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Festival de Sitges |
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Année | Bénéficiaire
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Meilleurs maquillages | 2007 | |
Carnet Jove Jury Award | 2007 | Julien Maury et Alexandre Bustillo |
Citizen Kane Award (meilleure révélation) | 2007 | Julien Maury et Alexandre Bustillo |
Grand prix du film fantastique européen | 2007 | Julien Maury et Alexandre Bustillo |
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Festival de Sitges |
catégorie |
Année | Bénéficiaire
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Meilleur film | 2007 | Julien Maury et Alexandre Bustillo |
![]() S'il existe aujourd'hui un véritable courant cinéphilique de genre hardcore en France, mené par des noms comme Alexandre Aja (Haute Tension), Fabrice Du Welz (Calvaire, et ce même s'il s'agit d'un film belge), Pascal Laugier (Martyrs), Claire Denis (Trouble Every Day), ou bien encore Gaspar Noé (Irréversible), nul ne peut le nier. Preuve en est, les américains, maîtres du genre, ont les yeux braqués sur le France et cherchent à attirer à eux les jeunes talents horrifiques (Alexandre Aja, Eric Valette, David Moreau et Xavier Palud, et avant eux Christopher Gans). Malgré ce mouvement artistique reconnu, il reste encore aujourd'hui en France très difficile de monter un film d'horreur, en particulier s'il s'agit d'une première réalisation. C'est pourtant ce qu'ont réussi à faire Julien Maury et Alexandre Bustillo, ce dernier étant aussi scénariste du film. ![]() Très influencé par des cinéastes comme John Carpenter (en particulier Halloween, la nuit des masques) ou bien encore Dario Argento (Ténèbres), et de façon générale par le slasher et son pendant italien le giallo, Alexandre Bustillo conçoit avec à l'intérieur une histoire dérangeante, où une jeune femme enceinte se retrouve harcelée chez elle par une femme voulant à tout prix lui extirper du ventre son enfant à venir. En associant la femme enceinte, symbole de douceur et de bonheur à venir, et le slasher (brutalité et mort violente), le film toucher un quasi tabou. Rares sont en effet les films à envisager la mort par violence d'une femme enceinte (de fait, un film comme Narc, qui débute justement comme cela, reste marqué tout au long de son histoire par cette extrême violence). De plus, si le slasher peut être réduit à une image, c'est celle du sang, elle aussi très liée à la femme enceinte. Thématiquement, accouchement et slasher ont cela qui les oppose que dans un cas la douleur vient d'un désir de sortie du corps (le bébé), et dans l'autre de celui d'une pénétration (la lame du tueur dans le corps de la victime). Une pénétration qui souvent, s'accompagne d'une connotation sexuelle. Or, sans sexe, pas de femmes enceintes! C'est dire si associer l'un et l'autre s'avère d'une logique thématique implacable. Et comme si cela ne suffisait pas, les deux réalisateurs font le partie pris d'un gore assumé, frontal et sans concession. Et faut-il rappeler à quel point un accouchement peut s'avérer violent et difficile pour une femme? ![]() Alexandre Bustillo et Julien Maury livrent avec à l'intérieur un film abouti techniquement, mêlant habillement effets en live (la grosse majorité des effets) et CGI (totalement transparents), le tout habillé par une photographie (due à Laurent Barès) mettant en valeur à la fois les ombres (les noirs sont omniprésents, et presque toujours insondables) et le sang (rouge et lui aussi omniprésent). Les réalisateurs ne tombent pas dans le piège de la caméra virtuose (le risque lié aux tournages en lieu clos). Par contre, ils n'hésitent jamais à se montrer complaisant avec le gore (mais une complaisance assumée), à la limite du Grand-Guignol, avec comme conséquence, au choix, soit de faire fuir ceux que rebutent les excès de ce type, ou au contraire de satisfaire ceux justement en demande de ce genre d'effets, bien trop rarement traités au premier degré au cinéma. Même des films comme Hostel n'osent pas être totalement premier degré dans l'approche. A l'intérieur est un film suffisamment notable pour que Srdjan Spasojevic, réalisateur d'un Serbian Film justement réputé pour ses excès gore premier degré cite le film d'Alexandre Bustillo et Julien Maury comme un exemple qu'il a voulu suivre avec A serbian film. A noter que, comme la plupart du temps lorsqu'un ex-journaliste cinématographique devient réalisateur (cf. Yannick Dahan ou bien sur Christophe Gans), le défaut principal dans la mise en scène est la même, à savoir une précision notable dans la technique au détriment d'une direction d'acteurs médiocre. ![]() A l'intérieur n'est pas un film manichéen. Si à première vue, le film nous propose d'assister au combat à mort entre une gentille fille (Alysson Paradis) et un monstre sanguinaire (Béatrice Dalle), petit à petit les réalisateurs vont tempérer cette idée. Si le personnage de Sarah ne va pas tellement évoluer (en tout cas vis à vis de son image), celui de Béatrice Dalle va, petit à petit, se complexifier au point d'arriver à faire ressentir au spectateur une certaine empathie envers elle, et ce même si jamais ses actes ne quitteront le cadre de l'inadmissible. De monstre sanguinaire intouchable, façon slasher donc, elle devient femme, rendue folle par les événements, une femme qui rappelle thématiquement celle jouée par Mia Farrow dans Le Cercle infernal, à savoir une femme capable de tout pour serer son bébé dans ses bras, y compris de tuer ou de mourir. Si la Femme a donc l'invulnérabilité (de façade) et le don d'ubiquité des tueurs de slashers, elle a cependant les oripeaux typiques des tueurs de Giallo, à savoir une arme blanche (couteau, ciseaux, ...), et bien entendu des gants noirs (cf Six femmes pour l'assassin de Mario Bava). Et femme giallesque oblige, une grande robe (noire, bien sur), gothique au possible, quand à elle inspirée des vêtements portés par Deborah Kerr dans Les Innocents, un film qui a servi d'influence majeure au film de Alexandre Bustillo et Julien Maury non pas tant dans le fond que dans la forme narrative, à savoir privilégier les plans figés aux plans en mouvement pour créer l'angoisse. ![]() A l'intérieur a bénéficié d'un budget de 2,5 millions d'euros, c'est à dire le budget de pratiquement tous les films du courant hardcore horrifique français (Haute tension d'Alexandre Aja, Frontière(s) de Xavier Gens, La Horde de Yannick Dahan et Benjamin Rocher, Martyrs de Pascal Laugier, La meute de Franck Richard ont tous des budgets compris entre 2 et 3 millions d'euros). Sans surprise en salles le film ne remportant pas assez pour rembourser le budget, avec seulement 500 000 euros de recettes. Mais ce résultat est à pondérer par une sortie en salles limitées, un positionnement peu attractif (ultra violence, gore à outrance, thématique générale difficile), un public forcément restreint, et un ciblage plutôt conçu pour le marché de la vidéo. Impressionné par le résultat, le réalisateur espagnol Jaume Balagueró ([REC]) a montré son envie d'en réaliser un remake dans un futur plus ou moins proche. Si vous avez aimé A l'intérieur, vous aimerez aussi:
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A l'intérieur est un film entier, qui ne prend pas le genre de haut, qui s'autorise des débordements gore et thématiques rares (le supplice d'une femme enceinte), et qui
offre à ses deux interprètes, Alysson Paradis et Béatrice Dalle une véritable lutte de titans, sans merci et sans concession.
Avec son traitement hyper (presque supra) réalise, à l'intérieur ridiculise visuellement parlant pratiquement tous les slashers américains actuels, aseptisés et par trop consensuels, à défaut (mais ce n'est pas le but) de créer un spectacle facile à suivre et distrayant. De par son sujet et son traitement, il ne sera destiné qu'à un public "choisi", amateur de sensations très fortes. Une chose est sure, que l'on aime ou pas à l'intérieur, il faut reconnaître les deux jeunes réalisateurs, Alexandre Bustillo et Julien Maury comme deux artistes talentueux sur lesquels il faudra compter dans les années à venir. ![]() |