
Personne ne pourra nier que l'auteur de cette saga,
Greg Keyes, maîtrise le fonctionnement
du récit d'aventures. Palpitantes de bout en bout, tout comme son autre saga,
les royaumes d'épines et d'os, le cycle de
l'âge de la déraison se lit non seulement très facilement (l'avantage d'avoir un style simple) mais aussi avec gloutonnerie.
Alors oui, les approximations historiques sont légions (en particulier en ce qui concerne les nombreux personnages historiques hantant ce roman),
oui les personnages sont parfois caricaturaux, mais après tout, quelle est la cible d'un tel roman? Des lecteurs ayant envie de se dépayser,
souhaitant vivre des aventures fantastiques hors normes.
Mais pourquoi avoir choisi de la faire dans une uchronie aussi riche historiquement, si c'est pour tout balayer d'un coup de baguette magique (le
météorite)?
Benjamin Franklin, personnage primordial pour l'histoire américaine, devient au fil des aventures, de plus en plus exceptionnel. Génie
scientifique, grand séducteur devant l'eternel, grand orateur et meneur de foules, et maintenant aventurier d'exception. A trop vouloir en faire un
super-héros,
Greg Keyes gâche tout le potentiel de son personnage. Typique d'une
certaine mentalité américaine (que l'on retrouve dans nombres de productions cinématographiques, comme par exemple le
je suis une légende, avec
Will Smith dans le premier rôle), cette vision du Héros a de quoi surprendre
la Vieille Europe, plus habitué à des personnages nuancés.
Cette saga ressemble de plus en plus au
Rêve de fer de
Norman Spinrad, qui, sous des dehors d'uchronie, se jette dans les aventures
débridées.
Ah, si cette saga avait été confiée à un érudit, spécialiste de l'époque, comme par exemple
Umberto Eco!