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Tous les garçons aiment Mandy Lane

Affiche du film

 


 

Titre original

All the Boys Love Mandy Lane

Synopsis

Mandy Lane. Si belle, si pure, si innocente. que tous les garçons la convoitent. Pour la séduire, une bande de copains l'invite dans un ranch. Au programme : sexe, drogues, alcool. et un invité surprise, qui tente de mettre la main sur le plus convoité des trophées : Mandy Lane.

Genre

Horreur

Année de production

2006

U.S.A.

Date de sortie en France

3 août 2010 (DTV)

Réalisateur

Jonathan Levine

Musique

Mark Schultz

 
 

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Amber Heard Mandy Lane
Anson Mount
Anson Mount Garth
Whitney Able
Whitney Able Chloe
Michael Welch Emmet
Edwin Hodge
Edwin Hodge Bird
Aaron Himelstein
Aaron Himelstein Red
Luke Grimes
Luke Grimes Jake
Melissa Price
Melissa Price Marlin
Adam Powell
Adam Powell Dylan
Peyton Hayslip
Peyton Hayslip Tante Jo
Brooke Bloom
Brooke Bloom Cousine Jen
Robert Earl Keen
Robert Earl Keen Keg Trucker

 

Critique du Film

Note :
 
 
 
Amber Heard court pour échapper à la mort dans Tous les garçons aiment Mandy Lane, de Jonathan Levine

 
L'Amour, la mort

Tous les garçons aiment Mandy Lane, distribué en France sous son nom original, All the boys love Mandy Lane, est le premier long métrage du réalisateur américain Jonathan Levine. Budgété à seulement 750 000 $, autant dire une misère, le film fut tourné via le circuit indépendant durant l'année 2005. Terminé en 2006, il fut présenté dans différents festivals (le seul moyen pour de petits films indépendants de trouver un distributeur), avant de se faire remarquer par les frères Weinstein qui proposèrent de le distribuer courant 2007 via leur société spécialisé dans le cinéma de genre, Dimension Films. Mais suite à l'échec commercial du diptyque Grindhouse (boulevard de la mort et planète terreur), la distribution du film de Jonathan Levine se retrouva compromise. Après une tentative de rachat des droits par le producteur du film, les droits de diffusion du film sont vendus à la société Senator Entertainment US, qui sort enfin le film sur grand écran début 2008. Et encore, le film n'aura le droit à exploitation en salle que dans quelques pays, comme l'Angleterre et l'Allemagne. Des pays comme la France et même les Etats-Unis, pourtant pays d'origine du film, ne verront le film sortir qu'en vidéo. Dans le cas des Etats-Unis, la violence, visuelle et verbale, ainsi que la présence d'adolescents consommant de l'alcool et de la drogue, et, bien sur, ayant des relations sexuelles, entrainera une classification R pour le film, limitant par la-même très fortement sa fréquentation potentielle dans les salles obscures.
 
Amber Heard les fait tous craquer dans Tous les garçons aiment Mandy Lane, de Jonathan Levine

 
Le film fut tourné au Texas, terre natale de l'héroïne du film, Amber Heard. Le choix d'aller tourner sur les terres de Leatherface n'est pas un hasard, Jonathan Levine rendant avec son film un hommage évident au massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper: en dehors du choix de la région, on retrouve cet isolement dans une campagne plombée par la chaleur, un désir de réalisme dérangeant, privilégiant l'ambiance aux scènes gores, une photographie poisseuse, et bien sur, des meurtres odieux et (pratiquement) gratuits. D'ailleurs, les deux films ont aussi en commun un tueur qui se cache derrière un masque, au sens propre chez Tobe Hooper, au sens figuré chez Jonathan Levine (cette idée sera développée ultérieurement).
Le film fut donc tourné en condition "réelles", c'est à dire dans une maison coloniale véritablement perdue au beau milieu de nulle part, mettant ainsi les acteurs en condition pour leur rôle, et créant l'ambiance désirée par le cinéaste: atmosphère d'abandon, danger omniprésent, aussi bien naturel (serpents) qu'humain (le tueur).
Autre point fort du film: la musique. Si Jonathan Levine a réussi à obtenir des musiques à prix très bas, il n'en a pas moins obtenu ce qu'il voulait, à savoir des chansons typiques des productions pour adolescents, allant aussi bien du rock à la pop acidulée. En utilisant des musiques qui sont habituellement associés aux films pour jeunes, le réalisateur cherche à mettre le spectateur en terrain connu (tout comme il le ferra en jouant avec les codes du slasher). Cependant, rapidement, en positionnant intelligemment sa musique dans son film, elle prendra une nuance mélancolique qui emmènera le film dans une direction inattendue, parfaitement en symbiose avec le sujet du film, et finalement appuiera à la perfection le message du film. De ce point de vue là, l'utilisation en toute fin du film de la chanson romantique Sealed With a Kiss, version Bobby Vinton, viendra donner au film une note déprimante fort à propos.
Le film se présente donc comme un slasher tout ce qu'il y a de plus classique. Si Tous les garçons aiment Mandy Lane joue en effet clairement et abondamment avec les codes du genre (y compris en envoyant des personnages seuls dans le noir alors même que d'autres ont déjà disparus), c'est pour mieux les détourner, et au final faire basculer le film vers le genre du survival, un genre plus dur, non pas visuellement (quoique), mais surtout psychologiquement. On pourrait même pour un peu le classifier dans le genre drame horrifique, tant les personnages, à priori stéréotypés (et ce volontairement, à la fois pour jouer encore une fois avec les codes du slasher, et ensuite parce que les adolescents se stéréotypent eux-mêmes volontairement, pour se rassurer et exprimer leur appartenance à tel ou tel groupe social auprès des autres), s'avèrent au final riches et complexes.
Tout cela dans un seul but: secouer le spectateur lors du twist final.
 
Amber Heard et Whitney Able dans Tous les garçons aiment Mandy Lane, de Jonathan Levine

 
Attention, ce qui suit dévoile des éléments clés du film, il est fortement conseillé de voir le film avant de lire ce qui suit.
 
A qui sait lire entre les lignes, ce fameux twist final ne serra pas aussi suprennant qu'il a voulu être vendu par la critique. Il n'en reste pas moins intéressant dans le cadre du film, et même absolument nécessaire d'un point de vue cohérence. Il donne en effet un nouvel éclairage sur les agissements de pratiquement tous les protagonistes du film, en particulier, bien évidemment, la très ambigüe Mandy Lane.
L'ambigüité du personnage est en effet multiple:
sexuel tout d'abord, puisqu'alors même qu'elle dégage non pas la concupiscence mais l'envie à la limite du contrôlable de la part des garçons (en fait presque l'inverse de Megan Fox dans le fun Jennifer's Body), elle même semble n'avoir au moins qu'indifférence pour la gente masculine. Une scène où on la voit seule avec Chloe vient même émettre la possibilité qu'elle soit plutôt attirée par les filles.
en amitié ensuite, puisque le spectateur ne peut s'empêcher de se demander (comme le personnage de Garth), pourquoi elle accompagne la bande de jeunes venus passer du bon temps dans la maison de Red, tant tout semble opposer la belle des autres membres de la virée. Le seul qu'elle semble à priori avoir de son côté, Emmet, elle l'envoie promener au début du film, le jetant comme une vieille chaussette. Mais, et c'est là la force d'interprétation de l'éblouissante Amber Heard, jamais on n'en vient à détester le personnage, même lors de ses actions les plus discutables.
vis à vis de son image enfin. Il est clair que Mandy Lane est consciente de l'effet qu'elle produit sur les autres, mais pourtant, loin d'en faire une force, sa beauté et la fascination qu'elle procure parait être comme un fardeau. En effet, trop belle, elle génère la jalousie des filles et l'envie des garçons. Les deux sexes la mettent ainsi plus ou moins volontairement à l'écart. Cette gêne la pousse vers une sorte de timidité, ou tout au moins de retenue, quand bien même de part sa présence même elle peut pousser les autres à mourir pour elle (la première scène du film) ou bien à tuer pour elle.
 
Et c'est bel et bien cette mise à l'écart qui va faire d'elle ce qu'elle est, à savoir une fille manipulatrice au plus haut point, capable de commanditer un massacre uniquement pour se venger de celles et ceux qui en veulent à sa beauté, pour une raison ou pour une autre. Ce n'est pas un hasard si le seul survivant de cette histoire sera celui qui n'aura pas montré d'intérêt d'ordre physique envers elle. Mandy Lane parait d'ailleurs, même si cela se passe uniquement dans le non-dit, attirée par lui, le seul qui à priori lui échappe.
Sous une apparence de fragilité et d'éblouissante blondeur, symbole d'innocence, Mandy Lane est en fait un monstre de noirceur (et c'est en cela qu'elle se rapproche de Leatherface qui lui aussi se cache sous un masque, lui aussi censé cacher sa laideur, dans son cas physique), calculatrice et forte, capable des pires horreurs. Mais en même temps, impossible de lui en vouloir, le film arrivant pleinement à nous faire ressentir de l'empathie pour cette fille esseulée, mise à l'écart par le regard des autres. Amber Heard, hypnotique, transcende par son interprétation les limites du slasher, et amène le film dans les plus hautes sphères du genre.
 
fin des spoilers
 
Whitney Able dans Tous les garçons aiment Mandy Lane, de Jonathan Levine

 
Tous les garçons aiment Mandy Lane aborde donc de façon frontale le problème de la violence chez les adolescents, une violence bien souvent induite par le regard des autres, et qui peut arriver dans des cas extrêmes à des massacres comme les faits divers américains en dénombrent régulièrement. Sans donner raison à ceux qui sombrent dans la folie meurtrière, le film de Jonathan Levine tempère cependant l'image de monstres absolus qui sont habituellement associés à ses êtres humains, eux-mêmes victimes, leurs actes (soit dit en passant totalement impardonnables) n'étant malheureusement que leur façon de crier leur détresse absolue.
 
Tous les garçons aiment Mandy Lane a connu des avis mitigés, avec d'un côté ses détracteurs, qui lui reprochent son manque de gore (en comparaison des slashers et autres torture-porn actuels, il est vrai que ..Mandy Lane est plutôt un ton en dessous des standards actuels), voir son manque de moyens (comme si la qualité d'un film avait quelque chose à voire avec l'argent qu'il a couté, surtout si l'on met en parallèle les 750 000 $ avec les millions de $ que coute le moindre film hollywoodien, cf. les 10 millions de $ en moyenne de chaque film de la franchise Saw). D'un autre côté, les défenseurs du film de Jonathan Levine y ont vu le renouveau d'un genre qui s'essoufflait, un film qui donne la part belle aux personnages (qui, pour stéréotypés qu'ils soient, n'en restent pas moins bien plus profond et humains qu'il n'y parait au premier abord). Mais c'est surtout son choix artistique, penchant vers un réalisme sordide (pas de boogeyman indestructible en stock ici), humanisant ainsi non seulement le tueur mais aussi les victimes, qui vient faire dire au défenseur de ce premier effort qu'il est une réussite totale, avec à la clé la découverte d'une actrice vouée à un avenir radieux, Amber Heard.
 
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Massacre à la tronçonneuse Massacre à la tronçonneuse Parce que le film de Tobe Hooper est l'un des influences majeures de Jonathan Levine: un Texas poisseux et mortellement dangereux, des tueurs sanguinaires qui s'en prennent aux vacanciers, et un sens de l'horreur qui glace le sang bien plus par son ambiance que par ses scènes gore
Jennifer's Body Jennifer's Body Parce que dans les deux films, il ne fait pas bon être dans l'entourage de la reine de beauté du lycée
 
 


 

Conclusion


 
Une fête qui va mal finir dans Tous les garçons aiment Mandy Lane, de Jonathan Levine

 
Malgré un budget minimaliste (750 000 $) et une exploitation en salle réduite à son strict minimum (et décalée de deux ans par rapport à son tournage), le film rapporta au cinéma quelques 1,7 millions de $, et connut en DVD un succès d'estime.
Tous les garçons aiment Mandy Lane est un film poisseux, réaliste, où les rôles entre victimes et responsables s'inversent selon le point de vue, et surtout qui ne prend pas partie.
Si le film ne compte aucune star à son casting (avec un tel budget, comment faire?), il n'en a pas moins révélé aux yeux du public (et, tout aussi important, des professionnels) le talent de l'hypnotique Amber Heard, qui transforme en or un personnage fort, très fort même, à la psychologie complexe, à la fois inadaptée sociale, rejetée par les autres (à cause de sa beauté hors norme), gênée par ce regard (envieux pour les filles et libidineux pour les garçons), et en même temps manipulatrice et d'une froideur rare.
 
Si tous les garçons aiment Mandy Lane, tous les spectateurs devraient aimer Amber Heard!

 


 
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