouer que ces disparitions sont bien moins émouvantes que ce à quoi on pouvait s'attendre. La raison principale est liée
au fait que le lecteur s'attend justement à voir tomber des personnages plus ou moins importants de la saga. Lorsqu'il s'agit d'un personnage mineur le lecteur est déçu
et lorsqu'il s'agit d'un personnage fort il s'y attend plus ou moins. C'est en quelque sorte la rançon de la gloire.
L'humour est aussi beaucoup moins présent dans ce volume que dans les précédents. Quoi de plus normal au vu des événements se déroulant cette
année dans le monde des sorciers (impossible de ne pas penser à la Seconde Guerre Mondiale, avec ses résistants et ses radios libres). Mais quelque part, le lecteur
aurait aimé retrouver cet humour, même si intellectuellement il sait qu'il n'a plus sa place dans le récit.
Malgré quelques défauts de rythme, la saga d'Harry Potter se conclut en beauté, et laisse le lecteur désireux de se plonger de nouveau dans le monde magique de
J.K. Rowling. Seule solution, les adaptations cinématographiques, celle de
Harry Potter et les reliques de la mort étant quand à elle prévue pour 2010/2011, avec un découpage en deux films.