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De Superman au Surhomme



 
De Superman au Surhomme, au Livre de Poche

Auteur

Umberto Eco

 

Genre

Essai
 

Année de sortie

1985
 

Résumé

Pourquoi et comment lit-on les romans-feuilletons ? Quels sont les mécanismes de la narration, les astuces et les " ficelles " dont se sert un auteur pour tenir son lecteur en haleine ? Comment fonctionne l'idéologie de la consolation - ou comment le héros console le lecteur de ne pas être un surhomme ?
Umberto Eco enquête sur le roman populaire et met ses champions à la question. De Rocambole à Monte-Cristo, d'Arsène Lupin à James Bond, de Tarzan à Superman, ce sont les principales figures de la mythologie littéraire contemporaine qui sont examinées à la loupe.
Apologie superbe d'un univers romanesque parfois injustement déprécié, De Superman au Surhomme nous révèle de manière exemplaire que "lire facile" ne signifie pas nécessairement "lire idiot".


 

 


 

Avis

Note :
 
De Superman au Surhomme, en Livre de Poche (ancienne édition) Umberto Eco n'a jamais caché son amour pour la littérature populaire. Bien avant son roman semi-autobiographique La Mystérieuse Flamme de la reine Loana, l'auteur du Nom de la rose s'attèle à décrypter le mode de fonctionnement de ce pan de la littérature, injustement considéré (par les critiques en particulier) comme de la sous-littérature. De Superman au Surhomme, au travers de ces huit essais, nous démontre le lien étroit entre des auteurs comme Ian Fleming, Alexandre Dumas, ou bien encore Eugène Sue d'un côté et Kant et bien sur Nietzsche de l'autre côté, l'influence n'étant d'ailleurs pas forcément toujours dans le sens que l'on pense.
De même, en italien marqué par son histoire, Umberto Eco ne peut manquer de faire le lien entre le héros de la littérature populaire (ainsi, bien entendu que son pendant cinématographique), et le surhomme né du fascisme. L'auteur ne manquera pas de rappeler (ou d'apprendre) à son lecteur que le Duce a aussi écrit des romans populaires, avant de devenir l'homme que l'histoire a retenu.
Umberto Eco analyse plus spécifiquement deux auteurs dans son traité, à savoir Ian Fleming et Eugène Sue, et entre analyse de style et impact culturel et idéologique, le lecteur sera surpris de découvrir à quel point ces auteurs, non seulement faisaient preuve d'une réelle qualité plumitive, mais aussi ont eu une influence majeure (en particulier pour Sue) sur leur époque. Et dans le cas du père de James Bond d'une véritable culture littéraire (il est d'ailleurs utile de préciser qu'Umberto Eco a écrit cette analyse au tout début de la Bondmania, c'est à dire dans les années 60).
Umberto Eco s'intéresse aussi à quelques personnages de fiction tirés de la littérature populaire, et plus précisément des romans à feuilleton, et les dissèque, autant d'un point de vue culturel que psychologique, ainsi que pourquoi ces personnages ont eu (et continuent à avoir) un tel impact sur le lectorat. On retrouve donc Tarzan, Arsène Lupin, Rocambole, Monte-Cristo, James Bond et bien entendu Superman.
Un parallèle intéressant est aussi fait entre les super-héros d'aujourd'hui (qu'ils aient des pouvoirs comme Superman ou qu'ils soient juste extraordinaires comme Fantômas) et ceux d'hier (Hercule, Beowulf, Arthur, ...). Entre points communs et divergences, ces archétypes nous renseignent à la fois sur notre société et sur celles de nos ancêtres.
 
En plus d'être très instructif, cet essai sait rester à un niveau de vulgarisation permettant à un non sémioticien (ou psychanalyste) de comprendre la finesse d'analyse de son auteur. Et, cerise sur la gâteau, l'humour n'est pas absent des quelques 200 pages de ce Superman au Surhomme, ce qui n'en rend la lecture que plus aisée.
A conseiller à tous ceux qui auraient honte d'avouer qu'ils aiment la littérature populaire (et en particulier les romans de type feuilletonesques), ainsi qu'à tous ceux qui dénigrent (à tort) tout un pan artistique et culturel de notre société. D'ailleurs, un auteur comme Alexandre Dumas, considéré aujourd'hui comme un classique, n'est après tout rien d'autre qu'un de ses romanciers, payé à la ligne, dénigrés et diabolisés par tout un pan de la critique.

 

 


 
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