
Suite du best-seller
le dernier templier du même auteur,
la malédiction des templiers n'arrive pas à
éviter la redite: mêmes personnages stéréotypées, même rythme, mais aussi, et c'est beaucoup plus embêtant, mêmes lieus (la Turquie) et même
secret (les évangiles perdus). Si le livre se laisse lire de par son style et son rythme haletant, il n'en reste pas moins que le lecteur a véritablement l'impression d'assister à
ce qu'Hollywood sait faire de pire dan le genre, à savoir des suites bigger and louder, mais surtout pas better.
La chasse au trésor est encore une fois plus importante que le trésor lui-même (ce dernier est pratiquement relégué au rang de simple
Mc Guffin), rendant au final caduque le secret en lui-même. Car il faut bien l'avouer, la découverte que fait nos héros, et ce
contrairement à ce que tous les protagonistes pensent, risque fort de n'arriver qu'un impact minime sur notre monde. Car, faut-il le rappeler, quitte à s'éloigner (mais finalement
pas tant que cela) du sujet du roman: le dogme, qu'il soit religieux ou autre, ne tient que très peu aux preuves, et beaucoup plus aux croyances et certitudes, fussent-elles totalement
indémontrables (et donc, d'un point de vue scientifique, indémontrable et inacceptable). Pour en revenir au sujet du roman et au peu d'impact de preuves contradictoires au dogme
religieux chrétien, il suffit de voir le peu de vagues liées à la découverte des manuscrits de Nag Hammadi, de ceux de la Mer Morte, voir de façon plus
générale, toutes les découvertes scientifiques remettant en cause les fondements même du dogme chrétien, du darwinisme au Big Bang, en passant par le Concile de
Nicée, ou autre Suaire de Turin. Et ce qui est vrai chez les chrétiens l'est tout autant chez les musulmans, les juifs, les hindouistes, etc...
Raymond Khoury ne s'intéresse donc visiblement pas à la cohérence avec son roman (c'était déjà le
cas avec
le dernier templier); seul l'intéresse l'effet, ce qui soit dit en passant trahit bien son passé de
scénariste cinématographique. Mais ce qui fonctionne au cinéma (où le spectateur n'a bien souvent ni le temps ni l'envie de réfléchir en profondeur à
ce qu'il voit) a bien plus de mal à se révéler efficace sur papier (le refus de se voir publier son premier roman,
le dernier templier, avant le succès du
Da Vinci Code, montre bien cette tendance, que les professionnels de
l'édition n'ont pas pu ne pas remarquer).
La Malédiction des Templiers est au final un roman de gare efficace, mais rien de plus, bien loin de mériter l'immense succès qu'il a connu à travers le monde, car
n'apportant aucun véritable sujet de réflexion, là où un
Da Vinci Code, et ce même si la théorie avancée au sein du roman de
Dan Brown est quand à lui pure fiction, arrivait, sur un fond d'action et de chasse au trésor identique aux romans de
Raymond Khoury, à faire réfléchir son lecteur sur ce qu'est un dogme religieux. Ceci dit, ceux qui veulent véritablement
approfondir ce sujet devraient plutôt s'intéresser aux écrits d'un véritable spécialiste de la pensée religieuse (occidentale en l'occurrence), à savoir
l'
Umberto Eco du
nom de la rose ou du
Pendule de Foucault.