
Suite directe de
La déchirure (et pour cause, puisqu'en version originale, les deux volumes n'en forment qu'un:
Shaman's Crossing), ce
cavalier rêveur a bien du mal à trouver son rythme. En effet, toute la première moitié du récit s'étale en longueur,
narrant les mésaventures de Jamère à l'Ecole royale de cavalerie. Le héros, tenaillé entre la voie qui lui est destiné de par sa naissance (la cavalla),
celle que la Femme-arbre cherche à lui imposer (la trahison des siens), et enfin ses envies propres (liberté, indépendance; des concepts difficilement compatibles avec un engagement
dans l'armée), lutte de toutes ses forces contre un avenir qu'il sent ne pas être le sien, mais qu'il est pourtant obligé de suivre. Le lecteur, en avance sur le narrateur, a
compris bien avant lui la futilité de cette lutte, s'ennuyant quelque peu durant cette première moitié de l'histoire. La seconde partie, qui commence avec la fête de la Nuit
noire, vient tout bouleverser et fait d'un coup pencher la récit vers le drame.
Cette seconde et dernière partie est bien plus réussie, et transfigure le roman, qui passe de simple roman d'heroic-fantasy en diatribe contre la guerre et le terrorisme. Une
véritable plongé en enfer qui nous montre les horreurs de la guerre bactériologique de l'intérieur, la maladie ne faisant pas la distinction entre les amis et les ennemis
(d'autant plus que dans le cas présent amis et ennemis sont dans le même camp).
Et Jamère de se retrouver dans un conflit interne pratiquement insoluble, puisqu'il s'avère être la clé de cette horreur, bien qu'involontairement.
Si les aventures de Jamère auraient tout à fait pu s'arrêter là, c'est avec plaisir (et ce malgré les craintes que l'on a pu ressentir dans la partie centrale de ce
Shaman's Crossing) que l'on retrouvera la suite,
Le Fils rejeté.