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La Tyrannie de la Nuit, tome 1 du cycle des Instrumentalités de la Nuit


 


 
La tyrannie de la Nuit, Edition Atalante, collection Dentelles du Cygne

 

Auteur

Glen Cook

 

Genre

Heroic Fantasy
 

Année de sortie

2005
 

Résumé

Une Terre qui pourrait n'être pas la nôtre mais celle d'un univers parallèle, dans un Moyen Âge où se télescopent quatre siècles. Un patriarche légitime à Viscesment et un usurpateur à Brothe, un empereur du Graal qui rappelle beaucoup celui du Saint Empire romain germanique, des croisés qui cherchent à récupérer des "Terres saintes", une hérésie maysaléenne et des Parfaits... La guerre entre l'Orient et l'Occident...
Dans ce monde agité de convulsions sismiques, où chaque souverain magouille de son côté pour acquérir la suprématie, où les espions pullulent et où royaumes, empires, provinces et principautés ne cessent de guerroyer, Else Tage, sha-lug et espion de Gordimerle Lion, est chargé par son suzerain et maître d'infiltrer les plus hautes instances de la Rome médiévale de cet univers-là : Brothe. Intelligent, courageux et fondamentalement humain, il y réussirait presque avec les moyens du bord si la sorcellerie ne s'en mêlait pas. Car le pouvoir magique qui jaillit des puits d'Ihrian, dans les Terres saintes, et empêchait jusque-là les glaces polaires de recouvrir le monde, vient à se tarir...
 
Lire Glen Cook, écrit Steven Erikson, "c'est comme de lire sous peyotl une fiction sur la guerre du Vietnam".
Après la Compagnie noire, La Tyrannie de la nuit ouvre un nouveau grand cycle de fantasy de Glen Cook, qu'il est en train d'écrire.


 


 

Avis

Note :
 
Glen Cook est un auteur monomaniaque. Visiblement très marqué par son passage dans l'armée, il n'aura de cesse tout au long de sa carrière de revivre son expérience, ou tout du moins sa vision de la vie militaire, et en particulier en cas de guerre (sale, de préférence), au travers de son oeuvre. Son dernier cycle en date, les instrumentalités de la nuit, n'échappe pas à la règle. Mettant en scène un monde de fantasy calqué sur l'Europe et le Moyen-Orient à l'époque trouble des croisades, son cycle évite la prise de partie pour l'un ou l'autre bord. Le héros, espion du pays de Deanger (une sort de mélange entre l'Egypte et la Palestine), et infiltré à Brothe (capitale religieuse de l'autre bord, en gros Rome), bien qu'oeuvrant pour l'un, ne juge jamais l'autre camp, bien au contraire. C'est d'ailleurs l'un des grandes forces de ce roman, car le héros, Else Tage, se retrouve souvent confronté à des choix difficiles, devant affronter allégeance à son peuple ou à ses frères d'armes. Que va-t-il choisir? Quelle est la meilleure voix, pour sa mission, pour lui-même, et pour ses proches?
Le roman ne se concentre par seulement sur Else l'espion, loin s'en faut. Un groupe de guerriers nordiques (des vikings à la Glen Cook), venus d'une autre époque, eux aussi menant une sorte de croisade divine, sont de la partie. On sent la rencontre entre ce groupe et Else inévitable, même si les liens entre les personnages n'est à priori pas très clair. Mais la rencontre ferra des étincelles...
Enfin, un troisième personnage sort du lot des nombreux figurants de cette lutte pour la domination religieuse du monde connu, un prêtre parfait, frère Chandelle (un cathare? Ou bien plutôt un franciscain, comme le laisse supposer son statut par rapport à l'église officielle du monde décrit par l'auteur). Ce dernier personnage sert essentiellement à l'auteur à décrire la complexité du monde religieux de son monde, et en particulier les luttes intestines au sein même de son Eglise.
Ce dernier point est d'ailleurs le sujet le plus sensible de ce roman, car à double tranchant. Extrêmement complexe (des personnages secondaires innombrables, des sujets de discorde souvent purement théologiques), tous les moments concernant l'univers du roman et ses ramification politico-économico-religieuses peut rebuter plus d'un lecteur, qui risque de se perdre dans des sujets très (trop) complexes. Mais en même temps, c'est ce qui rend son roman si crédible. On sent derrière tout cela un monde cohérent, possédant une vie propre. Le livre rappelle d'ailleurs plus par moment Baudolino d'Umberto Eco que, pour n'en citer qu'un, La Belgariade de David Eddings.
Ce n'est pas la première fois que Glen Cook s'inspire de notre monde pour ses romans. Déjà, dans sn cycle de la Compagnie Noire, il était possible de reconnaître l'Inde, l'Afrique et bien entendu l'Europe, dans les pays visités par les porteurs des annales de la compagnie. Dans Qushmarrah, c'est l'Orient ancien (Ur, Babylone) qui est source d'inspiration pour l'auteur. Dans ce nouveau cycle, l'auteur met la barre un cran plus haut, en s'attaquant à une histoire plus proche de la notre (les croisades), et dont les répercussions sont encore importantes de nos jours.
Comme chez Umberto Eco (et en particulier le Nom de la Rose), Glen Cook, au travers de son personnage cynique de guerrier espion, se moque des guerres intestines au sein de la Religion, censée être porteuse de la Vérité de Dieu, mais en fait servant avant tout la politique des hommes au pouvoir. La dérision est de rigueur, mais les événements décrits, eux, ne prêtent pas à rire.
Comme dans tous les romans de l'auteur (son principal défaut étant de ne pas réussir à dévier de son style), le rythme est haché, à base de phrases courtes, rappelant fortement le style journalisme de guerre. Souvent décrié pour l'usage de ce style d'écriture, jugé peu littéraire, l'auteur se démarque pourtant de ses concurrents grâce à son écriture si spécifique.
Un autre point commun à tous ses récits est la magie. Toujours dangereuses, réservée à quelques rares élus, elle est toujours difficile à mettre en oeuvre, et encore plus difficile à stopper. Fascinante par son côté obscur (c'est toujours le cas) elle est utilisée par les deux bords, chacun accusant l'autre d'utiliser les armes de l'ennemi pour l'affronter. Cet amour/haine vis à vis de la sorcellerie, absent de la compagnie noire, est une des grandes idées de ce nouveau cycle.
 
Complexe, voir compliqué, le nouveau cycle de Glen Cook peut en rebuter plus d'un, habitué à de la littérature popcorn (se dévorant sans difficulté, mais s'avérant au final sans saveur), mais prouve (si besoin est) que l'auteur de la compagnie noire est un grand de la fantasy. Mieux maitrisé d'un point de vue narratif (on sent les progrès de conteur qu'a fait l'auteur depuis ses débuts), le cycle des instrumentalités de la nuit reste paradoxalement moins prenant que son cycle le plus connu, la compagnie noire. Sans doute est-ce du à des personnages moins attachants, ainsi qu'à l'impression (légère, mais néanmoins présente) de redite par rapport à ses précédents romans.
La suite de ce roman se nomme Seigneur du royaume silencieux.

 

 


 
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