
Avec
le matin des magiciens, les deux auteurs
Louis Pauwels
et
Jacques Bergier avaient lancé une mode, qu'ils ont nommée le réalisme fantastique: la réécriture
de l'histoire, où se mêle théories du complot, extra-terrestres, civilisations disparues, alchimie, légendes et autres sociétés secrètes. Bref, tout
est bon pour faire rêver le lecteur, du moment que cela touche au mystérieux, à l'ésotérisme, à l'hermétisme, ou tout simplement au non conventionnel.
le matin des magiciens a permis aux deux compères de lancer leur propre revue,
Planète, qui proposait de
continuer à exploiter le sujet, un sujet pratiquement inépuisable, puisque ne dépendant que d'une chose: l'imagination!
Toute une littérature naitra suite à cela. Et
Bergier tout comme
Pauwels de ne pas être tendre avec celle-ci, accusant leurs auteurs d'avoir une imagination bien trop débordante, et de ne
s'appuyer sur aucune preuve formelle. Alors que c'est exactement ce qu'ils font. Et
l'homme éternel d'en être un exemple flagrant!
Sous couvert de rigueur et de distanciation vis à vis de leurs propres théories (ce qui prouve bien qu'eux-mêmes sont bien conscients de la fragilité de leurs propos), les
deux auteurs d'avancer des thèses aussi hautes en couleur que venue d'extra-terrestres sur Terre (nous leur devons la civilisation, ni plus ni moins), civilisations technologiques disparues,
génie génétique dans notre histoire lointaine, et bien d'autres encore.
Problème, entre un manque absolu de preuves (la preuve des extra-terrestres avancée par les auteurs n'est autre qu'une surexploitation des légendes et anciennes religions humaines,
où l'on peut y voir, à les croire, les dites preuves, à qui sait reconnaître les faits qui ont menés à la création des mythes dans les textes), les
contradictions (l'Atlantide, une fois placée à Santorin, et une autre en Crète), voir même la mauvaise foi des auteurs (la partie sur le darwinisme qui ouvre cet essai est
assez flagrant, mais le pire est sans doute atteint avec le jeu de mot art goth/argot, qui aux yeux des auteurs, explique bien des choses!), le lecteur aura bien du mal à accorder du
crédit aux propos des auteurs, et ce même quand ceux-ci s'en tiennent à des faits reconnus.
De même, la majorité de leurs sources prête pour le moins à caution, en particulier lorsqu'ils citent des auteurs comme
C.S. Lewis,
J.R.R. Tolkien, et bien sur
H.P. Lovecraft (leur favori, qui a leur yeux connaissait
nombre de secrets cachés!). Depuis quand des auteurs de science-fiction et de fantasy sont-ils vus comme des exemples sur lesquels s'appuyer pour décrypter le passé? Et pourquoi ne
pas voir dans
Isaac Asimov la preuve de la possibilité de voyager plus vite que la lumière et dans
Philip K. Dick l'immortalité de l'homme?
Louis Pauwels et
Jacques Bergier sont visiblement à bout de souffle et
à court d'idées, et livrent avec
l'homme éternel une sorte de conclusion à leur mouvement, le réalisme fantastique, là où ce volume n'aurait du
être que le premier d'une longue série.