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Film |
Année | catégorie |
L'échine du diable | 2002 | Prix de la critique internationale |
L'échine du diable | 2002 | Prix spécial du Jury |
L'échine du diable | 2002 | Prix spécial du Jury des jeunes |
Film |
Année | catégorie |
L'échine du diable | 2002 | Meilleur film d'horreur |
![]() 2002 est l'année Guillermo Del Toro: Entre Blade II et l'échine du diable, tout lui sourit. D'une côté, une grosse production d'action, que d'aucuns considèrent comme le meilleur film de la saga Blade, de l'autre une petite production espagnole plus personnelle, qui raflera tous les honneurs au Festival de Gérardmer (Pris de la critique internationale, prix spécial du Jury et prix spécial du Jury des jeunes). Le réalisateur mexicain oscillera souvent entre les films à gros et à petits budgets (plus récemment on a ainsi pu voir et un film comme Hellboy et un film comme Le Labyrinthe de Pan, ou bien encore Hellboy II: les légions d'or maudites. ![]() Ce film est le premier film de Guillermo Del Toro produit en Espagne (Pedro Almodovar); comme le sera plus tard son excellent Le Labyrinthe de Pan. Les deux films ont d'ailleurs énormément de points communs, à commencer par le sujet, à savoir le rapport entre un enfant (Carlos dans l'un et Ofélia dans l'autre) à la Guerre Civile Espagnole, dont l'immersion dans le surnaturel (le fantôme de Santí ou le monde du dessous) sera la seule échappatoire à l'effroyable dureté de la vie. De même, dans les deux cas, le véritable mal ne viendra pas de la partie fantastique du récite, mais bel et bien de l'homme, représenté parle capitaine Vidal et le terrifiant Jacinto, les deux hommes ayant d'ailleurs un rapport à la femme assez similaire. Quoique mexicain, la Guerre Civile espagnole est visiblement très importante pour Del Toro. Loin d'une simple histoire de fantôme, le film (tout comme Le Labyrinthe de Pan d'ailleurs) est avant tout le reflet du face à face violent entre le monde des enfants et des adultes, le choc étant multiplié par les événements extérieurs (la Guerre d'Espagne), la fuite vers le monde du surnaturel étant la seule échappatoire restant à ses pauvres orphelins. La bombe, plantée au beau milieu de l'orphelinat, en est l'exemple le plus visuel. Symbole absolu de la guerre, elle est vue par les enfants comme un être vivant, eux seuls semblant entendre le bruit qu'elle fait, semblable à un grognement infernal. A l'opposé, le fantôme de Santi, dont la encore l'existence ne semble être connue que des orphelins, représente bien évidemment le monde de l'enfant. D'ailleurs, ce revenant terrifiant, dont l'apparence est directement inspirée du cinéma asiatique (Ring en particulier), vu pendant les deux premiers tiers du film comme la représentation absolue de la peur pour les enfants, finira comme leur seule chance de survie dans ce monde cruel d'adulte. Comme si se plonger dans le monde enfantin était la seule échappatoire possible à la dure réalité de l'époque (le fin du Labyrinthe de Pan est d'ailleurs strictement identique d'un point de vue thématique). La vengeance ectoplasmique est un sujet cinématographique classique, mais qui sera ici retourné au profit des jeunes héros, apportant au métrage du réalisateur mexicain une originalité bienvenue dans un film définitivement riche et maitrisé par son auteur. ![]() On retrouve dans la peau du docteur Casares, seule figure paternelle de l'orphelinat et narrateur de l'histoire, le fidèle Federico Luppi, vu auparavant dans Cronos du même réalisateur. Le personnage, vu au début comme la personnification cartésienne du monde adulte protecteur des enfants malmenés par la vie, finira via un clin d'oeil au premier film du cinéaste mexicain, à faire chavirer totalement le film vers le fantastique, tandis que le début du film avait plutôt tendance à faire pencher la balance vers l'horreur, la différence entre les deux genres n'étant finalement qu'une question de point de vue. L'horreur est d'ailleurs clairement à aller chercher dans les parties non fantastiques du récit, la personnification du mal n'étant par le fantôme de Santi, mais bel et bien le jeune et beau Jacinto (Eduardo Noriega), qui sombre au fil du récit d'un personnage au passé malheureux à un monstre sans coeur (la scène où il poignarde sa fiancée pour ne pas perdre la face vis à vis de ses partenaires est significative de ce point de vue là). Plus le film avance, et plus il devient diabolique, finissant presque en boogeyman, donnant l'impression d'assiéger à lui seul l'orphelinat, dans une scène rappelant la grande époque espagnole des westerns spaghettis (le clin d'oeil ne peut pas être innocent). Le film mérite amplement les nombreuses distinctions qu'il a reçues à sa sortie, même si le second opus du réalisateur sur la guerre d'Espagne (Le Labyrinthe de Pan) est encore plus réussi. ![]() Si vous avez aimé l'échine du diable, vous aimerez aussi:
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Les films fantastiques mettant en scène des fantômes sont légions. Rares sont ceux qui arrivent à être originaux et
à traiter de sujets sérieux. L'Echine du diable est de ceux-là, arrivant à mélanger Guerre Civile, et
ses horreurs (et là on ne parle pas seulement de morts), réflexion sur la fin de l'enfance, ainsi que de l'utilité des mythes et
du fantastique dans la construction d'un être.
Guillermo Del Toro entre avec ce film dans la cour des grands, cour qu'il n'a depuis ce jour jamais quitté, enchaînant les films, tour à tour à grand spectacle ou plus personnels, toujours avec brio et originalité. Tout amateur de fantastique non formaté se doit de se plonger d'urgence dans ce film. ![]() |