Quiconque n'a pas vécu sur la lune ses dix dernières années (d'autant plus s'il a des enfants) n'a pas pu passer à
côté de l'événement Harry Potter, soit au cinéma, soit en librairie.
Harry Potter à l'école des sorciers
est le roman à l'origine de tout. Clairement destiné à la jeunesse, ce premier opus des aventures du petit sorcier orphelin
a su passionner les jeunes, et étonnement (à priori) les moins jeunes. Le succès a été tel qu'il est difficile de
trouver, en dehors des grands textes religieux (Bible, coran, torah,...) un écrit s'étant aussi bien vendu et ayant fait couler autant
d'encre. Mais là où les religieux du monde entier pinaillent sur bien des choses (et bien souvent sur des détails) le roman de
J.K. Rowling met tout le monde d'accord. Les raisons d'un tel succès peuvent
s'interpréter de bien des façons: talent et imagination de l'auteur; intemporalité de l'histoire; légèreté et
mystère d'un récit, en des temps où tout un chacun cherche à fuir un monde jugé trop dur; universalité de
l'histoire, ... Mais cela n'explique pas tout.
Ce qui est par contre évident, c'est l'intelligence de l'auteur,
J.K. Rowling, qui a su
recycler quelques grands classiques de la littérature du conte de fée avec un talent qu'il est difficile de lui renier, et surtout sans
jamais plagier ses ainés. L'histoire d'Harry Potter n'est après tout qu'une version moderne et masculine de Cendrillon, maltraité par
une famille d'adoption, et qui sera accueilli avec tous les honneurs dans un monde merveilleux, la magie ayant une place prépondérante dans
les deux cas (la marraine fée dans un cas, les sorciers dans l'autre). Mais on y trouve aussi une dose de magie (c'est le cas de le dire) typiquement
"Disneyenne", où l'émerveillement se trouve à chaque coin de rue (
Merlin l'enchanteur, dont Aldus Dumbledore semble être
le descendant direct, y compris lorsqu'il se transforme en hibou, animal indissociable des sorciers à Poudlard; mais aussi
Aladin avec ses
souks où l'on trouve de tout, surtout si c'est magique, ...). Pourtant, ce recyclage (où l'on retrouve toutes les grandes figures de la
fantasy, du dragon au fantôme en passant par les licornes, les trolls et autres cerbères) n'est jamais indigeste, bien au contraire. Chaque
page nous réserve sa dose de surprise, et jamais le lecteur ne s'en lasse, bien au contraire.
Les jeunes (adolescents ou plus jeunes) y trouveront un écho fort à leurs propres problèmes: sentiment d'exclusion du monde des adultes
(représenté par le monde réel, que l'on retrouve dans
le magicien d'Oz si cher aux américains); besoin de se sentir
important (surtout lorsque l'on est faible ou différent), envie de croire en la magie (le père Noël n'existe pas, c'est un fait, mais
le surnaturel... et cet envie de croire n'est pas l'apanage des jeunes, loin s'en faut!); et enfin besoin de se trouver des amis (l'ami invisible, si cher
à nombre d'enfants en est la représentation la plus extrême). D'ailleurs, si Harry se retrouve en possession d'une cape
d'invisibilité (un grand classique de la littérature de fantasy, à commencer par
le seigneur des anneaux de
J.R.R. Tolkien), ce n'est pas seulement pour permettre à l'histoire d'avancer. Quel jeune
(ou même quel adulte) n'a jamais rêvé pouvoir devenir invisible, soit pour espionner, soit pour pouvoir échapper à un
danger ou à des responsabilités?
Là où l'auteur a gagné des points auprès du lectorat (volontairement?) c'est en suivant le parcours du héros, en le
prenant comme personnage de point de vue. En effet, jamais le lecteur ne suite d'événements auxquels Harry ne participe pas, créant
ainsi une identification forte entre le héros et le lecteur. Ainsi, le lecteur découvre en même temps qu'Harry l'univers magique de
Poudlard, et donc le lecteur découvre ce que le héros découvre, voir se trompe lorsque le héros se trompe (ce qui d'ailleurs le
rend encore plus humain et réel, en opposition avec l'univers féérique dans lequel il évolue).
Ajoutons à cela une histoire mystérieuse (en fait plusieurs même, puisqu'en fil rouge tout au long des sept tomes restera le
mystère liant Harry Potter à sa Némésis, Voldemort), rappelant le meilleur de la littérature pour jeune (comme
le club des cinq),
ainsi que la littérature policière (incluant bien sur
Agatha Christie et
Arthur Conan Doyle).
Cerise sur le gâteau, le style de
J.K. Rowling est léger, et surtout très
fluide, rendant la lecture très agréable et addictive (et ce malgré le défaut principal du roman, qui sera corrigé dans
les futures aventures d'Harry, à savoir d'avoir des personnages par trop manichéens).
Ce n'est donc pas étonnant que le cinéma se soit intéressé très vite aux aventures du petit sorcier, donnant un
Harry Potter à l'école des sorciers très fidèle au roman (les autres films s'éloigneront tous, de façon plus
ou moins flagrante, des autres romans de la saga), réalisé par
Chris Colombus en 2001.
Si la saga d'Harry Potter a bien une qualité (faisant mériter à son auteur d'être fait Chevalier de la Légion d'Honneur),
c'est celui d'avoir (re)donné à nombre de personnes le goût de lire. rien que pour cela, un grand bravo à Mme
J.K. Rowling.
Titre précédent / Titre suivant de la Saga d'Harry Potter
|
|
|