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L'Ombre venue de l'espace



 
L'Ombre venue de l'espace, au format J'ai Lu

Auteur

August Derleth
H.P. Lovecraft

Genre

Horreur
 

Année de sortie

1957
 

Résumé

Dans une rue de Providence, une maison très ancienne : la maison Charrière. Fasciné par son étrangeté, Alijah Atwood décide d'y séjourner.
Dès le seuil, une odeur musquée a saisi Atwood à la gorge, et dans le laboratoire du Dr Charrière il fait d'effrayantes découvertes. Bientôt la maison semble se déchaîner contre l'intrus : ombres fugitives, craquements et gémissements, traces humides de pieds griffus...
Ecartelé entre la terreur et la curiosité, Atwood s'obstine. Et tandis qu'un soir il tente de déchiffrer les Traités Interdits du Dr Charrière, apparaît à la fenêtre un visage, ou plutôt l'épouvantable parodie d'un visage...
Sept histoires incroyables, sept histoires où l'espace et le temps ont laissé échapper leurs merveilles terrifiantes


 

 


 

Avis

Note :
 
Oeuvres complètes d'H.P. Lovecraft, tome 3

Avec les sept nouvelles présentes dans ce recueil, August Derleth rend hommage à son maître littéraire, H.P. Lovecraft, au travers d'histoires directement inspirées des notes laissées par ce dernier, notes que l'on retrouve dans ses œuvres complètes.
Les nouvelles sont les suivantes:

 
Le Survivant (1954)
L'extraordinaire longévité du docteur Charrière ou de l'utilité des reptiles et crocodiles
Cette nouvelle a contre elle sa relative longueur. Non pas qu'elle soit véritablement longue, bien au contraire, mais son traitement est tellement transparent que le lecteur a toujours de l'avance sur le récit (ce qui peut s'envisager dans certains cas romans ne doit absolument jamais se produire dans le cas d'une nouvelle). Résultat, le suspens en pâtit, et le lecteur risque de décrocher.
Si cette nouvelle s'inspire en partie d'une idée d'H.P. Lovecraft, le traitement quand à lui s'éloigne énormément de l'univers de l'auteur du Mythe de Cthulhu. Le résultat n'a au final plus grand chose à voir avec Lovecraft, tout au plus retrouve-t-on l'idée de la recherche de l'immortalité par l'usage de la magie noire.
August Derleth, pour rattacher son récit à ceux de Lovecraft, multiplie les références, citant le Peuple des Profondeurs ou bien encore les fameux livres maudits qui peuplent l'univers lovecraftien, mais le lecteur n'est pas dupe, ces ajouts ne sont que cela, et ne servent en rien le récit.
 
Le jour à Wentworth (1957)
Le spectre sorti de la tombe pour réclamer son dû à l'heure dite
Si le concept de base du récit est tirée d'une idée non utilisée d'H.P. Lovecraft (cf. ses oeuvres complètes), entre les mains d'August Derleth cela se transforme en quelque chose qui n'a plus grand chose à voir avec l'œuvre de Lovecraft. En soi, cela n'est pas plus mal, au risque dans le cas contraire de tomber dans le plagiat; cependant, en tant que récit hommage au maître cela est plus discutable. La nouvelle n'en reste pas moins plaisante à lire, certes attendue (sans doute est-ce pour cela que Lovecraft n'utilisa jamais l'idée), mais rythmée et plutôt réussie. Et August Derleth aborde l'un de ses thèmes récurrents, à savoir la mort (en particulier au travers de personnages/créatures qui arrivent soit à vaincre celle-ci, soit à prolonger leur vie de façon impie, comme dans le survivant ou l'héritage Peabody par exemple).
Cette nouvelle est typique du genre de récit édité dans les pulps, autant dans la forme que dans le fond.
 
L'héritage Peabody (1957)
Le squelette sur lequel repousse et bourgeonne la chair volée à de petits enfants par le démon Balor déguisé en chat
L'héritage Peabody est un remake à peine déguisé de la nouvelle d'H.P. Lovecraft la maison de la sorcière. On y retrouve absolument tout le cœur de la nouvelle du Reclus de Providence, un sorcier (une sorcière chez Lovecraft), l'homme noir, l'animal de compagnie (un chat dans un cas, un rat dans l'autre), une chambre aux angles impossibles, des rêves qui se rèvèlent être plus vrais qu'il n'y semble, les crises de somnambulisme, les squelettes d'enfants cachés dans les murs, des sacrifices de jeunes enfants, la signature avec le sang du héros du livre des sorciers,....
Comme souvent avec August Derleth, nous nous trouvons à la limite du plagiat. Mais comme non seulement l'influence est affichée, mais qu'en plus sans lui Lovecraft serait sans doute aujourd'hui tombé dans l'oubli, force est de lui pardonner.
Mais il est sur qu'à choisir entre les deux récits, mieux vaut choisir l'original.

 
la lampe d'Alhazred (1957)
La lampe arabe dont la clarté fait apparaître des paysages extra-terrestres
En mettant en scène nul autre qu'H.P. Lovecraft, face à une lampe ayant appartenu à Abdul Alhazred, le père du fictif Necronomicon, August Derleth, avec cette nouvelle non pas horrifique, mais onirique et poétique, rend l'un des plus beaux hommages au Reclus de Providence de toute sa carrière. Et le tout en réutilisant des idées et thèmes du maître, tout en faisant preuve d'originalité.
Les fans d'horreur stellaire ne trouveront pas leur compte dans cette nouvelle, mais par contre ils ne pourront manquer de noter l'amour (ou plutôt la fascination) que portait August Derleth envers H.P. Lovecraft. Mais la carrière éditorialiste et artistique de Derleth en est une autre preuve.
 
La fenêtre à pignon (1957)
Les chauves-souris d'un autre monde, les frayeurs du chat Petit Sam, et le tronçon d'un énorme tentacule sectionné par la fermeture de la porte d'une autre dimension
Cette nouvelle peut être vue en quelque sorte comme la version courte du roman le rodeur devant le seuil du même Derleth. On y retrouve l'idée centrale aux deux récits de la fenêtre ouvrant sur un autre monde, servant de passage dans l'espace et le temps, une porte sur les secrets les plus monstrueux de notre univers. Si le roman ne manquait pas de qualités, force est de constater que le format court sied mieux à ce genre de récit, plus rythmé et plus apte à faire vagabonder l'esprit du lecteur.
Cette nouvelle est un très bon exemple du travail d'August Derleth en tant que pasticheur d'H.P. Lovecraft.
 
L'ancêtre (1957)
L'écriture de cette nouvelle est due à un quiproquo de la part d'August Derleth. En effet, ce dernier a écrit une majorité de ses nouvelles lovecraftiennes en tirant ses idées des notes d'H.P. Lovecraft, des notes destinées en général à de futures nouvelles, Derleth partant des idées non utilisées. Or, dans le cas de l'ancêtre, Derleth prit pour une trame de nouvelle inédite un résumé qu'avait fait Lovecraft d'un roman de Leonard Cline, the dark chamber, un roman considéré par Lovecraft comme l'un des tous meilleurs dans le genre fantastique. L'ancêtre est donc une version réécrite de façon involontaire du roman de Cline.
L'histoire aborde le thème classique du scientifique qui joue à l'apprenti sorcier (cf. le Frankenstein de Marey Shelley), ici associé à celui de la régression mentale et physique (et qui n'est pas sans rappeler le classique du cinéma qu'est la mouche noire de Kurt Neumann, et ce avec un an d'avance sur le film, sorti en 1958 sur les écrans américains). L'histoire est en quelque sorte la vision horrifique du darwinisme, ou l'homme civilisé est clairement montré comme un simple maillon d'une chaîne où il ne tient qu'une place minime, l'animal étant quand à lui prépondérant. D'ailleurs, et ce même si la nouvelle n'aborde pas directement l'idée, on peut supposer que l'homme n'est en aucune manière le dernier maillon de la chaîne, ce qui lie cette nouvelle à d'autres de Lovecraft, telles que les montagnes hallucinées ou bien encore dans l'abîme du temps.

 
L'ombre venue de l'espace (1957)
Cette nouvelle est pour ainsi dire une version remaniée de l'un des textes les plus connus d'H.P. Lovecraft, à savoir dans l'abîme du temps. D'ailleurs, en anglais, le nom des deux nouvelles est on ne peut plus explicite (The Shadow Out of Space pour Derleth et The Shadow Out of Time pour Lovecraft). A partir de là, comment juger un texte qui n'apparaît être qu'un simple résumé de ce que d'aucuns considèrent comme l'un des plus réussis du Reclus de Providence? En tout cas, cela montre bien que si August Derleth a bel et bien permis aux lecteurs de découvrir Lovecraft, il a aussi parfois été à la limite de la malhonnêteté vis à vis des textes de son maître littéraire, comme c'est le cas ici. Si encore il avait su réutiliser les idées et concepts pour y apporter quelque chose de nouveau, comme par exemple avec son roman le rodeur devant le seuil, au lieu de simplement plagier son aîné!!
Un texte que l'on ne peut considérer comme mal conçu, mais qu'il est facile de haïr à cause de son origine transparente!

 
L'Ombre venue de l'espace de August Derleth   L'Ombre venue de l'espace de August Derleth, chez Pocket

 

 


 
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