retour à la page d'accueil

Retour à la section romans.



Monnayé, tome XXXII des annales du Disque Monde



 
Monnayé, collection Dentelle du Cygne chez l'Atalante

Auteur

Terry Pratchett

 

Genre

Heroic Fantasy
 

Année de sortie

2007
 

Résumé

Cher M. Lipwig,
Je sens en vous un homme charmant qui prendra soin de mon petit Pinaille. Soyez gentil avec lui, s'il vous plaît. La somme de vingt mille piastres vous sera versée annuellement pour accomplir cette tâche que je vous supplie d'accepter.
Si vous refusez, ou si Pinaille meurt de cause non naturelle, vos fesses seront confiées à la Guilde des Assassins.
Qui refuserait ce job en or, diriger la banque royale d'Ankh-Morpork? Moite von Lipwig peut-être, ancien escroc et ministre des postes.
Car l'hôtel de la Monnaie travaille à perte, tous les jours il faut aller promener le président et on se fait beaucoup d'ennemis. Or, ce qu'il faudrait, c'est faire de l'argent!


 

Avis

Note :
 
Monnayé, dans sa version américaine Les épisodes des Annales du Disque-Monde se suivent et ne se ressemblent pas. Les héros, même s'ils se croisent régulièrement (et Monnayé n'échappe pas à cette règle), suivent chacun des lignes narratives et thématiques différentes. Les cycles les plus connues sont ceux de la Mort (avec des romans comme Mortimer, Le Faucheur ou bien encore Le Père Porcher), des Sorcières (de La Huitième fille à Carpe Jugulum, et bien sur de Rincevent (La Huitième Couleur et ses suites). Monnayé, quand à lui, fait partie du cycle dit de la Révolution Industrielle, commencée par Terry Pratchett en 1990 avec Les Zinzins d'Olive Oued (avec comme sujet principal le cinéma), et qui comprend les titres suivants: La Vérité (la liberté de la presse), Le Régiment monstrueux (l'émancipation de la femme), et bien sur Timbré (la Poste, mais aussi et surtout l'économie). Ce nouveau volume retrouve donc le héros de Timbré, l'escroc à demi repenti Moite von Lipwig, qui se retrouve cette fois-ci avec la lourde tâche de révolutionner le monde bancaire. Et si l'humour est omniprésent dans ce volume (un très bon cru de ce point de vue là), le roman se révèle aussi extrêmement didactique et pertinent quand au fonctionnement du monde de la banque, et plus précisément des flux monétaires. Ce qui prouve encore une fois que Terry Pratchett connaît à la perfection le fonctionnement du cerveau humain, y compris et surtout dans ses défauts, ainsi que cette science pour le moins compliquée qu'est l'analyse financière.
Si Monnayé est un sort de Banque pour les nuls version Terry Pratchett, le roman ne nous en démontre pas moins l'inexactitude de la pensée commune qui voit dans l'or la base de la stabilité financière de notre monde (alors que Terry Pratchett nous rappelle à juste titre que la rareté de l'or n'est après tout qu'un hasard géologique). La monnaie (qu'elle soit papier ou autre) ne représente pas (ou en tout cas ne doit pas représenter) un quote-part de la richesse mondiale, mais un moyen d'échange, basé sur une confiance mutuelle dans sa valeur. Une preuve? Tout le monde sait depuis la crise financière que les banques ne possèdent qu'une infime part de la richesse qu'elle prodigue à ses clients. Tout se passe bien tant que personne ne cherche à retirer cette richesse autrement que sous la forme qu'elle propose communément, à savoir le papier. L'argent (au sens monétaire, et pas au sens minéral) n'est rien d'autre qu'une représentation de la stabilité d'une société, et de sa confiance dans le potentiel des hommes qui la compose. Tout cela est bel et bien une richesse virtuelle, qui ne fonctionne que tant que tout le monde y met du sien.
Terry Pratchett, faisant toujours preuve d'une finesse d'analyse rare, n'oublie pas de parler des satellites parasitaires indissociables des banques, et surtout de la présence de gros sous, à savoir les avocats et autres notaires, et surtout les procès. Mais comme toujours chez l'auteur britannique, tout tourne très vite à la farce. Si possible avec force clowns et tartes à la crème! Et si possible avec moult retournements de situations (un classique du récit de procès, dont raffolent les américains), là encore à la façon Disque-mondale, c'est à dire loufoque, dans la grande tradition des Monty Python.
Une des nombreuses questions que pose l'auteur au travers de son récit n'est autre que celle-ci: Et si l'argent n'était finalement pas le nerf de la guerre, mais que c'était le contraire? Et ce au travers de ces golems de guerre qui représentent le véritable maître étalon du système financier. Tant que l'on ne s'en sert pas...
 
Mais l'auteur n'oublie jamais que ces histoires ont avant tout pour but de divertir, et de ce point de vue là Monnayé remplit au la main son cahier des charges, avec action non stop, rebondissements de situations, suspense et autres mystères, sans oublier bien entendu l'humour. Un très grand cru!
 
Et l'auteur de terminer son récit en forme de pied de nez à tous ces grands pontes de la finance: Et si la création du billet de banque avantageait avant tout les strip-teaseuses, qui grâce à cette invention peuvent désormais recevoir des pourboires pendant leur show? A elle seule cette idée résume bien le mode de pensée d'un auteur tout simplement génial.

 

Titre précédent / Titre suivant de la Saga du Disque Monde

Episode précédent Jeu de nains   Allez les mages Episode Suivant

 

 


 
retour à la page d'accueil