
Cette troisième et dernière partie du
Forest Mage de
Robin Hobb voit (enfin!) Jamère devoir choisir sa voie, et
tourner le dos soit à sa vie humaine soit à sa partie ocelionne. Bien entendu, le lecteur sait pertinemment quel sera son choix (et c'est bien le gros problème de cette saga,
prévisible quand à son dénouement, mais très long dans son cheminement), alors même que son héros, Jamère, de plus en plus dépassé par
les événements (aussi bien ceux surnaturels que ceux concernant la vie de tous les jours, amitié et amour en première ligne). Et ce n'est pas l'arrivée d'une nouvelle
femme dans la vie de notre héros, Olikéa l'ocelionne, qui va venir lui faciliter la vie.
L'auteur est transparente, aussi bien d'un point de vue trame narrative que d'un point de vue message (ne jamais tourner le dos aux siens, prendre soin de la nature,...). Fort heureusement, l'auteur
a un style facile à lire, simple (mais pas simpliste), et une vision de l'heroic fantasy originale, où les combats sont majoritairement intérieurs (l'antithèse totale
d'un
Conan en quelque sorte).
Le choix du soldat n'est pas, contrairement au
cavalier rêveur, un volume qui pourrait mettre un point final à
l'histoire. En effet, à la fin de ce cinquième volume des aventures de Jamère, et ce même si nombre de trames narratives on été conclues, rien ou presque n'est
finalisé. Bien au contraire, tout reste à se jouer maintenant. Pour bien comprendre cette différence avec
le cavalier rêveur, conclusion du
Shaman's Crossing original, il faut bien avoir en tête que
Forest Mage
est le roman central de la trilogie du Soldat chamane (en français, il s'agit d'une octalogie, chaque volume anglais étant découpé en plusieurs volumes), et qu'il est donc,
à l'instar de pratiquement toutes les parties centrales de trilogies (cf
le seigneur des anneaux: les deux tours,
la tour des anges, ou bien encore au cinéma
l'Empire contre-attaque) l'épisode pivot, où le héros se retrouve face au choix qui va faire de lui un héros
(Aragorn qui devient le leader des armées humaines, Lyra qui prend son destin en main pour affronter sa mère, Luke qui décide de se sacrifier pour sauver les siens). Et c'est
exactement ce qui va arriver à Jamère. Tout comme bien souvent l'épisode central dans les trilogies,
Forest Mage se voit prendre une tournure plus sombre que le premier
épisode (et pourtant,
Shaman's Crossing n'était déjà pas très gai). Jamère est seul, déshéé, s'occupant du cimetière d'une
garnison qui n'en a que le nom, et qui plus est, se met à regretter le geste qui a pourtant sauvé les siens dans
le cavalier rêveur, à savoir la mort (ou plutôt presque-mort) de la femme-arbre, dont il découvrira
bientôt le nom, et dont Olikéa prendra en quelque sorte le relais dans le monde réel.
Même si cette saga du soldat chamane possède de nombreux atouts (un univers original, une fantasy s'éloignant des sentiers battus des honneurs barbares, un héros gros
comme une barrique, ...), elle n'arrive pas à égaler cette de Fitz Chevalerie, la saga de l'assassin royal, où l'on retrouve nombre des thèmes traités ici. Mais les
fans de
Robin Hobb ne manqueront pas de prendre du plaisir à lire cette saga, ce qui est la première chose que l'on demande
à un livre!