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![]() Dans les années 70, le cinéma français s'était fait une spécialité du policier hard-boiled, comme par exemple les grands films de Belmondo ou Alain Delon. Avec l'arrivée des années 80, la dureté n'était plus de rigueur, ni en France, ni aux U.S.A., soit dit en passant. Arrivèrent donc des films comme l'Arme fatale (et en particulier ses suites) et autres gros films d'actions à tendance policière. Il aura fallu attendre une décennie pour que des films policiers sombres et durs reviennent sur le devant de la scène. Des films comme Se7en et le silence des agneaux sont sans doute pour beaucoup dans le renouveau du genre. Puis vinrent d'autres films, plus durs encore, comme Narc ou Training Day. Pour la France, il faudra attendre le 36, quai des orfèvres d'Olivier Marchal pour que le genre soit de nouveau pris au sérieux dans l'hexagone. Le film, scénarisé par Olivier Marchal et Franck Mancuso, tout deux anciens policiers, a apporté un réalisme qui avait disparu du cinéma policier. Franck Mancuso, fort de ce succès, propose alors un nouveau scénario, dans une ambiance assez proche du film mettant en scène le duo Gérard Depardieu / Daniel Auteuil. Ayant du mal à trouver un réalisateur pour mettre en scène sa nouvelle histoire (officiellement pour des raisons de planning), le scénariste se voit proposer de prendre en main lui-même la réalisation du film, racontant une sombre histoire de pédophilie et de meurtre d'enfants. ![]() Franck Mancuso se retrouve donc à réaliser son premier film, épaulé par les meilleurs techniciens français. Photographie, décors, costumes, mise en scène, de ce point de vue là, tout est impeccablement géré. Là où la bas blesse, c'est bien du côté de la direction d'acteurs, et en particulier des seconds rôles. C'est malheureusement une constante dans les productions françaises, les seconds rôles étant souvent laissés de côtés au moment du casting, contrairement aux productions U.S. qui font passer des auditions pour tous les rôles. Dans contre-enquête, et en dehors des premiers rôles, la direction d'acteur laisse grandement à désirer, frisant même parfois le ridicule tant certains acteurs jouent mal. Par contre, Jean Dujardin est lui bluffant dans ce rôle dur, très éloigné de ses personnages comiques (Brice de Nice, OSS117: Le Caire nid d'espion). Il tient véritablement le film sur ses épaules, secondé par un Laurent Lucas (Harry, un ami qui vous veut du bien) ambigu et très convaincant dans le rôle du condamné clamant son innocence pour le meurtre de la petite Emilie (Alexandra Goncalvez). En plus de Jean-Pierre Cassel, que l'on retrouve dans un second rôle (mais primordial pour l'histoire), Franck Mancuso a fait appel à de vrais policiers, afin de donner une véritable crédibilité à la trame de fond de l'histoire. On a ainsi souvent l'impression d'être dans un reportage relatant des événements réels. Surtout que le film a été tourné en décors réels, que les franciliens pourront facilement reconnaître (le quai des orfèvres, la forêt de Meudon, le centre médico-légal,...). ![]() Fort de son expérience sur les séries T.V. (Franck Mancuso a travaillé pendant des années sur la série Commissaire Moulin, aux côtés d'Olivier Marchal), le réalisateur a su se concentrer sur l'essentiel et ne pas faire traîner son histoire plus longtemps qu'il n'était nécessaire. Ainsi, le film est de format plutôt court (à peine 1H20), mais cette durée est parfaite au vue du récit. Cela permet aussi de ne pas trop anticiper et prévoir le (les) twist final, et donc le spectateur se retrouve surpris par ce retournement de situation inattendu. Le film arrive même à distiller un message fort sur ce sujet pour le moins houleux, à savoir le désir de trouver un coupable lorsqu'une situation aussi horrible que l'assassinat d'un enfant ce produit, ainsi que l'envie de se venger, quitte à se retrouver dans l'illégalité la plus complète. |