
En 1995,
Philip Pullman créé l'événement avec le premier tome de sa saga,
Les Royaumes du nord: Succès surprise, critiques dithyrambiques, tout le monde (en particulier dans les pays
anglo-saxons) se met d'accord sur les qualités de ce roman. Les jeunes raffolent de ce roman, attirés par les aventures de la jeune héroïne, Lyra, aidé en
cela de son daemon Pantalaimon, luttant contre les agissements de sa terrible mère, et prise entre deux feux vis à vis de son père. Les adultes, quand à eux,
prendre plaisir à l'analyse sulfureuse et critique que fait l'auteur de l'Eglise, une Eglise qui manipulerait les croyants afin de les laisser dans l'ignorance et donc de pouvoir
garder plus facilement le pouvoir sur eux.
Ce second volume reprend donc les aventures de la jeune Lyra pratiquement là où elles s'étaient arrêtées précédemment, tout en introduisant
un nouveau personnage, lui aussi un enfant: Will. Désormais, Lyra ne sera plus seule dans sa lutte contre le monde. Surtout que cette lutte risque de s'avérer plus
difficile que prévue. Si
le premier volume nous préparait aux voyages dans les mondes
parallèles,
la Tour des Anges nous y plonge royalement, nos héros (ainsi que ses ennemis) bondissant d'un monde à l'autre pratiquement à chaque
chapitre (en fait, uniquement dans trois mondes: celui de Lyra, le notre, ainsi que le monde de Cittàgazze).
Comme dans nombre de récits de fantasy, le héros possède son arme magique. Lyra a encore et toujours son aléthiomètre (et ce bien qu'il soit
convoité par de puissants adversaires), et Will va bien vite trouver un couteau: le fameux poignard subtil (qui donne son nom au titre anglais,
The Subtle Knife). En cela, les
deux héros rentre indéniablement dans la catégorie des héros épique, où de jeunes adultes (ici de grands enfants) se voient confrontés
à l'adversité en même temps qu'au passage adulte, et à l'aide d'objets magiques (une épée, un anneau, un bouclier,...), ainsi bien souvent que
d'un conseiller, si possible aux pouvoirs magiques (ici la sorcière Serafina Pekkala), va sauver le Royaume et bien souvent trouver l'amour. Même si Lyra et Will sont
a priori bien jeunes pour tomber amoureux l'un de l'autre (la
suite de la saga nous prouvera que non), tous les autres
ingrédients sont bel et bien là.
Il est possible aussi de rapprocher la trilogie de
la Croisée des mondes à l'oeuvre la plus connue de
Roger Zelazny: son
cycle des Princes d'Ambre
(d'ailleurs le dernier volume de la saga de
Philip Pullman a le mot ambre dans son titre. Dans les deux sagas, les protagonistes
voyagent d'un univers parallèle à l'autre, et s'affrontent pour le contrôle du pouvoir suprême. En cela,
la Tour des Anges peut décevoir le lecteur
connaissant bien l'univers de
Zelazny, relativisant par la même beaucoup le génie créatif de
Philip Pullman. En effet,
la Tour des Anges est bien moins original et créatif que le
premier tome, bien plus entrainant et novateur. Mais après tout, c'est bien souvent le cas dans les trilogies.
Car, mis à part
Les Deux Tours, rares sont les romans médians à réussir à
faire aussi bien que l'introduction et la conclusion de l'oeuvre.
Ceci dit, sur la fin du volume, les événements s'emballent, et mis à part le twist de la découverte de l'identité du père de Will (que tout lecteur
attentif aura identifié au moins 300 pages avant la révélation), l'auteur nous réserve quelques agréables surprises, et surtout, nous donne envie
d'attaquer le dernier tome de cette saga:
Le Miroir d'Ambre.