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Hugo Award |
Catégorie |
Année | Bénéficiaire
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Meilleur long-métrage | 1959 |
![]() Le Septième voyage de Sinbad est un film majeur dans l'histoire de la stop-motion (l'animation image par image). Tout d'abord parce que tout comme Jason et les argonautes (lui aussi animé par Ray Harryhausen) et bien sur le King Kong de 1933, le film de Nathan Juran est devenu un classique, ayant bercé plusieurs générations de cinéphiles. Mais aussi et surtout parce qu'il marque un pas en avant dans l'histoire de la stop-motion, Le Septième voyage de Sinbad étant le premier film du genre à avoir été tourné en couleurs. Pourtant, Ray Harryhausen (le véritable maître à bord) n'était pas très chaud à tourner en couleurs, venant tout juste de mettre au point une technique permettant d'associer les images animées en stop-motion et images live de façon invisible. Or, son système, aussi novateur soit-il, n'est pas adapté (ou en tout cas n'a pas été testé) pour la couleur. Mais le producteur Charles H. Schneer, indissociable de Ray Harryhausen (les deux hommes ont travaillés sur des films comme Le monstre vient de la mer, à des millions de kilomètres de la Terre, Les Voyages de Gulliver, Jason et les argonautes, le voyage fantastique de Sinbad, Sinbad et l'œil du Tigre, ou bien encore le choc des titans), arrive à persuader le génial animateur. ![]() Si le scénario de ce Septième voyage de Sinbad est signé Kenneth Kolb, la trame de base (qui ne suit pas véritablement celle de l'histoire perse de Sinbad) est belle et bien due à Ray Harryhausen, totalement à l'origine du projet. Un projet qu'il a vendu uniquement sur ses dessins préparatoires, où l'on retrouve déjà les monstres et autre créatures légendaires qui peupleront son film. Car, à n'en pas douter, les films de Ray Harryhausen ne sont rien d'autre qu'un vecteur pour l'animateur pour montrer ses créatures, toutes plus novatrices et marquantes les unes que les autres. Pour un peu, on en oublierait les acteurs en chair et en os. Ici, Kerwin Mathews, Kathryn Grant et Torin Thatcher. Et pourtant, à une époque où les acteurs n'étaient pas habitués à jouer devant un écran bleu (ou ici le vide pur et simple), un acteur comme Kerwin Mathews arrive totalement à donner le change, aussi bien face aux monstres géants que lors du combat final contre le squelette. Torin Thatcher quand à lui campe un méchant mémorable (allant jusqu'à se raser totalement les cheveux pour ne pas avoir à subir les séances de maquillages visant à lui faire disparaitre sa chevelure sous des postiches). Les deux hommes s'en sortent tellement bien que le réalisateur Nathan Juran, un ancien des effets spéciaux, fera de nouveau appel à eux pour son Jack le tueur de géants. ![]() Ray Harryhausen ira chercher son inspiration dans tous les mythes: Mythologie orientale tout d'abord, puisqu'il s'agit tout de même d'une histoire de Sinbad, Roc, génie et cyclope compris (car il n'y a pas que chez les grecs que l'on retrouve des cyclopes). Mythes scandinaves ensuite, avec le dragon. Indienne avec la femme serpent, ressemblant beaucoup au Naga hindouiste (et ce même si Ray Harryhausen a eu l'idée du personnage en regardant une danse du ventre au Liban). Et enfin, univers purement fantastique, avec le squelette animé. Du film, les spectateurs se souviennent avant tout des cyclopes. Il est vrai que les créatures ont un rôle important dans le film, et une durée d'apparition à l'écran dépassant de loin toutes les autres créatures. Il est aussi vrai que c'est le premier monstre que l'on voit dans le film. Mais c'est surtout parce que le monstre est extrêmement réussi qu'il marque les esprits des spectateurs. Ray Harryhausen a repris et amélioré l'Ymir de son film à des millions de kilomètres de la Terre (déjà réalisé par Nathan Juran). L'un des monstres les plus notables du film, après le cyclope, n'est autre que le dragon, pourtant rajouté relativement tardivement, puisqu'il avait tout d'abord été prévu de faire s'affronter deux cyclopes. Le dragon a d'ailleurs été l'une des animations les plus complexes du film (mais moins que celle de l'hydre de son futur Jason et les argonautes, incluant en plus de l'animation pure et simple respiration et jets de flammes (ces derniers ajoutés en postproduction, si ce terme a un sens dans les films de Ray Harryhausen, à base de lance-flamme). Le rétrécissement de la princesse a aussi posé quelques problèmes techniques, puisqu'il a fallu créer des décors à sa taille (dont un gigantesque oreiller pour la scène où l'on découvre son corps rapetissé). Le personnage favori de Ray Harryhausen reste cependant le femme serpent, un personnage certes réussi mais totalement mineur dans le film. Contrairement au squelette, dont l'armature avait été créée par le père de Ray Harryhausen, et qui deviendra l'une des spécialités de l'animateur (on retrouvera le même squelette dans Jason et les argonautes, et plus discrètement dans le choc des titans). Le Roc et son rejeton, quand à eux, se sont retrouvés affublés de deux têtes car Ray Harryhausen voulait que le spectateur n'ait aucun doute: ce n'est pas un véritable oisillon (ou oiseau) qui a été utilisé. Reste le génie, la "créature" la plus simple à réaliser, mais dont l'acteur aura été trouvé très tard dans le process. Résultat, dans nombre de scènes où on le voit de dos, il ne s'agit pas de Richard Eyer mais d'une doublure. En tout, l'animation du septième voyage de Sinbad aura pris 11 mois à un Ray Harryhausen travaillant pour ainsi dire seul sur ses créatures. ![]() En 2008, le septième voyage de Sinbad rejoint les plus grands films américains, comme Citizen Kane, Sueurs froides ou bien encore Casablanca au panthéon de la National Film Registry, institut ayant pour but la conservation d'oeuvres à caractère culturel ou historique. Ray Harryhausen retrouvera par deux fois Sinbad, tout d'abord en 1974 avec le voyage fantastique de Sinbad, puis en 1977 avec Sinbad et l'œil du Tigre, mais aucun de ces deux films n'atteindra l'aura de ce Septième Voyage. Si vous avez aimé Le Septième voyage de Sinbad, vous aimerez aussi:
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Avec Jason et les argonautes, le septième voyage de Sinbad peut être considéré comme l'un des films les plus importants de Ray Harryhausen,
véritable maître à bord de toutes les productions sur lesquelles il a œuvré. Le septième voyage de Sinbad est de plus le premier film utilisant la stop-motion
tourné en couleur, en cela il marque l'histoire du cinéma en franchissant le cap de la couleur.
La créativité de Ray Harryhausen marque chaque image de ce film, qui garde, après plus de cinquante ans, toute sa fraicheur naïve, offrant un spectacle tout public dans son sens le plus noble. Un chef d'œuvre du septième art, tout simplement. |