Si tous (ou presque) connaissent
Isaac Asimov l'auteur de science-fiction
(
Fondation,
Les Robots, si beaucoup connaissent
Isaac Asimov l'écrivain de vulgarisation scientifique (
Trous noirs et civilisations extra-terrestres), ou bien encore
Isaac Asimov le maître du mystère policier (
Les Veufs noirs,
plus rares sont ceux qui connaissent l'implication d'
Isaac Asimov dans la zététique. Derrière ce nom à
consonance sectaire et new-age se cache en fait une approche on ne peut plus scientifique et cartésienne, la définition du terme étant:
l'étude rationnelle des
phénomènes présentés comme paranormaux, des pseudosciences et des thérapies étranges. Ceux qui connaissent un tant soit peu
le bon docteur ne seront pas étonnés de le voir s'exprimer (parfois même de façon assez virulente) sur des
sujets où l'obscurantisme et les croyances prennent le pas sur la logique. La religion en particulier est assez fortement attaquée dans cet essai (en tout cas les créationnistes),
rappelant à qui l'avait oublié qu'
Asimov était un athée convaincu. Si religion, bêtise et mauvaise foi
énervent au plus au point l'auteur de
Fondation, ce qui l'inquiète par dessus tout c'est le problème de
la surpopulation (voir pour s'en convaincre l'un de ses romans les plus connus,
Les cavernes d'acier, ainsi que son antithèse
thématique
face aux feux du soleil, mais aussi sa nouvelle
espace vital dans le
recueil du même nom): un problème qui a pour conséquence famines, pollution (let ce des années avant la "mode" actuelle de l'écologie), guerres, et en définitive destruction de notre
civilisation (et en cela,
Fondation en est un écho évident).
Il est d'ailleurs très intéressant de voir qu'un auteur de science-fiction ne croit pas ni aux OVNI, ni aux voyages supra-luminiques, ni à tous les artifices narratifs
utilisés dans les récits de SF, mais qui n'ont que peu de crédibilité d'un point de vue purement scientifique. Et
Isaac Asimov
de ne pas avoir peur de décevoir ses lecteurs, vus par bien trop d'ignorants comme des farfelus, alors qu'au contraire ils sont bien souvent cultivés, et presque toujours enclins
à une forte dose de logique (c'est d'ailleurs l'une des grandes qualité de l'œuvre de l'auteur, d'être toujours très crédible d'un point de vue scientifique, ou
tout au moins d'être toujours d'une logique implacable).
Isaac Asimov, dans ce genre d'essais, le billet, pourrait être comparé à un autre grand nom du genre, le
philologue
Umberto Eco. Les deux abordent régulièrement des thèmes identiques (l'avenir de l'homme, la politique
gouvernementale,...). Mais si
l'un utilise un style limpide, direct et volontairement grand public,
l'autre quand à lui fait preuve d'une culture (littéraire essentiellement) plus grande, ainsi que d'un style plus
complexe. Le contenu quand à lui est dans les deux cas passionnant, et bien souvent comparable, à ceci près
qu'
Isaac Asimov a une vision (dans la majorité des cas) plus globale
qu'
Umberto Eco, qui, il faut bien l'avouer, s'adresse le plus souvent à ses compatriotes italiens.
Essai éminemment humaniste,
les moissons de l'intelligence est un cri contre tous les maux de l'humanité, de l'obscurantisme à la peur irraisonnée dans la
science, de la politique agressive au problème de l'avenir de l'homme. Lire
les moissons de l'intelligence, c'est déjà faire un pas vers la sagesse!
Un deuxième volume du même auteur,
Homo Obsoletus?, est également disponible, et vient compléter cette diatribe contre l'ignorance.