Dernier volume de la saga des Royaumes d'épines et d'os, du romancier américain
Greg Keyes,
cycle qui lui a valu un très grand succès aux U.S.A., ainsi que la reconnaissance en tant qu'auteur à part entière,
la dernière reine peine à se maintenir au niveau des précédents épisodes. Visiblement, l'auteur est plus
à l'aise pour poser son monde ainsi que les trames de son histoire que pour dénouer les événements de façon
originale. Tandis que son univers faisait preuve d'une réelle imagination, et prouvait que l'auteur était capable de s'éloigner des
maîtres du genre (
J.R.R. Tolkien et
Michael Moorcock principalement), la conclusion de son histoire n'arrive pas à
échapper à l'influence de ses aînés.
Les principaux défauts de cet épisode (que l'on sentait déjà poindre dans
le chevalier de sang) concernent principalement le rapport à la destinée
des héros, qui passent de simples 'aventuriers' à véritables dieux (typique de toute la littérature post Donjons et Dragons),
ainsi que l'ambiance apocalyptique de fin de monde directement inspirée du destin d'Elric de Melniboné, le héros
du
cycle d'Elric, l'une des sagas les plus connues de l'heroic-fantasy.
Alors oui, les amateurs d'aventures seront ravis (même si les dénouements simultanés de toutes les trames scénaristiques fait
bien trop forcée), et ce malgré le changement radical de point de vue de l'auteur sur pratiquement tous ses héros (Anne,
Aspar White, Stéphane, voir même Marché Hespero, l'un des principaux méchants de l'histoire). Résultat, le lecteur ne
sait plus à qui s'attacher, tous ses points de repère perdus. Même si on peut supposer que l'intention de l'auteur est de nous faire
comprendre que la victoire finale peut appartenir à n'importe qui (même le fratrex Hespero), le résultat en est surtout un
détachement émotionnel du lecteur du dénouement de l'histoire.
Alors que cette fin se veut un climax spectaculaire et impressionnant, il ne finira par s'avérer que futile et longuet.
Dommage, car les prémices de cette saga étaient de haute volé (
Le roi de Bruyère
en particulier).
Il n'en reste pas moins que l'auteur maîtrise sa narration et sait faire preuve d'originalité, même si l'influence des précurseurs
du genre se fait encore trop sentir.