Troisième tome de la saga des
Seigneurs de l'instrumentalité de l'auteur américain
Cordwainer Smith, et premier roman du cycle,
Norstralie est considéré
par les fans de la saga comme le point d'orgue de l'orgue. Ce que l'on perd en vision globale en passant du stade de la nouvelle au stade du roman, on
le gagne en profondeur et en cohérence du monde sur le cours terme. Par contre, le côté mythologique et prophétique des
précédents écrits du cycle disparaît. L'auteur a cependant plus de temps à consacrer à la mise en place de son
monde (de ses mondes faudrait-il dire), et ainsi, à l'instar d'
Aldous Huxley et son
meilleur des mondes, lorsque le choc des
cultures se produit, le lecteur a le temps d'envisager et de comprendre toutes les subtilités des idées et thèmes abordés
par
Cordwainer Smith. Les thèmes sont, pour ceux qui ont lu les autres volumes de
la saga, toujours les mêmes, à savoir le rapport au pouvoir, la religion, la différence (de race, de culture, de sexe), l'argent,
le bonheur, et bien entendu, le rapport entre les êtres humains.
Bien entendu, les plus humains seront au final, encore une fois, ceux qui a priori y ressemblent le moins, à savoir les sous-êtres,
mi-homme mi-animaux, comme C'mell (personnage que l'on avait déjà rencontré dans le
second volume, ou bien encore l'E'telekeli.
L'oeuvre de
Cordwainer Smith n'est pas sans rappeler les écrits de quelques
uns des plus grands noms de la S-F. Et c'est particulièrement vrai avec
Norstralie. La planète Norstralie, qui donne donc son nom
au roman, n'est ni plus ni moins qu'une variante à peine déguisée de la planète Arrakis, la
Dune du cycle mondialement
connue de
Frank Herbert. Entre la production d'un produit miracle (le stroon, élixir de
longue vie chez
Cordwainer Smith, et l'épice, permettant de voyager à
travers les étoiles, chez
Frank Herbert), le mode de vie rudimentaire des habitants
des deux planètes, le rôle primordial de la religion et le caractère messianique du héros, tout porte à croire que
l'un s'est fortement inspiré de l'autre. Et encore, entre
Dune et ce
Norstralie, d'autres points existent; il serait trop long de
tous les énuérer, mais citons tout de même pour l'exemple le fait que les deux planètes sont sableuses et que l'eau y est rare.
Comme pour les autres romans du cycle, le style est très poétique, et très proche du mode de narration typique du conte. Cela donne
un genre très intéressant au roman, assez rare dans le monde de la science-fiction, plus habitué à une narration très
carrée (comme par exemple chez
Isaac Asimov) mais cela a par contre comme
conséquence de créer une distanciation entre le lecteur et les protagonistes du roman.
Peut-être pas aussi génial que les références du genre
(
Isaac Asimov,
Frank Herbert,
Aldous Huxley), mais en tout cas suffisamment original et intelligent pour susciter l'intérêt des lecteurs de science-fiction les
plus regardant.
Le cycle se conclue avec le dernier tome, nommé
légende et glossaire du futur.