Qu'on se le dise,
Glen Cook n'est pas le meilleur écrivain actuel, même si l'on se
limite au genre dans lequel il oeuvre, la fantasy. Mais il est indéniable qu'il a un style bien à lui, reconnaissable entre mille, que l'on
retrouve dans toutes ses oeuvres, de la
compagnie noire (son cycle le plus connu) à
son (unique) incursion dans la science-fiction, avec
le dragon ne dort jamais. Fort d'un langage coloré, bien souvent anachronique, les
personnages de l'oeuvre de
Glen Cook sont pratiquement tous soit des baroudeurs, ayant connus des
guerres toutes plus sales les unes que les autres (mais après tout quelle guerre ne l'est pas?), soit des sorciers (toujours puissants, dangereux et
imprévisibles), soit encore de riches personnalités publiques (pourris, comme il se doit). On y retrouve aussi fantômes, ogres, elfes,
dragons, et autres créatures typiques de l'Heroic-Fantasy. A l'instar d'un
Terry Pratchett,
Glen Cook détourne volontairement les règles de l'Heroic-Fantasy et mélange
allégrement monde réel et imagerie fantastique. L'humour, même s'il est traité de façon totalement différente par
rapport au père des
annales du Disque-Monde (la comédie de moeurs pour l'un, le polar noir pour l'autre), est bel est bien
omniprésent dans cette saga, dont le présent volume en est le cinquième tome.
Les aventures de Garrett mêlent avec intelligence les poncifs et du polar noir et de la fantasy, genre à priori incompatibles, mais que
l'auteur arrive avec talent à faire cohabiter, offrant au lecteur une expérience unique de lecture. Et même au cinquième tome,
on se surprend encore à en vouloir encore plus (exactement comme pour
les annales du Disque-Monde).
Comme bien souvent dans les aventures du détective Garrett, l'histoire est surtout excuse à des aventures trépidantes, où
l'intelligence du privé est mise à mal. Dans cet opus, le lecteur est clairement mis face à un
Mc Guffin. Ce procédé, rendu célèbre par le cinéma (et plus
particulièrement par le maître du suspense,
Alfred Hitchcock), est
un fil conducteur qui au final n'a que peu (voir pas du tout) d'influence sur les événements. Concrètement, dans
Feuille de laiton et reliure d'ombre, le livre que tous recherchent a-t-il véritablement les pouvoirs qu'on lui prête? Le lecteur n'en
saura jamais rien, personne n'en faisant jamais usage. Par contre, l'existence même du livre (qui aurait pu être tout à fait autre chose,
comme une amulette d'invisibilité, ou un anneau magique) entraîne notre héros ainsi que ses proches dans des péripéties
dangereuses et palpitantes. Le
Mc Guffin a donc tenu ses promesses.
Cette série, relativement peu connue en France (puisqu'elle sort presque 20 ans après sa parution en anglais), est indiscutablement originale,
et ravira le lecteur fatigué de la fantasy formatée comme les rayons des libraires sont inondés.
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