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Nosferatu le vampire

 Affiche du film

 


 

Titre original

Nosferatu, eine Symphonie des Grauens

Synopsis

En 1838, Hutter, jeune clerc de notaire, part conclure une vente avec un châtelain des Carpathes. Après des rencontres menaçantes et de funestes presages, il est reçu par le comte Orlok qui n'est autre que la réincarnation du vampire Nosferatu, créature qui ne peut vivre qu'en suçant le sang des humains.

Genre

Horreur

Année de production

1922

Allemagne

Date de sortie en France

Inconnue

Réalisateur

Friedrich Wilhelm Murnau

 

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Max Schreck
Max Schreck Graf Orlok
Gustav von Wangenheim
Gustav von Wangenheim Hutter
Greta Schröder
Greta Schröder Hellen Hutter
Alexander Granach
Alexander Granach Kock
Ruth Landshoff
Ruth Landshoff Lucy
John Gottowt
John Gottowt Bulwer

 

Critique du Film

Note :
 
 

 
Nosferatu le vampire, de Murnau, en 1922

 
L'Ombre du Vampire

 
Nosferatu le vampire, film muet de 1922, réalisé par la génial Friedrich W. Murnau, est la première adaptation, quoique non officielle (d'où les changements de noms de tous les principaux personnages de l'histoire), du roman Dracula de Bram Stoker, et est sans doute l'un des tous premiers films de l'histoire du cinéma à mettre en scène la créature morte-vivante.
Le film fut produit par Prana Film, dont ce fut la première et dernière production, et ce à cause de Nosferatu le vampire. En effet, le film ayant été fait sans l'accord des ayants droits de Bram Stoker, pour des questions de budget, ceux-ci, en particulier la veuve de l'écrivain, Florence Stoker, intentèrent un procès au studio, procès qui entraina la faillite de la société.
Ce procès eut pour conséquence une mise en demeure de détruire tous les négatifs de l'oeuvre (ce qui, bien heureusement pour le Septième Art, ne sera pas suivi à la lettre). Seuls quelques exemplaires du film furent sauvés, mais le film resta très longtemps très difficile à voir, pour ne pas dire impossible. Ainsi, par exemple, en Suède, le film fut tout simplement interdit jusqu'en 1972.
A noter que suite au procès, le film, censé ne plus exister, tomba dans le domaine public (à l'instar de la Nuit des morts-vivants de George Romero, mais dans le cas de ce dernier pour des raisons totalement différentes). Il est donc possible aujourd'hui de se le procurer sans avoir à payer quoi que ce soit à quiconque. Un cas suffisamment rare pour le signaler, surtout que le film est unanimement considéré par les cinéphiles comme un chef d'oeuvre du Septième Art.
 
Max Schreck dans Nosferatu le vampire, de Murnau, en 1922

 
Mais en quoi ce film, bientôt un siècle après avoir été tourné (en juillet 1921 pour être exact), a-t-il gardé son aura de chef d'oeuvre? Et bien tout d'abord parce qu'il est le film qui apposé toutes les bases du film de vampire actuel (du Cauchemar de Dracula en passant par Twilight et autres entretien avec un vampire). Ensuite, parce qu'il n'a pas perdu une once de son efficacité, se montrant bien plus effrayant que nombre de films beaucoup plus récents. Et enfin, parce qu'il se trouve être une des oeuvres maîtresses du cinéma expressionniste.
Ce mouvement artistique a touché tous les arts, avec en particulier Van Gogh pour la peinture, et est apparu fin des années 10, début des années 20, au cinéma, en Allemagne en particulier, avec des réalisateurs comme Robert Wiene et son Cabinet du Docteur Caligari (1919), Fritz Lang, avec Metropolis, et bien entendu Murnau. Il se distingue par une déformation de la réalité dans le but de susciter une émotion. Bien souvent ce mouvement est associé à l'angoisse, le pessimisme et une certaine forme de violence. En cela se fait indéniablement sentir l'effet de la Première guerre mondiale.
Mais en quoi Nosferatu le vampire montre-t-il son appartenance à ce mouvement artistique? Violence, angoisse, morbidité, et profond pessimisme. Les thèmes majeurs de l'expressionnisme sont indéniablement là. Déformation de la réalité afin de susciter une réaction émotionnelle forte: Absolument. C'est d'autant plus fort de la part de Murnau qui a en grande majorité tourné son film en décors naturels, là où ses confrères faisaient appel au studio pour créer leurs effets.
Murnau quand à lui se concentre sur la technique cinématographique, une technique qu'il maitrise à la perfection. Parmi les techniques employées par le cinéaste, citons:
 l'utilisation de filtres de couleurs: Le film n'est pas, contrairement à une idée reçue, un film en noir et blanc, mais bel et bien un film teinté. Bleu, rouge, vert, violet, nombreuses sont les couleurs utilisées par Murnau. Elles représentent les différentes phases du jour et de la nuit (le film ayant été tourné intégralement de jour), et ancrent indéniablement le film dans l'expressionnisme.
 l'utilisation de négatifs: en inversant les couleurs à l'écran (comme par exemple lors de l'arrivé au château), le cinéaste perturbe le spectateur et bouscule la normalité. L'effet est d'une très grande efficacité à l'écran.
 l'accéléré: Là utilisé aussi le but de perturber le spectateur (comme lors de l'arrivée de la voiture du comte, ou encore lorsque celui-ci charge ses cercueils), ce procédé sort en quelque sorte le film du réalisme pour le placer dans le genre expressionniste.
 les ombres du vampire: Omniprésente à l'écran, l'ombre de la créature envahit la pellicule, comme une maladie qui se repend, et qu'il est impossible de battre. A cela vient s'ajouter une connotation d'ordre sexuelle qui sera abordée plus loin.
 l'immobilité quasi-absolu du monstre: le comte Orlok est pour le moins avare de ses mouvements, en particulier lorsqu'on le compare aux acteurs jouant des vivants. Le choc est brutal et terrifiant au possible.
 
Aucun doute, Murnau joue avec le média cinéma pour susciter malaise et peur chez le spectateur, comme rarement réalisateur réussira à le faire par la suite.
 
Nosferatu le vampire: Un mort-vivant terrifiant

 
Murnau emprunte énormément aux autres arts pour son film. Le plus évident étant bien entendu la peinture. Etrangement, c'est plutôt vers le romantisme que Murnau va chercher son inspiration visuelle.
Le film ose même un affrontement entre cinéma et peinture, symbolisé d'un côté par les vivants, qui se déplacent et montrent des émotions (film muet oblige, les acteurs sont ultra-expressifs), et de l'autre un vampire figé, mort, mais néanmoins fascinant. A tel point qu'à la sortie du film, on a l'impression d'avoir vu le comte dans pratiquement toutes les scènes, alors qu'il ne compte quà peine dix minutes de présence à l'écran.
L'un des forces de ce film est sans doute d'avoir su mélanger le meilleur du romantisme, tout en s'inscrivant pleinement dans l'expressionnisme.
En plus des techniques déjà citées (utilisation de filtres de couleurs, jeu ultra expressif des acteurs), Nosferatu le vampire se distingue par les particularité cinématographiques suivantes:
 Mise en images de scénettes fortement inspirées de l'art pictural: Le film est ponctuée de clins d'oeil où les connaisseurs reconnaîtront certaines toiles des grands maîtres, en particulier dans le mouvement romantique, dont Murnau était un grand admirateur. Ces scénettes sont à la fois empruntes du mouvement romantique tout en étant paradoxalement totalement représentatives de l'art expressionniste.
 Distorsion de la réalité: Soit en utilisant des filtres, soit en trichant avec le temps (accélérés, immobilisme du comte), soit en jouant avec les effets de profondeur (ombres omniprésentes), Murnau créé une ambiance à la fois claustrophobique et inquiétante (voir angoissante), et arrive à donner un côté absolument irréel même aux décors naturels.
 Inversion des rapports homme/femme à l'écran: Si l'époque n'envisageait généralement la femme que comme soumise et faible, le mouvement expressionniste va inverser cette tendance (voir le Metropolis de Fritz Lang pour s'en convaincre). C'est particulièrement flagrant dans Nosferatu le vampire où le mari (Hutter) est décrit comme faible et peureux (et ce même s'il y a de quoi), tandis que sa femme, Helen, est montrée comme étant une femme forte, capable de se sacrifier pour sauver son mari, là où se dernier n'a pas les forces nécessaires pour affronter le mal.
 
Descente dans l'antre du monstre: Nosferatu le vampire de Murnau, en 1922

 
Quoique muet, le Nosferatu de Murnau est inextricablement liée à l'art musical, et ce jusque dans son titre original, qui se traduit par une symphonie de l'horreur. La composition même du film fait directement référence à la rythmique musicale propre en particulier aux symphonies ou à l'opéra, c'est à dire constituée en plusieurs mouvements (habituellement quatre ou cinq dans le cas des symphonies:
 Premier acte: L'arrivée chez le comte. Murnau présente les protagonistes, les enjeux et installe son univers, préparant le spectateur à sa plongée une angoisse profonde que le cinéma n'avait jusque là jamais proposé.
 Acte deux: Le départ du comte: Le mal est montré. L'angoisse s'installe. Le spectateur est maintenant en terrain inconnu, guidé par Murnau comme un chef d'orchestre guide son auditoire (car il ne faut pas s'y tromper, un chef d'orchestre est là avant tout pour le public). En quittant sa tanière à la fin de l'acte, le film ouvre un univers des possibles où aucune situation ne saurait être agréable, ni pour le héros, ni pour ses proches. Rarement la mise en branle d'un monstre n'aurait été aussi puissamment angoissante que ce départ.
 Acte trois: Le massacre du navire. Cet acte est en quelque sorte la mise en image de l'avenir de l'humanité, ramenné au microcosme du navire, si le comte Orlok était laissé libre d'oeuvrer. Comme si l'arrivée de Hutter au château avait ouvert une porte jusque là fermée empêchant le comte Orlok de partir de son château. La peur s'installe définitivement dans le coeur du spectateur. Une peur d'un avenir où un mal invincible viendra ronger petit à petit l'humanité.
 Acte quatre: La ville sous l'emprise du mal. Dans ce mouvement, le comte fait à la ville de Wismar ce qu'il avait auparavant fait subir au navire, c'est à dire qu'il décime petit à petit toute vie dans son microcosme. Le spectateur sait que rien ne pourra à priori arrêter une telle horreur. La peur a laissé place à la terreur. Etrangement, l'acte précédent est plus efficace que celui-ci, sans doute car le spectateur pouvait encore espérer, sur le navire, qu'il existait une échappatoire au vampire. Ce chapitre prouve qu'à priori rien ne pourra le stopper.
 Acte cinq: la destruction du vampire. Le dernier chapitre du film vient offrir une once d'optimisme à ce récit absolument déprimant: il est possible de vaincre le mal. Mais à quel prix! C'est (encore une fois, pourrait-on dire) l'amour qui viendra à bout du mal, mais uniquement dans la douleur.
 
Si la construction est calquée sur un squelette musical, Nosferatu le vampire s'offre aussi le paradoxe d'être un film muet extrêmement bavard. Mais bavard comme seul peut l'être un film muet, c'est à dire avec force intertitres: Dialogues entre les différents personnages, bien sur; textes lus par ces mêmes personnages, textes expliquant bien souvent les enjeux du film; et enfin les intertitres propres aux changements d'actes. Tout cela donne l'impression au spectateur de ne pas tout à fait regarder un film muet.
 
L'inquiétant comte Orlok, dans Nosferatu le vampire de Murnau

 
Si le vampirisme a bien toujours été sujet à interprétation, c'est bien à propos du sexe. Et le film de Murnau de ne pas si différencier de ses futurs confrères (bien au contraire, il va peut-être même initier le genre). Des années avant le SIDA et autres maladies sexuellement transmissives, le vampire va véhiculer d'autres messages. Dans le cas de Nosferatu il s'agit d'homosexualité, une homosexualité alors tabou, Murnau profitant de ce film pour faire en quelque sorte son coming-out...
D'ailleurs, la naissance de l'horreur au cinéma sera très directement influencée par l'homosexualité de ses créateurs, Murnau et James Whale (Frankenstein, L'Homme invisible) en tête.
Dans Nosferatu ce thème est analysable comme suit:
 Le personnage de Hutter, dont la virilité laisse pour le moins à désirer (il s'évanouit à la première occasion, fait montre d'une peur panique là où on s'attend d'un héros masculin qu'il prenne les choses en main), quitte sa femme, au sens propre du terme, pour aller rejoindre le comte Orlok dans son domaine, et ce dès les premières minutes du film.
 Hutter a un rapport très ambigu avec le comte, fait d'attirance et de répulsion à la fois, comme un homosexuel refoulé refusant d'admettre son attirance pour les hommes. Le comte étant quand à lui la représentation de la tentation, de l'attirance vers le mal (le mâle?).
 C'est d'ailleurs le comte qui fera le premier pas, en lui donnant, à table, le baiser du vampire. Un baiser volé, rapide, qui laisse le pauvre Hutter tout retourné. Hutter fuira dans sa chambre, où le comte viendra le rejoindre, cette fois pour véritablement consommer leur union. En cette période de censure, le baiser vampire n'est autre que l'acte sexuel déguisé.
 Le baiser du vampire, lorsqu'il est donné à une femme, prend une toute autre tournure métaphorique. Puisque pour le coup, c'est Helen qui attire à elle le vampire, s'offrant à lui dans l'espoir de lui faire oublier son mari, et ainsi, en détruisant le comte, remettre son mari dans le droit chemin, lui qui est incapable de revenir de lui-même vers sa femme. D'ailleurs, le comte, dans ce cas précis, ne maîtrise plus la situation, se retrouvant symboliquement dans une sexualité classique, où il n'est plus à sa place.
 la méthode de la mise à mort du vampire en soit est très symbolique (pour rappel, dans le roman de Bram Stoker, le vampire n'est pas tué par la lumière du jour). En effet, en mettant la libido du comte littéralement au grand jour elle détruit l'homme qui avait une sexualité qui ne pouvait se consommer que dans l'ombre, tabou oblige.
 L'ombre du vampire, symbole de la tentation et du désir refoulé, qui vient envahir Hutter au fur et à mesure que l'occasion, symbolisée par le comte, se présente. Le fait qu'il se laisse finalement absorber par l'ombre dans son lit, symbole s'il en est de la sexualité, est en ce sens très clair.
 Enfin, citons le lever du cercueil du comte, ressemblant à s'y méprendre à une érection (d'ailleurs, là aussi devant un homme). Ce n'est pas pour rien que par la suite, les vampires, revenant à une hétérosexualité, s'attaqueront pratiquement uniquement à des femmes.
 
Le couple Hutter/ Orlok, tout comme le docteur Jeckyll & M. Hyde, représente les deux faces d'un même homme face au refoulement sexuel et à l'attrait du mal.
D'un point de vue psychanalytique, le château du comte Orlok représente le moi intérieur d'Hutter, qui, face à la tentation, ira puiser au plus profond de lui-même (la crypte) les racines d'un mal qui le ronge et auquel il succombera finalement (et d'ailleurs sans trop de lutte). D'ailleurs, la descente dans la crypte marque symboliquement le passage à l'impuissance du personnage: impuissance fac au mal qui l'a vaincu, impuissance face au sexe (il n'aura plus du tout le même rapport avec sa femme après cette scène qu'avant), et d'une façon générale impuissance face aux événements, puisqu'à partir de là Hutter devient pour ainsi dire une loque, sa femme prenant le relai en tout. Lorsque finalement le mal sera vaincu, la tour du comte s'effondrera. Le spectateur peut y voir soit, s'il est optimiste, un retour à la normale pour Hutter, soit, s'il est pessimiste, le démantèlement définitif de la psyché du personnage.
 
Nosferatu le vampire de Murnau: Le mouvement expresionniste a trouvé son fer de lance

 
Si le film fonctionne aussi bien, et d'un point de vue horrifique, et d'un point de vue symbolique, c'est tout d'abord lié bien entendu au talent de Friedrich Wilhelm Murnau. Mais cela tient aussi énormément à la performance de Max Schreck, l'homme qui joue Nosferatu. L'acteur est tellement habité par son personnage que certains ont voulu voir en lui un véritable suceur de sang (théorie d'ailleurs reprise dans l'Ombre du vampire, d'E. Elias Merhige, avec Willem Dafoe dans le rôle de l'acteur). Et Murnau de décider, en voyant son acteur, de ne lui faire qu'un minimum de maquillage, le réalisateur le trouvant, littéralement, laid à faire peur. Avec le Frankenstein campé en 1931 par Boris Karloff dans le film éponyme de James Whale, Nosferatu est sans doute le monstre le plus connu du Septième Art.
Et oh combien il a raison. Le Nosferatu campé par Max Schreck est, de loin,le vampire le plus terrifiant jamais vu à l'écran, dépassant de loin les autres incarnations de suceurs de sang cinématographiques (n'en déplaise au pourtant géniaux Christopher Lee et autres Bela Lugosi).
L'acteur crève littéralement l'écran, faisant ombrage à tous les autres acteurs du film, tout comme son personnage étend son ombre sur ses victimes. A tel point que tout le monde ne se souvient que de lui dans le film, alors qu'il n'est présent que neuf petites minutes à l'écran!
Physique incroyable, gestuelle réduite au strict minimum, regard hypnotisant (l'acteur ne cligne qu'une seule fois des yeux de tout le film!), Max Schreck livre tout bonnement l'une des prestations les plus habitées de l'histoire du Septième Art.
 
La mort du vampire, dans le Nosferatu le vampire de Murnau

 
Si tous ceux qui ont lu le Dracula de Bram Stoker reconnaîtront l'histoire, nombreux sont pourtant les changements opérés entre le livre et son adaptation non officielle. Bien plus que de simples changements de noms de personnages et de lieus. Le principal changement concerne bien entendu le personnage central du film, le vampire. si dans le roman de Bram Stoker Dracula est un être cultivé, raffiné, et surtout séduisant, il n'en est strictement rien du Nosferatu de Murnau. Ce dernier est en fait pratiquement l'exact opposé du comte Dracula: hideux, le comte Orlok ressemble véritablement à un cadavre (et dépassant de loin le simple teint blafard qui deviendra l'apparence du vampire au cinéma dans les années qui suivront). Sa personnalité est en accord parfait avec son physique, puisqu'il est inexpressif aussi bien physiquement qu'émotionnellement. Il est véritablement l'image que l'on peut se faire d'un mort qui marche (on retrouvera cette froideur du cadavre uniquement chez les morts-vivants de George R. Romero, et ce bien des années plus tard). Si Dracula est hypnotisant, quoique terrifiant, le comte Orlok est quand à lui répugnant. Au contraire de l'image tentatrice du vampirisme qui deviendra la marque de fabrique du genre, ici nul ne peut se sentir attiré (en dehors de Hutter, mais ce uniquement sur le plan psychanalytique) par l'immortalité proposée par Orlok. D'ailleurs, et là aussi contrairement à ce qui deviendra un incontournable du genre, il n'est jamais fait mention d'une possible propagation du vampirisme dans le film de Murnau. Les seules choses que propage Orlok, ce sont la mort et la terreur.
 
Mais bien sur ces modifications n'ont en rien empêché Nosferatu le vampire d'être une adaptation hors-la-loi du roman de Bram Stoker, et ce en raison de l'étroitesse du budget qui ne permettait pas des payer les ayants droits. Et naturellement, ces derniers, en la personnage de Florence Stoker, veuve de l'écrivain, d'intenter un procès à la société de production Prana Films. Le procès durera de 1922 à 1925 et aboutira en juillet 1925 à la mise en demeure de détruire toutes les épreuves du film, négatifs y compris. En octobre 1925, soit quelques mois après sa victoire judiciaire, elle parraine un festival de cinéma à Londres, où il s'avère que Nosferatu y est programmé. Elle attente alors un nouveau procès, qui aboutit en 1929 à la destruction de ladite copie. Entre temps, en 1928, Universal achète auprès de Florence Stoker les droits d'adaptation du roman de feu son mari, cet achat aboutissant en 1931 au Dracula de Tod Browning, avec Bela Lugosi dans le rôle du compte vampire. Mais l'aventure du Nosferatu de Murnau ne s'arrête heureusement pas là, car, dè 1937, à la mort de Florence Stoker, des copies cachées du film commencent à réapparaître, l'une des plus connues étant celle détenue par Jens Geutebrück. L'oeuvre est de nouveau diffusée en salle en 1960, puis en 1972. Enfin, en 1984, l'oeuvre est restaurée.
Totalement libre de droits, tout le monde peut maintenant redécouvrir l'un des films majeurs du cinéma muet, voir du cinéma tout court.
 
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Dracula Dracula le roman de Bram Stoker, dont est inspiré le film de Murnau
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Nosferatu, fantôme de la nui Nosferatu, fantôme de la nuit le remake du film de Murnau? réalisé en 1979 par Werner Herzog avec Klaus Kinski et Isabelle Adjani
L'Ombre du vampire L'Ombre du vampire le film inspiré par la légende du film et de son tournage
 
 


 

Conclusion

Nosferatu le vampire est la référence absolue en termes de films de vampire. Tout ce qui fera du genre sa réussite est déjà là, du château mystérieux au symbolisme sexuel en passant par la mort aux premiers rayons du soleil. D'ailleurs, sur ce dernier point, c'est bel et bien ce film qui imposera cet incontournable du film de vampire, puisque rappelons que dans l'oeuvre de Stoker le vampire ne craint pas la lumière du soleil.
Nosferatu reste la première adaptation de l'oeuvre de l'écrivain sur grand écran, même si aucun des noms du roman n'ont été utilisés, pour les raisons de droits qui ont fait que ce film fut libre de droit (puisque censé ne plus exister) très tôt.
ce film a marqué le Septième art, et connaîtra essentiellement deux hommages: le premier, le remake de Werner Herzog, Nosferatu, fantôme de la nuit, datant de 1979, avec Klaus Kinski dans le rôle du vampire, et le film hommage au tournage du chef d'oeuvre de Murnau, L'Ombre du vampire, réalisé en 2000 par E. Elias Merhige, avec Willem Dafoe dans le rôle de Max Schreck, ici décrit comme un véritable vampire.
 
Passer à côté de ce film, en particulier pour tout amateur de vampirisme, est tout bonnement un manquement inacceptable!

 
Nosferatu le vampire, de F.W. Murnau

 

 


 
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