
Est-il possible de faire à la fois une saga de science-fiction humoristique (en quelque sorte le pendant S-F de la saga du
Disque-Monde de
Terry Pratchett) et une oeuvre solide et complexe? A cette question
Simon R. Green répond indéniablement oui, pour le plus grand plaisir du lecteur. Piochant ouvertement dans tout ce
qui se fait de meilleur de le monde de la science-fiction et de la fantasy (
Simon R. Green cite aussi bien
George Lucas que
Dan Simmons,
H.G. Wells,
R.E. Howard,
Isaac Asimov,
H.P. Lovecraft, l'univers du manga, et bien d'autres encore).
L'univers est hautement parodique et humoristique, mais en même temps d'une violence extrême, l'auteur enchaînant les scènes de carnage, de meurtres et de violence
à un rythme effréné. Et plus le cycle s'approche de la fin, plus la violence se déchaîne. Cela créé un mélange assez unique, où
dialogues savoureux (ce n'est pas de l'
Amélie Nothomb, mais on retrouve tout de même le même sens de la
petite phrase qui fait mouche) se frottent à l'action débridée. Les personnages sont savoureux, archétypés au possible (mais c'est bien là tout
leur intérêt), mais très attachants, y compris les méchants (que ce soit Finn Durandal, les cinq mystérieux surepsis, où bien encore l'Entité
nommée Terreur). Ce qui fait que même au bout de huit volumes, le lecteur ne s'en lasse pas. Il en redemanderait même encore. De là à imaginer que
l'auteur, sous la pression de son public et son éditeur, n'entame un nouveau cycle Traquemort d'ici peu....
L'auteur ose de frotter à tous les grands thèmes de la science-fiction: L'Intelligence Artificielle (peut-être un des thèmes les plus traités en SF
moderne), les voyages dans le temps (ainsi que leurs paradoxes), les technologies du futur (la nanotechnologie, le clonage,...), les voyages supra luminiques (comment faire de la SF, et
en particulier du space-opera, sans voyages plus rapides que la lumière?), les extra-terrestres, le mythe du surhomme (les espsis, les hommes améliorés par la
technologie, et bien sur les rescapés du Labyrinthe de la Folie), .... Tant de thématiques fortes qui, traités unitairement, suffisent à nourrir de nombreux
romans. Mais
Simon R. Green n'a pas peur de toutes les mélanger, sans jamais ni devenir indigeste ni se perdre dans les
méandres de la narration. Un chapeau bas tout particulier pour sa gestion des paradoxes temporels, l'auteur arrivant à éclairer d'un nouveau regard toute sa saga
grâce aux voyages dans le temps d'Owen Traquemort, plus puissant que jamais, ainsi qu'à recoller les morceaux qui restaient encore éparpillés au travers de son
univers, et ce même au bout de huit volumes (en particulier l'origine du Labyrinthe de la Folie). On peut de ce côté là considérer que
La Coda est
le plus abouti des romans de la saga Traquemort.
La Saga
Traquemort est une alternative science-fictionnelle à l'univers parodique de
Terry Pratchett, certes moins
efficace en termes de critique de notre société (mais d'un autre côté qui aujourd'hui, peur se comparer à
Terry Pratchett sur ce sujet), et moins drôle aussi (mais là aussi l'auteur de la saga du
Disque-Monde
est LA référence du genre, plus de 25 ans après la parution de son premier tome). Mais en tout cas bien supérieur à la concurrence.
Ceux qui ne connaissent pas encore
Simon R. Green doivent changer cela au plus vite! Et quoi de mieux que de commencer par la
saga des
Traquemort?