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La Porte Obscure.
Loterie solaire est le premier roman publié par
Philip K. Dick. On sait
déjà poindre le génie, même si l'histoire reste confuse, et qu'il est parfois difficile de rentrer dans le roman, en
particulier lorsqu'il s'agit de comprendre les motivations des protagonistes. Mais l'idée de base (comme toujours chez
Philip K. Dick) est alléchante: Afin de régler les problèmes de
manigances politiques dans le seul but d'atteindre les plus hautes sphères du pouvoir, la nomination au poste suprême est livré au
hasard, basé sur l'algorithme Minimax, créé par
John von Neumann. Chacun a ainsi une chance à priori égale
d'obtenir le titre de Meneur de jeu. Mais l'assassinat est officialisé, ainsi que l'achat et l'échange de cartes (les cartes permettant de
jouer au tirage au sort), ceci permettant de gonfler les chances de chacun.
Avant tout, ce récit est une fenêtre sur la psyché d'un des auteurs les plus fascinants de la science-fiction moderne, dans lequel
on retrouve les peurs et les angoisses d'un homme hors norme. Clairement, il fait apparaître sa vision du monde, à savoir un univers
uniquement guidé par le chaos et le hasard, où l'homme, s'il veut survivre, se doit d'aller dans le même sens, et laisser le chaos
gérer sa destiné. On retrouvera le même fonctionnement dans son roman le plus connu,
le maître du haut château,
où la population se laisse guider par les choix d'un jeu de hasard, le Yi-King.
Dans ce roman, le héros est un middle-class man, comme on en retrouvera des dizaines dans l'oeuvre de
Philip K. Dick, lui-même se considérant comme tel (et ce même si son
travail n'est pas un travail de bureau, mais artistique). La difficulté de vivre dans le monde futuriste très sombre que décrit
l'auteur est aussi une constante chez
Philip K. Dick, le héros se faisant manipuler par
les puissants, soit à son insu, soit par la force (là aussi, on retrouvera bien souvent cette idée de manipulation par les
instances dirigeantes).
Intéressant à titre historique (les débuts d'un maître sont toujours passionnants),
loterie solaire peine cependant
à plonger le lecteur dans son univers, peut-être trop diffèrent et à la fois trop proche du notre pour que les repères
soient clairs. La fin du roman est cependant plus réussie que le début, et laisse le lecteur qui a eu le courage d'aller jusqu'au bout
sur une bonne impression.