Umberto Eco nous propose de retracer l'évolution des canons de la beauté, ainsi que ses diverses représentations
artistiques (peinture, sculpture, musique, littérature), tout au long de l'Histoire occidentale. Non pas que les autres cultures n'ont pas traités de ce sujet, mais un livre n'y suffirait
pas. Car, contrairement à une idée reçue, il n'y a pas un canon de la beauté, bien au contraire (il suffit de comparer la Vénus de Milo aux demoiselles de
Picasso pour s'en convaincre). Et l'auteur, éminemment érudit, de non plonger dans une orgie de corps plus parfaits les uns que les autres (en tout cas vus comme tels en leur
temps). Et plus important encore, de nous expliquer pourquoi et comment ces canons en sont venus à évoluer à travers le temps.
Bien sur, un livre comme
Histoire de la beauté s'adresse avant tout à des lecteurs cultivés, voir érudits, qui ne s'effraient pas de passer de
Platon à
De Vinci, puis de
Caspar David Friedrich à
Man Ray. Riche, très riche, même, cette
histoire de la beauté peut même s'avérer ardu
à lire, tant les références et citations sont nombreuses et diverses (occupant même au final une place plus importante que le texte de l'auteur). Mais pour celui (ou celle)
qui aura la volonté d'aller au bout de ce pavé, quelle richesse culturelle il trouvera.
Si l'on ne retrouve pas l'humour habituel des textes d'
Umberto Eco (cf. des titres comme
Pastiches et postiches,
De Superman au surhomme, ou bien encore
comment voyager avec un saumon), c'est bien entendu que la cible visée
n'est pas tout à fait la même, ou en tout cas qu'associé à un tel travail de recherche et de documentation, une plume plus universitaire et neutre est de rigueur.
Un très bel ouvrage, d'une richesse exceptionnelle, indissociable de son pendant (et soit dit en passant encore plus riche),
Histoire de la laideur.