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Chartres et l'énigme des druides



 
Chartres et l'énigme des druides, de Jean Markale, chez Pygmalion

Auteur

Jean Markale

Genre

Essai
 

Année de sortie

1988

Résumé

La cathédrale de Chartres est incontestablement l'un des plus beaux sanctuaires de toute la chrétienté, tant par son architecture et la richesse artistique de son ornementation, que par la valeur symbolique de son ensemble. Mais c'est surtout un sanctuaire dédié à la Vierge, et cela, semble-t-il, bien avant l'introduction du christianisme en Gaule. Quelle est donc cette mystérieuse Virgo paritura que les Druides auraient vénérée à l'emplacement même de la crypte de la cathédrale actuelle, dans une grotte ou dans un temple en plein air ? Ne serait-elle pas, cette " Notre Dame de Sous-Terre ", l'image de la Mère universelle, la Déesse des Commencements, celle " sur le point d'enfanter " le monde, vers laquelle se dresse l'humanité entière, celle enfin que les chrétiens ont fini par identifier à l'Immaculée conception ? A travers la cathédrale de Chartres, haut-lieu de la dévotion mariale, mais également à travers le labyrinthe de la vieille ville, si chargée d'histoire, d'étranges voix se font entendre. Chartres n'estelle pas située au centre de la Beauce, recouverte autrefois par une forêt immense, la forêt des Carnutes, qui, selon Jules César, abritait le plus grand sanctuaire de toute la Gaule, sanctuaire où les Druides venaient célébrer, une fois l'an, de très secrètes liturgies ? Ce qui est sûr, en tout cas, c'est qu'il existe une filiation évidente entre le culte druidique de la Déesse-Mère et le culte de la Vierge Marie, culte lié lui-même aux représentations dites de la " Vierge Noire ". Or, si NotreDame de Chartres, comme celle du Puy-en-Velay, comme celle de Rocamadour, est une " Vierge Noire ", que recouvre donc son image mythique, surtout dans un pays marqué par la présence indélébile des Druides ? C'est à tous ces problèmes nimbés d'ombre que cet ouvrage, captivant et hautement documenté, tente de répondre, aussi bien par l'archéologie que par l'histoire, la mythologie et l'histoire des religions.

 

Avis

Note :
 
La cathédrale de Chartres, qui a inspiré à Jean Markale nombre d'idées Jean Markale fait partie de ses auteurs qui posent problème. D'un côté, ils font montre d'une érudition (de façade) qui force le respect. De l'autre, ils accumulent les théories les plus farfelues, et avancent nombre de preuves difficilement vérifiables. Le lecteur un tant soit peu suspicieux aurait tendance (il y aurait sans doute raison) à classer cet auteur parmi les charlatans. Surtout qu'au long de sa carrière et de ses nombreux écrits, l'homme s'est attaqué à des sujets aussi divers que la Triangle des Bermudes (L'Enigme du triangle des Bermudes), le trésor de Rennes-le-Château (Rennes-le-Château ou l'énigme de l'or maudit), le Graal (Brocéliande et l'énigme du Graal), l'Atlantide (Carnac et l'énigme de l'Atlantide), et bien d'autres encore.
Seulement voilà, sans même croire ce qui est écrit dans ce livre, le lecteur ne pourra pas s'empêcher de se dire que son analyse générale sur l'absorption des religions anciennes par les nouvelles, et en particulier leurs habitudes de culte, sonne étrangement juste. Et correspond assez à ce que d'autres historiens et archéologues ont pu noter. Ce qui, en fin de compte, remet en question nombre d'acquis religieux, en particulier, dans le cas qui nous concerne ici, sur le christianisme. Et en allant un petit peu plus loin dans la réflexion, jusqu'à remettre en cause l'idée même du Dieu des chrétiens.
Par exemple, Jean Markale rappelle, à juste titre, que le principe d'Immaculée Conception, aujourd'hui absolument indissociable du personnage de Marie, est en fait un concept très récent, puisqu'il date de la bulle pontificale de décembre 1854, due à Pie IX. Quand à la virginité de cette même Marie, elle est certes plus ancienne, mais datant tout de même du deuxième concile de Constantinople (553). Qu'en déduire sinon que le dogme est aussi mouvant que les hommes qui le font?
Mais ce qui intéresse Jean Markale, c'est de "démontrer" que le culte marial, en particulier à Chartres, est plus ancien que le christianisme, et qu'il est hérité de croyances druidiques et celtes. L'auteur en profite d'ailleurs pour rappeler que la fête de Noël, déclarée jour de la naissance du Christ en 354 par le pape Liberus, n'est rien d'autre que l'accaparation de la fête de Mithra, qui avait lieu le 25 décembre, cette divinité perse ayant été pendant des siècles (jusqu'à son interdiction en 391) l'un des principaux rivaux cultuels du christianisme. De même, l'image cornue du Diable serait une récupération de Cernunnos, l'un des dieux Gaulois (qui habituellement, est plutôt associé à deux saints bretons, saint Edern et saint Théleau).
En dehors de l'auteur (qui, soit dit en passant, aime à se citer lui-même), peu de scientifiques ou d'historiens trouveront beaucoup de crédit dans ses théories, en partie à cause d'un manque cruel de preuves (d'ailleurs, Jean Markale lui-même présente ses idées comme étant des théories, ce qui en dit long sur le crédibilité qu'il porte à son histoire).
 
Alors oui, son récit manque de preuve, accumule les théories fumeuses (on est loin, cependant, des délires d'un livre comme l'Enigme sacrée), et s'éloigne pratiquement constamment de son sujet (la cathédrale de Chartres), mais pourtant s'en dégage l'idée que les religions (et en particulier la religion catholique) ne sont rien d'autre que le mélange des religions passées, où le geste cultuel aurait pris le dessus sur le sens, au point de perdre l'idée originelle. En cela, un livre comme Chartres et l'énigme des druides mérite que l'on s'y intéresse, surtout couplé à un livre comme pour en finir avec Dieu (Richard Dawkins), qui aborde quand à lui le problème divin non pas d'un point de vue historique mais scientifique. Chartres et l'énigme des druides ou l'un des rares cas où les charlatans rejoignent les hommes de science!

 


 
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