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Razzie Awards |
Catégorie |
Année | Bénéficiaire
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Pire acteur | 2009 | Mark Wahlberg |
Max Payne est bien entendu l'adaptation du jeu vidéo éponyme sorti sur les consoles en 2001, et conçu par le studio Remedy Entertainment. Dès la sorti du jeu, le Septième Art s'est porté acquéreur aux droits d'adaptation, via Collision Entertainment. En 2002, Dimension Films devient partenaire de Collision Entertainment sur le sujet, et engage Shawn Ryan (créateur de la série The Shields) pour scénariser Max Payne. Mais rien n'aboutit, et en 2005 Collision Entertainment se tourne vers la 20th Century Fox pour reprendre l'histoire. Le scénario est confié à Beau Thorne, accompagné de Sam Lake (déjà à ce poste sur le jeu vidéo). Le réalisateur John Moore et l'acteur Mark Wahlberg sont alors engagés. Le reste du casting sera plus fastidieux, le réalisateur ayant beaucoup de mal à trouver ses acteurs (à trois jours du début du tournage, il manquait encore trois des personnages principaux à caster!). Le tournage s'étalera sur trois mois, de mars à mai 2008, à Toronto. ![]() Mark Wahlberg ne tarit pas d'éloge sur ce film. Tout d'abord, il considère sa prestation comme l'une de ses toutes meilleures (ce qui fut loin de faire l'unanimité, Wahlberg recevant même une nomination aux Razzie Awards pour ce rôle). Plus étonnant encore, l'acteur d'encenser son réalisateur, John Moore; le comparant aux plus grand noms avec lesquels il a collaboré, de Tim Burton à Martin Scorsese, sans oublier Paul Thomas Anderson. Pour seconder Mark Wahlberg, deux magnifiques filles de l'est -d'Ukraine pour être précis-: Mila Kunis et Olga Kurylenko (qui signe, après Hitman, sa seconde adaptation de jeu vidéo). Idéal pour leur seule scène partagée, où les deux personnages s'invectivent en russe. Dans les rôles des méchants, on retrouve quelques beaux noms du cinéma: Beau Brigdes, qui joue B.B. Hensley, Kate Burton, dans celui de la grande méchante du jeu-vidéo, Nicole Horne, mais aussi Chris O'Donnell, qui joue le bras droit de Nicole Horne. John Moore, tellement concentré sur le visuel de son film, en oublie ses acteurs, qui soit cabotinent (Beau Bridges), soit sont totalement transparents (Chris O'Donnell). A cela s'ajoutent le rappeur Ludacris (qui joue le rôle tenu par un blanc d'une soixantaine d'année dans le jeu vidéo), qui joue ici tellement mal qu'il doit le faire exprès, et Amaury Nolasco, à qui on ne demande que de grimacer et de montrer son corps tatoué. ![]() On voit bien que John Moore fait preuve ici d'un manque total d'intérêt pour ses acteurs et leur jeu. Est-ce lié au froid du tournage (il faisait souvent -15 à Toronto lors du tournage)? Ou alors, est-il concentré sur autre chose? Les effets spéciaux en l'occurrence. En effet, un film comme Max Payne fait la part belle à l'action, aux cascades et aux explosions en tout genre. Ainsi, pour la scène finale (l'attaque d'Aesir par Max Payne), ce n'est pas loin de 6000 explosifs qui ont été nécessaires. Ainsi que des écrans verts, et ce même si le cinéaste a tenu à tourner "en live" le maximum de passages (pas facile pour Mila Kunis de tirer avec deux mitraillettes en courant au milieu des explosions avec des talons hauts). Les CGI aussi ont une place prépondérante dans le film (au point que la bande annonce peut faire croire à tort que le film est un film fantastique). Sans oublier les bullet time, si importants dans le jeu vidéo. Le cinéaste n'utilisera pas la technique employée par les frères Andy et Larry Wachowski dans Matrix (une série d'appareils photos réglés à quelques millisecondes d'intervalle) mais une caméra à haute vélocité -1000 images par seconde, rappelant en cela la technique utilisée pour le coup sur Matrix Reloaded et Matrix Revolution-, elle-même en mouvement. Si leu jeu vidéo regorge de bullet time, le film ne fait appel à cette technique qu'à deux reprises. ![]() Jugé trop violent par la MPAA, le film reçut dans sa première version un classement R (interdit aux moins de 17 ans non accompagnés), là où John Moore et le studio désiraient un PG-13 (à déconseiller avant 13 ans), le classement le plus attractif pour les adolescents (de la violence, mais pas trop!). Le cinéaste a donc revu sa copie en enlevant essentiellement quelques épanchements d'hémoglobine pour obtenir sa classification PG-13. Résultat, la semaine de sa sortie aux Etats-Unis, le film fut premier au box-office. Mais les avis, unanimement négatifs, jouèrent contre le film qui, pour un budget de 35 millions de $, finit sa carrière à l'international à seulement 85 millions de $. Pas tout à fait un échec, Max Payne se classe dans la moyenne des films tirés de jeu-vidéos: 95 millions de $ pour Silent Hill, 100 millions pour Hitman, 102 millions pour Resident Evil, mais 55 millions pour Doom, 12 millions pour Street Fighter: The Legend of Chun-Li. Les créateurs de la saga furent, comme les spectateurs et les critiques, déçus de l'adaptation de leur bébé, John Moore faisant l'unanimité sur la médiocrité de son rejeton. Si vous avez aimé Max Payne, vous aimerez aussi:
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Si visuellement John Moore a effectué un travail de qualité sur son film, il n'en va pas de même pour le scénario, nébuleux au possible alors même que
l'histoire est d'une simplicité déconcertante; la direction d'acteurs quasi inexistante, avec en tête un
Mark Wahlberg qui confond inexpression et intériorisation; et enfin une mise en scène bien faible, n'apportant au
spectateur qu'ennui.
Max Payne, pourtant voulu le plus proche possible du matériau d'origine, restera sans doute dans les annales comme l'une des adaptations de jeu-vidéo les plus ratés. Comme quoi les médias vidéo-ludiques et cinématographiques ne sont pas aussi étroitement liés que l'on peut bien le penser. ![]() |