Un esprit menaçant se cache dans les landes désolées qui entourent les falaises d'Angleterre. Sous la forme d'un sanguinaire chien sauvage, il se nourrit de la chair tremblante des héritiers du sinistre Sir Hugo de Baskerville. Mais avant de s'attaquer au nouveau Lord du manoir, la bête devra se jouer de l'ennemi le plus puissant qu'elle ait jamais affronté : Sherlock Holmes !

 

 
Lande of the dead
 
Cette version du Chien des Baskerville version Hammer Films n'est ni la première (sans doute celle de Rudolf Meinert datant de 1914), ni la dernière (plus d'une douzaine suivront, rien qu'au XXème siècle). Jusque là, la version la plus connue était sans doute celle de 1939 réalisé par Sidney Lanfield, avec Basil Rathbone dans le rôle de Sherlock Holmes, un acteur qui jouera le détective quatorze fois entre 1939 et 1946.
En cette fin d'années 50, la Hammer Films était déjà connue pour ses films de monstres, avec en particulier Frankenstein s'est échappé en 1957 et le cauchemar de Dracula l'année suivante, deux films réalisé par Terence Fisher, et opposant dans les deux cas Peter Cushing à Christopher Lee. En 1959, les trois vedettes de la Hammer films tourneront et le chien des Baskerville et la malédiction de la momie, permettant ainsi à Christopher Lee, en seulement trois ans, de réinventer la créature de Frankenstein, le comte Dracula, et la momie. Seul le loup-garou échappera à l'acteur, qui allait devenir en seulement trois ans l'égal des maîtres de l'horreur que sont Boris Karloff, Bela Lugosi ou bien encore Lon Chaney, Jr.
 

 
Le film de Terence Fisher, en plus de pour une fois mettre les deux acteurs non pas face à face mais côte à côte, sera le premier film en couleur mettant en scène Sherlock Holmes, qui sera ici joué par Peter Cushing. Il avait été envisagé, comme pour pratiquement tous les personnages clés de la Hammer, de faire de ce chien des Baskerville le premier film d'une série d'aventures du détective privé. Malheureusement, les spectateurs de l'époque bouderont cette adaptation, et la série s'arrêtera au bout d'un seul épisode.
Ce manque d'intérêt des spectateurs est essentiellement lié à deux raisons. D'un côté, les fans de la série des films de Sherlock Holmes version Basil Rathbone n'accepteront pas de voir quelqu'un d'autres jouer Holmes. Et de l'autre, les fans de la Hammer boycotteront un film de la Hammer sans monstre. Pourtant, à y bien regarder, la performance de Peter Cushing est bien plus proche de celle décrite dans les romans d'Arthur Conan Doyle que celle de Basil Rathbone, avec un personnage supérieur, imbus de lui-même et de son intelligence, hautain, bref, presque antipathique, mais pourtant fabuleusement attachant (un petit peu comme le sera Hercule Poirot). André Morell, dans le rôle de Watson, sera quand à lui acclamé par les critiques, renvoyant le Nigel Bruce burlesque accompagnant Basil Rathbone aux oubliettes.
Et Christopher Lee, sans canines proéminentes, et sans lambeaux de peau assemblés entre eux (à l'instar du costume qu'il porte dans Frankenstein s'est échappé),fera preuve de son immense charisme, de son charme et de sa capacité à apparaître (aussi) en héros (il faudra pratiquement attendre 1976 et Les Naufragés du 747 pour le retrouver dans un rôle notable de gentil). Et pour une fois, son personnage ne meurt pas à la fin du métrage....
 

 
Si le film s'éloigne notablement du roman d'Arthur Conan Doyle, il en respecte pourtant l'esprit, autant du point de vue des personnages (Holmes et Watson en tête) que de l'ambiance. Une ambiance qui doit aussi beaucoup au style Hammer, le film répondant au cahier des charges du studio: du mystère, des meurtres (avec le fameux sang inimitable de la Hammer), des filles en proie à un danger mortel (les servantes, Cecile), mais aussi des châteaux, des landes brumeuses, des nuits aux couleurs paradoxalement très présentes. Ainsi, les spectateurs attentifs pourront reconnaître dans le manoir des Baskerville le château du Comte vampire du cauchemar de Dracula tourné l'année précédente. Les deux films ont en commun d'avoir été tournés (comme une grande majorité des films de la Hammer) au Bray Studios. Les scènes d'extérieur du chien des Baskerville ont été tournées à Chobham Common et à Frensham Ponds, deux sites situés dans le Comté de Surrey, dans la banlieue londonienne.
 

 
Le chien des Baskerville est donc une version plus ou moins libre du roman d'Arthur Conan Doyle, Terence Fisher adaptant le récit pour le faire coller à l'atmosphère de la Hammer. Et le résultat est extrêmement convainquant, d'autant plus que l'auteur n'est pas trahi, loin s'en faut, et que le studio livre ici l'une de ses plus brillantes réalisations.
Parmi les principaux changements effectués, on pourrait citer le lien familial qui unit Cecile et Stapleton (père et fille dans le film, mari et femme dans le roman); le destin de cette même Cecile, qui survit dans le roman; l'attaque de Sir Henry par une tarentule dans l'hôtel à Londres, absent du roman; la séquence de la mine, elle aussi absente du roman; l'apparence du chien de l'enfer.
De plus, ceux qui ne connaissaient pas le roman, ni la version de 1939, pourraient très bien avoir des doutes quand à l'innocence de Sir Henry, joué par Mr. monstres de la Hammer, Christopher Lee, entraînant indirectement le spectateur sur une fausse piste potentielle de bon aloi.
 

 

 
Si vous avez aimé Le Chien des Baskerville, vous aimerez aussi:
 

Si en son temps, le chien des Baskerville version Terence Fisher avait eu du mal à trouver son public, avec le temps, ce petit chef d'œuvre gothique de la Hammer est devenu culte, et est sans doute la version la plus connue du célèbre roman d'Arthur Conan Doyle. De plus, la prestation de Peter Cushing, qui retrouvera son personnage dans les seize épisodes de la série Sherlock Holmes de 1965 et le téléfilm Les Masques de la mort de 1984, incarne à la perfection le détective de Baker Street, sans doute la meilleure incarnation de Sherlock Holmes à l'écran.
 
Un film qui a du chien!