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Trahison



 
Trahison, chez l'Atalante

Auteur

Orson Scott Card

 

Genre

Science-Fiction
 

Année de sortie

1988
 

Résumé

Sur la planète Trahison, des familles traîtresses à la République purgent leur peine : un exil sans issue car la planète ne recèle pas de métaux qui leur permettraient de construire un vaisseau spatial. Pourtant certaines familles ont trouvé le moyen de se procurer du fer, et les guerres se multiplient entre ces familles-nations. Promis au trône de Mueller, Lanik Mueller est destitué, victime d'une aberration génétique. Envoyé en mission d'espionnage dans les nations voisines, il découvre des civilisations étonnantes et une conspiration qui dépasse l'entendement. Malade, isolé, pourchassé, c'est sur lui que reposera pourtant le salut des habitants de Trahison.
Dans son roman Card traite d'éthique, à travers des motifs tels que l'eugénisme, les manipulations génétiques ou la manipulation politique. Un roman à suspense, dur, où le parcours initiatique du personnage principal rappelle les aventures swiftiennes de Gulliver.


 

 


 

Avis

Note :
 
Rares sont les auteurs qui, une fois leur livre écrit et livré au public, osent y revenir, retoucher à une oeuvre qui ne leur appartient plus vraiment tout à fait, voir de la réécrire. Orson Scott Card est de ceux là!
En 1979 sort son premier roman, une planète nommée Trahison. Quoique connaissant un succès dont nombre d'auteurs se contenteraient, l'auteur de la stratégie Ender ne se sent pas satisfait de son roman (d'ailleurs la stratégie Ender aussi a connu un relifting avant de devenir le roman que l'on connait). Il mettra cependant une dizaine d'années avant de se replonger dans l'histoire de ces exilés à la recherche de fer. Il n'est pas question pour l'écrivain de totalement réécrire son roman (même si cela lui a effleuré l'esprit, car dans le principe il voit bien son roman passer de 350 à 600 pages, ayant suffisamment de matière), mais juste de corriger les quelques erreurs de jeunesse qu'il aurait commise dans son premier roman.
Cela n'est pas sans rappeler un certain George Lucas, qui n'a cherché tout au long de sa carrière qu'à améliorer les trois premiers films de sa saga Star Wars, et plus particulièrement la guerre des étoiles. Contrairement à ce que pensent ses détracteurs, le cinéaste/producteur n'a jamais eu comme principale préoccupation l'argent lors de ces (nombreuses) ressorties de ses films mythiques, mais bien l'amour du travail bien fait. C'est exactement le même sentiment qui anime Orson Scott Card lorsqu'il s'attaque à la réécriture de son roman la planète nommé Trahison.
Au début de sa carrière, Orson Scott Card ne s'intéressait qu'à la science-fiction. Il faudra attendre une dizaine d'année avant qu'il ne change de point de vue, et se tourne vers la fantasy, au travers de son cycle d'Alvin le faiseur. Cependant, Trahison (et bien entendu une planète nommée Trahison est totalement baignée de fantasy, de part son principe même, à savoir des êtres humains se retrouvant privés de ressources technologiques de part l'absence de métaux sur leur planète. La magie n'existe pas dans Trahison, mais elle est remplacée par des évolutions scientifiques et génétiques ayant d'un point de vue narratif pratiquement les mêmes effets. Pourtant, Orson Scott Card ne cherche en aucun cas à écrire un roman où s'affrontent des hordes de guerriers et de magiciens/scientifiques, comme pourrait le laisser penser les premières pages. L'auteur s'intéresse à tout autre chose: le lien étroit entre le pouvoir et la connaissance (scientifique, essentiellement, pas seulement, puisque philosophie, voir religion, ont aussi une importance capitale vis à vis du pouvoir et de ce qu'en font les puissants). Il aborde ces sujets au travers de la transformation de son héros, aussi bien d'un point de vue physique que psychologique, qui en vient à modifier totalement sa vision du monde au fil de ses pérégrinations au travers le monde de Trahison. Le héros, Lanik Mueller, n'est pas sans rappeler un certain Paul Atréide, le héros de la saga de Dune (Frank Herbert) qui, lui aussi, de part sa transformation en surhomme, en devient le messie et le sauveur de l'humanité. Les deux personnages connaîtront d'ailleurs aussi un passage (fondamental dans leur évolution) d'ermite et de réclusion, ainsi bien entendu qu'un rejet de la société dans laquelle ils vivent (les Mueller pour l'un, le gouvernement de Dune pour l'autre). Dans le cas du héros du roman de Card s'est le statut de monstre génétique qui est à l'origine de son exclusion. Sa monstruosité se traduit par l'émergence de membre surnuméraires (bras, jambes, tête, et bien sur organes génitaux -car c'est la modification de son genre sexuel qui sera le déclencheur de son exclusion). Les membres de la société où vit Lanik négocient avec les membres de la République (ceux qui ont bannis leur ancêtres) les organes inutiles qu'ils cueillent sur ceux qui sont considérés comme des monstres. La similitude avec la nouvelle la planète Shayol (présent dans le recueil homonyme) de Cordwainer Smith est frappante, tant d'un point de vue des malformations que de l'utilisation de ses monstruosités de la nature. Impossible de ne pas imaginer que l'un a copié sur l'autre. Mais lequel? A chacun de se faire une idée.
 
En tout état de fait Orson Scott Card prouve encore une fois son talent et son imagination débordante, faisant de lui l'un des auteurs actuels les plus passionnants dans le milieu de la fantasy et de la science-fiction, cela ne fait aucun doute, mais sans doute aussi tout genre littéraire confondu.

 

 


 
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