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![]() Après un second épisode que beaucoup préfèrent oublier, la saga des marines de l'espace tueurs d'insectes géants est de retour. Le budget de ce nouvel opus est bien plus conséquent que celui de son prédécesseur (20 millions de $ contre 7 millions pour Starship Troopers 2: Héros de la Fédération), même si on est loin des 105 millions du film de Paul Verhoeven. Mais plus important encore, Starship Troopers 3: Marauder se veut la suite du premier Starship Troopers, aussi bien au niveau de la continuité (même héros, Johnny Rico, toujours incarné par Casper van Dien) que du ton (satirique). Tout est fait pour nous faire oublier Starship Troopers 2: Héros de la Fédération, un film beaucoup trop premier degré (et raté), qui avait bien failli mettre un terme à une franchise au fort potentiel commercial. ![]() Ce qui faisait la force de Starship Troopers n'était autre que son aspect satirique, et ce même si le public, en particulier américain, n'a pas adhéré à cette approche, extrêmement critique contre le gouvernement américain. Et Starship Troopers 3 de continuer dans cette lignée, allant même plus loin, ou en tout cas frappant là où le film de Paul Verhoeven n'allait pas, à savoir, essentiellement, la religion. Non pas que Paul Verhoeven n'ait jamais osé s'attaquer à ce que certains considèrent comme au mieux un sujet sensible, au pire un tabou (cf. son très subversif le quatrième homme). Le film d'Edward Neumeier nous montre la naissance, ou plutôt la montée en puissance de la religion au sein d'une société, ou le patriotisme et la propagande forcent à un mode de pensée unique. Et s'il est vrai que le gouvernement de la Fédération ne voit à priori pas d'un bon œil cet intérêt que porte la population pour la religion, elle se rendra compte très vite de la force et de l'utilité de celle-ci. Et ne pas voir le parallèle avec le mode de fonctionnement du gouvernement américain post attentats du 11/09 (le gouvernement Bush en l'occurrence) serait faire preuve d'aveuglement. Dans Starship Troopers 3 l'on voit trois dogmes s'affronter: des chrétiens (Holly Little), une sorte de gourou représentant une déviance de la pensée religieuse historique (Omar Anoke, adepte du dieu Behemecoytal), et les non croyants (Lola Beck). Et comme aux Etats-Unis, les non croyants de s'allier (voir d'adopter la croyance) aux chrétiens pour affronter un ennemi commun (le gourou/les musulmans). Et la ferveur religieuse de mener à une véritable croisade qui ne pourra se terminer que par la destruction totale de l'ennemi (la Bombe Q qui vient détruire le dieu d'Anoke). Qui plus est, Edward Neumeier nous montre la force de la propagande, en particulier lorsque toutes les puissances d'influence se mê;lent en une seule personne, à savoir le Sky Marchal Anoke, à la fois militaire (la puissance politique), chanteur (la puissance médiatique) et prêcheur (la puissance religieuse). Et le message est clair, cela ne peut mener qu'à une seule chose: la fin de la civilisation actuelle. Et la victoire de l'Ennemi. Une façon de pousser le message de Verhoeven sur la puissance de la propagande à son paroxysme. ![]() Le Starship Troopers de Verhoeven, de façon prémonitoire, décrivait une société (américaine) où le mode de pensée unique protectionnisme menait à une dictature militaire que la politique post 11/09 aura pratiquement rendue réelle (et ce jusqu'aux journalistes filmant les scènes de guerre sur le vif à vue de propagande). Et voir des troopers/marines affronter des ennemis dans des déserts inhospitaliers ne peut que rappeler la guerre en Irak et en Afghanistan. Surtout, comme nous le montre la première partie de Starship Troopers 3, que les habitants des territoires en guerre sont loin d'être ravis de voir arriver des soldats qui leur dictent leur façon de vivre. La présence des fameux spots de propagande du premier Starship Troopers (on les retrouve aussi dans Robocop du même Verhoeven), pour ainsi dire absents du second opus, est là pour appuyer la satire politique. Et, de plus, cela créé un lien narratif entre les deux épisodes de la saga (on oublie les héros de la Fédération, devenu pour ainsi dire pratiquement un faux Starship Troopers). Et retrouver l'esprit critique de Paul Verhoeven sur ce nouvel opus n'est ffinalement pas étonnant, le Hollandais violent ayant œuvré dans l'ombre de ce Starship Troopers 3, en tant que consultant. ![]() Si Starship Troopers 3: Marauder est donc clairement le successeur du film de Paul Verhoeven, il n'en oublie pas pour autant le livre dont fut tiré le brulot politique du réalisateur de Basic Instinct, à avoir étoiles, garde-à-vous de Robert A. Heinlein. En particulier sur deux points bien particulier: Tout d'abord la bombe Q, capable de détruire une planète entière, qui rappele furieusement la bombe nova du roman. Et ensuite la fameuse section Marauders, très fortement inspirée des exosquelettes que portent les fantassins dans le roman, et ce même si dans le film ils ressemblent bien plus à des Mechas typiques de l'animation japonaise. Ces deux apports ont cependant un impact important sur la vision de l'univers. Si dans le film de Verhoeven, le combat contre les arachnides semblent être sans fin, aucune des deux parties ne pouvant véritablement faire la différence, ici il n'en va pas de même, puisqu'entre la bombe et les armures Marauders, il est difficile d'imaginer autre chose que la victoire des humains. Si jusque là la guerre était violente, terrifiante, avec à la clé une forte chance de mourir au combat, l'arrivée de ces unités Marauders vient renverser la donne, transformant cette même guerre en une guerre propre, où les humains se retrouvent à l'abri de leurs ennemis. Etrange changement de ton, qui vient pourtant être modéré par une nouvelle campagne de propagande télévisée visant à pousser encore et toujours les futurs citoyens à s'engager dans la guerre contre l'ennemi. ![]() Si les ambitions du réalisateur Edward Neumeier sont louables, il est par contre dommage que le budget ne soit pas à la hauteur des attentes. Ce film, tourné dans la nouvelle Mecque du cinéma, l'Afrique du sud, peine à satisfaire les amateurs de science-fiction haut de gamme, en raison de décors qui ont bien du mal à masquer ce qu'ils sont réellement (en particulier lors d'un visionnage du film en HD), et surtout à cause d'une modélisation numériques des arachnides bien inférieures à celles de Starship Troopers, voir même de sa suite. Car si Phil Tippett, réalisateur de Starship Troopers 2 et responsables des SFX sur le film de Verhoeven avait pu réutiliser les modélisations des arachnides de 1997, il n'en fut pas de même avec ce nouvel opus. Et c'est d'autant plus dommage que toute la partie dans le désert est visuellement très stimulante. Si vous avez aimé Starship Troopers 3: Marauder, vous aimerez aussi:
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Starship Troopers 3: Marauder, en faisant table rase du deuxième opus de la franchise, arrive à retrouver
l'esprit contestataire du film de Paul Verhoeven, et ce malgré quelques faiblesses gênantes: une direction d'acteur de piètre qualité, des acteurs ayant bien du mal
à sortir leur épingle du jeu, des SFX numériques apparents, et des décors parfois visiblement en toc.
Par contre, et c'est tout à son honneur, le film de Edward Neumeier arrive à développer les thèmes du film de Verhoeven, voir même s'attaque à un sujet rarement traité en science-fiction cinématographique: la religion. Un film certes plaisant, mais qui aurait mérité un budget plus conséquent, et/ou un réalisateur plus talentueux. ![]() |