
Ce roman policier rentre dans la catégorie très fourni des écrits sur les théories du complot, genre où se côtoie le
pire et le meilleur.
La conspiration des ténèbres fait partie du haut du panier. Douze ans avant le très médiatisé
Da Vinci code de
Dan Brown, voici donc une histoire de secte religieuse cachée, dont les secrets risquent de faire trembler les
fondements même de notre civilisation. Il n'est pas question ici d'un secret sur une pseudo descendance de Jésus, comme dans le Best seller
de
Dan Brown, mais plutôt de manipulation et de fin du monde. Fin du monde amenée via le média cinéma, à
l'instar du film de
John Carpenter,
l'antre de la folie, qui sortira sur les écrans peu de temps après la parution du roman
de
Theodore Roszak. Même si on ne peut que noter la ressemblance entre les deux
oeuvres de ce point de vue là, c'est plutôt chez
Umberto Eco et son oeuvre que les similitudes frappent, et en particulier le
chef d'oeuvre occulte de ce dernier,
le pendule de Foucault, sorti 3 ans auparavant. A se demander si l'un ne s'est pas inspiré de l'autre...
En effet, les deux oeuvres, suivant un jeune étudiant mettant à jour une conspiration mondiale s'étendant sur les continents et
à travers les âges, grâce à un mentor (Belbo chez
Eco et Clare chez
Theodore Roszak), nous entraînent dans des diaboliques machinations impliquant dans
les deux cas les templiers et les cathares, dont le but reste plus ou moins caché, même à la fin du roman (un petit peu moins chez
l'auteur américain cependant, même si le doute plane). On retrouve même au milieu des deux livres un séance de possession
(cathare dans
La conspiration des ténèbres et candomblé dans
le pendule de Foucault). Etrangement, dans les deux romans
Disney est plusieurs fois cité comme faisant partie du vaste complot.
Normal dans le présent roman, puisque tout le sujet du livre tourne autours du monde du cinéma. L'auteur joue avec les personnalités
de l'Age d'Or du cinéma Hollywoodien, d'
Orson Wells à
Louise Brooks, en passant par
Murnau (dont le fictif Max
Castle du roman est bien évidemment inspiré) ou
Charlie Chaplin. Mélangeant ses propres stars du cinéma, de Max
Castle à Zip Lipsky, ou bien encore Olga Tell (sorte de
Fay Wray mystique et fantasmée par l'auteur), aux vraies images marquantes du
cinéma, l'auteur cherche manifestement à bouiller les pistes, le lecteur, à priori peu au fait des stars de l'époque
(pratiquement toutes oubliées), se laissant emporter dans cette sombre histoire mêlant sexe (qui a toujours été associé
à Hollywood) et mort.
Le personnage de Max Castle, à la biographie très détaillée, rappelle ce qu'a fait le réalisateur
néo-zélandais
Peter Jackson avec son faux documentaire
Forgotten silver, faisant croire à ses spectateurs que le personnage de son film, Colin McKenzie, a réellement existé, et est
derrière toutes les grandes inventions du cinéma du XXème siècle.
Tout comme
Eco, et en particulier dans son roman
la Mystérieuse Flamme de la reine Loana on sent chez
Theodore Roszak une forme très prononcée de tendresse pour la culture
populaire de son enfance, représenté dans
La conspiration des ténèbres par le cinéma de quartier, passant des
films d'exploitation, ainsi que par le personnage de Franny, interpète d'une Nylana reine de la jungle qui n'est pas dans rappeler la fameuse Loana
du roman d'
Umberto Eco. L'influence des serials, comparable aux grandes oeuvres cinématographique, voir plus importante! Tel est en partie le
message du roman. Le XXème siècle a prouvé ce fait de façon claire.
Bien ficelée, l'histoire de ce réalisateur de films de séries B (voir Z) manipulant ses spectateurs dans le but d'imposer la doctrine
de sa secte, montre en tout cas bien le pouvoir des images, que ce soit au cinéma ou à la télévision, sur le subconscient
collectif, ainsi que son danger réel.