Après trois volumes, la saga d'
Harry Potter commence, sinon à s'essouffler, du moins à tourner en rond. Toujours construit sur
le même principe (d'un autre côté, c'est le postulat de départ), à savoir les aventures du petit sorcier durant une
année de scolarité dans son école, Poudlard, réservée aux mages, les différents volumes doivent, pour
intéresser le public -et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est réussi- à tout prix éviter la redite. Les deux premiers
volumes,
Harry Potter à l'école des sorciers et
Harry Potter et la chambre des secrets sont volontairement très
proches en termes d'histoires (le vilain Voldemort, responsable de la mort des parents d'Harry, cherche à revenir, et Harry l'en empêche). Le
troisième tome,
Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban,
s'éloigne légèrement de cette trame, et laisse à la fin sous entendre que les choses vont se gâter.
Harry Potter et la coupe de feu se doit donc de répondre aux attentes du public. Là dessus, le roman répondra au cahier des
charges, même s'il faudra attendre la fin du roman pour cela. Mais quelle fin! A elle seule elle rattrape un volume sans cela bien plus fade que
ses prédécesseurs, la faute au principe de l'histoire, qui voit Harry participer à une compétition où il va arriver
vainqueur de chaque épreuve. Enervant lorsque l'on sait qu'il est censé affronter les meilleurs élèves de chaque école. Il
faudra attendre là encore la fin du roman pour comprendre pourquoi il a réussi aussi "facilement" ces épreuves. Ce qui peut plaire aux
plus jeunes (un enfant qui arrive à vaincre des presque adultes) pourra faire tiquer les lecteurs plus attendant plus de réalisme dans une
saga qui se veut de plus en plus adulte. Encore une fois, les dernières pages remettent les pendules à l'heure, avec le retour tant attendu
du terrible Voldemort.
Quelques classiques de la saga sont de retour (on pourrait même dire des gimmicks), comme le nouveau professeur de défense contre les forces
du mal. Sera-t-il cette année du côté d'Harry Potter, comme l'était le professeur Lupin, ou au contraire du côté de
Voldemort, comme le professeur Quirrell, ou bien alors, comme dans le cas du professeur Lockhart, ne sera-t-il que de son propre côté?
Le professeur Rogue, bête noire d'Harry Potter, continuera-t-il à s'en prendre au pauvre petit sorcier? Ce dernier commencera d'ailleurs avec
la coupe de feu à envisager le professeur de potions comme autre chose qu'un être monochromatique, uniquement animé par la haine
et la duplicité. Se pourrait-il même qu'il soit du bon côté? A moins qu'il ne soit l'un des plus fidèles serviteurs de
Voldemort, comme le pense depuis longtemps Harry Potter? Une chose est sure, le personnage gagne en complexité, faisant de lui l'un des
personnages les plus complexes de la saga.
On trouve de très nombreux nouveaux personnages dans cet épisode. Entre le nouveau professeur, Fol Oeil, les concurrents de la coupe venant
des écoles étrangères, Fleur Delacour et Viktor Krum, ainsi que leurs professeurs, Olympe Maxime et Igor Karkaroff, les membres
du ministère de la magie, Barty Croupton en tête, et les méchants, Barty Croupton Junior, et dans une certaine mesure Rita Skeeter,
le roman fourmille de caractères secondaires, tous plus ou moins impliqués dans l'histoire.
Quelques fausses pistes, comme toujours chez
J.K. Rowling, rappelant ainsi beaucoup la
littérature jeunesse très friande de ce fonctionnement, dont la saga
Harry Potter est directement issue, mais l'auteur arrive avec
talent à ne pas embrouiller le lecteur, qui s'y retrouve aisément parmi tous ces noms, ces histoires alambiqués et ces secrets
cachés. C'est d'ailleurs en partie cela qui fait le succès de la saga, car jamais le lecteur ne se sent perdu dans un univers pourtant
totalement fictif et où à chaque page de trouvent des références parfois complexes (en tout cas pour des enfants).
Références qui sont bien souvent d'ordre mythologique (et donc facilement compréhensibles par des enfants), mais pas seulement,
puisque l'on retrouve (enfin serait-on tenté de dire) un contact direct avec la mort. En effet, si les précédents volumes
abordent le sujet à maintes reprises, elle était jusqu'alors toujours lointaine (et ce même si elle touche le héros de plein
fouet, orphelin suite à l'assassinat de ses parents; mais il était alors âgé d'un an, et cela est en quelque sorte de l'histoire
ancienne); pour la première fois la saga de
J.K. Rowling voit l'un de ses personnages
mourir. Pas l'un des personnages principaux, mais tout de même. La mort de ce personnage, Cédric Digory, est d'ailleurs traité de
bien meilleure façon que dans l'adaptation cinématographique de
Mike Newell, le film ayant du mal à rendre tangible la
tragédie pour le public (qui n'attend qu'une chose: un duel entre Harry Potter et sa Némésis, Lord Voldemort). Il faudra attendre
le volume suivant,
Harry Potter et l'ordre du phénix, pour que la mort
ne frappe quelqu'un de plus proche d'Harry. Mais c'est un début!
Sinon, nos héros grandissent, et les hormones commencent à faire leur effet... Les premiers émois amoureux touchent donc nos
héros, avec tout ce que cela implique de jalousie, complications et autres difficultés à communiquer propre à l'amour adolescent.
Pas de "passage à l'acte" pour nos principaux héros, mais les choses se précisent. D'enfantin, la saga Harry Potter devient adolescente.
Quoique plus long que ses prédécesseurs,
Harry Potter et la coupe de feu, le lecteur n'a pas l'impression qu'il se passe plus de choses
que dans les premières aventures du petit sorcier. En fait l'auteur prend son temps, et commence à fouiller plus en profondeur les motivations
de ses personnages secondaires, qui deviennent de moins en moins monochromatiques, et donc de plus en plus réalistes (sauf les Dursley qui sont
toujours aussi bêtes et méchants).
Harry Potter et la coupe de feu reçut le
Hugo du meilleur roman en 2001, sans doute plus pour accompagner la pottermania que pour
noter la réussite de ce volume (car dans ce cas là, pourquoi ne pas avoir récompensé plus tôt la saga?). Il sera d'ailleurs
le seul roman de la saga à recevoir la prestigieuse récompense.
En tout cas, la grande intelligence de l'auteur est d'avoir enfin fait revenir Voldemort d'entre les morts, avant que la saga ne s'essouffle, redonnant par
là un second élan à sa saga, qui reste encore et toujours très adictive.
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