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La Porte Obscure.
Les années 50 étaient friandes d'histoires de science-fiction alarmistes, où invasion extra-terrestres, futur post-apocalyptique,
contrôles de la population par des forces cachées, et autres univers sombres étaient décrites.
Les marteaux de Vulcain
n'échappe pas à cette règle. Lorsque l'on sait que l'un des spécialités de
Philip K. Dick est justement de décrire des mondes délabré, où
la paranoïa est reine, on se dit que ce genre de récit est fait pour lui.
L'histoire des
marteaux de Vulcain commence donc par nous décrire une organisation mondiale ayant le contrôle du globe, sorte
d'administration tentaculaire, seul espoir de travail et de prospérité pour une grande majorité de la population mondiale
(un classique chez
Philip K. Dick, chez qui travail, prospérité et danger
riment souvent avec gouvernement, une sorte de
Brazil avant l'heure, en somme). Mais au sein de ce gouvernement, chaque dirigeant local cherche
à s'accaparer le travail de son supérieur direct, soit par l'excellence (le héros), soit par la délation (voir le meurtre).
Leur but à tous est le même, s'approcher du pouvoir central, l'ordinateur géant Vulcain III, qui influence et guide la vie de
l'humanité, à l'abri de la corruption et des erreurs (purement humaines, comme chacun le sait).
Ainsi donc, l'être humain n'est pas maître de son destin. Incapable de s'occuper de lui-même, il doit faire appel à une
instance extérieure (dieu de répondant pas à ses appels, comme dans d'autres romans de
Philip K. Dick), seule capable de mener l'humanité hors du chaos dans lequel il se
trouve. Dans
Loterie Solaire, c'est le hasard qui guide la race humaine, dans
le maître du haut-château le Yi-King, dans
les androïdes rêvent-ils de moutons électriques c'est au
tour du prophète Mercer de s'en occuper. Et bien, dans
les marteaux de Vulcain, c'est un ordinateur géant.
Mais cet ordinateur s'avère au final beaucoup moins amical qu'il n'y paraît initialement, car il se trouve en concurrence avec quelqu'un (ou
quelque chose) d'autre (il faut lire le roman pour découvrir ce que c'est). Et la réponse de Vulcain III pour garder la mainmise sur
l'humanité est pur le moins radicale.
Même si le thème de l'ordinateur se rebellant contre ses créateurs est un des thèmes les plus classiques (et les plus
traités) de la science-fiction (en particulier durant son âge d'or),
Philip K. Dick,
en y mêlant ses propres thèmes (paranoïa, futur post-apocalyptique, héros de la middle-class -et ce même si dans le cas
présent le héros fait partie de la classe dirigeante, il a en fait tous les "tics" du héros dickien luttant contre des classes
dirigeantes écrasantes), arrive à livrer un roman non seulement original, mais surtout très attachant, en particulier grâce
à son twist (au deux-tiers du roman, remettant en cause nombre de choses que l'on tenait pour acquises jusqu'alors).
Le cinéma, et en particulier Hollywood, toujours à la recherche d'histoires peu connues d'auteurs célèbres, au potentiel
riche, mais aux possibilités de divergence fortes, ne s'est pas encore plongé sur
les marteaux de Vulcain. Ceci est très
étonnant, car ce roman remplit en tout point le cahier des charges des studios. Peut-être qu'un jour...
C'est bien ce que l'on peut souhaiter à ce roman.