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Preuves des civilisations extra-terrestres



 
Preuves des civilisations extra-terrestres, chez France-Loisirs

Auteur

Erich von Däniken

Genre

Essai
 

Année de sortie

1988

Résumé

Soucoupes volantes et cités spatiales existaient-elles déjà il y a des milléaires?
Parlait-on de la guerre des étoiles à l'époque où nos ancêtres vivaient dans des cavernes?
Après avoir fait le point sur les étapes de l'industrialisation de l'espace et les missions prévues jusqu'aux plus lointaines étoiles, cet ouvrage relève, à travers les mythes, les textes religieux anciens, les vestiges des civilisations disparues, les preuvent qui semblent établir que les hommes primitifs ont reçu la visite des extra-terrestres...


 

Avis

Note :
 
Preuves des civilisations extra-terrestres, Edition Le Rocher Malgré le succès de ses précédents ouvrages, l'ufologue Erich von Däniken a essuyé critique sur critique, aussi bien de la part de ses pairs (les ufologues donc) que de la part des scientifiques de tout poil, d'aucun lui reprochant son manque de recul, son absence quasi-totale de rigueur scientifique, ainsi qu'une certaine dose de mauvaise foi. Afin de faire taire ses détracteurs, von Däniken commence son nouveau livre par une sorte de mea culpa, où il reconnaît s'être parfois trompé par le passé, soit parce qu'il a cru sur parole certaines sources, soit par inexpérience. Mais que personne ne s'y trompe, s'il débute ainsi c'est pour rebondir de plus belle. En effet, en reconnaissant ses erreurs passées, il sous-entend que tout ce qu'il dira par la suite a été vérifié, confronté, analysé. Bref, ce qu'il s'apprête à dévoiler, c'est du solide!
Et bien non! C'est encore et toujours la même rengaine, les mêmes "preuves" qui reviennent encore et toujours à l'assaut, encore qu'il vient ici y rajouter un nouveau vernis "scientifique", essentiellement dans la première partie, où il décrit les possibilités de voyage spatial qu'offrent les connaissances actuelles (ou en tout cas les spéculations actuelles). A cela, il vient ajouter une dissertation sur le culte du Cargo (un véritable fait, pour le coup établi sur des bases scientifiques irréfutables). Mais comme toujours avec l'auteur, tout cela ne sert qu'à une chose: persuader le lecteur de la véracité de sa thèse (la visite d'extra-terrestres sur Terre dans notre histoire lointaine, avec comme conclusion la naissance des grandes religions du monde, ainsi que la naissance de grandes civilisations aujourd'hui disparues). Il arrive même à écrire l'histoire de ces visiteurs d'un autre monde, qui se seraient battus dans la galaxie, et dont certains rescapés seraient venus se réfugier sur Terre. Allant encore plus loin, et faisant fi de toute connaissance anthropologique, il déclare même que les premiers habitants de l'Amérique du Sud sont en fait des indiens (d'Inde, pas ceux qui affronteront plus tard les cow-boys!), fuyant leur Inde natale à bord de véhicules volants.
Mais sa démonstration, si tant est qu'elle en soit une, est en soi contradictoire. Puisque d'un côté, il nous dit que nos ancêtres ont confondus extra-terrestres et dieux, tombant ainsi dans le culte du cargo, ne reconnaissant dans un vaisseau spatial qu'un char volant, alors même qu'ils étaient censés, toujours d'après l'auteur, voyager eux-mêmes dans les airs (grâce il est vrai aux connaissances des Visiteurs). C'est soit l'un, soit l'autre, mais concilier les deux est impossible.
Il en va de même lorsque l'auteur affirme que dans les textes anciens, il faut prendre à la lettre (et encore, en changeant quelques mots pour les rendre modernes) les passages décrivant ce qui pourrait ressembler à des traces de technologie, et prendre tout le reste comme un effet d'incompréhension lié à l'effet Culte du Cargo! Une telle mauvaise fois impose le respect.
 
La technique utilisée par l'auteur est toujours la même depuis ses premiers livres, à savoir présenter ses idées sous forme interrogative. Cela le protège tout d'abord des détracteurs, auquel il peut rétorquer (faisant ainsi preuve d'une mauvaise fois absolue) qu'il ne fait qu'émettre une hypothèse. Mais surtout, en agissant ainsi, il met le lecteur de son côté, lui faisant partager sa réflexion, le menant par le bout du nez vers sa conclusion, la seule à même de répondre à ses questions. Il s'agit ni plus ni moins qu'une méthode de manipulation, très malhonnête (c'est le même genre de méthodes qui sont utilisées par les sectes pour attirer de nouveaux fidèles). Cela montre aussi le peu de sérieux d'un point de vue scientifique de l'auteur (aucune thèse scientifique ne pourrait être présentée et prise au sérieux si elle était écrite ainsi). Encore une fois, pour qui sait lire entre les lignes, c'est l'amateurisme et la mauvaise fois de l'auteur qui transparaissent ici.
De plus, comme dans tous ses précédents livres, von Däniken s'en prend à ses potentiels détracteurs (mais sans jamais en citer un seul, pas question de risquer un procès en diffamation), l'attaque étant, comme toujours, la meilleure défense. En accusant systématiquement ceux qui trouveraient à redire à se théories de ne pas faire preuve d'ouverture d'esprit, il leur réfute ainsi le droit au regard critique. Mais s'il pense en quelque sorte couper l'herbe sous le pied de ses adversaires, il démontre surtout le manque de poids de ses théories devant les experts, qu'ils soient archéologues, historiens, linguistes, ou bien juste sceptiques. Mais ce que ne veut pas comprendre l'auteur, c'est qu'ouverture d'esprit n'est pas synonyme d'abandon d'analyse critique.
 
S'il reste aujourd'hui peu de personnes à prêter fois à ses théories, Erich von Däniken a connu son heure de gloire, et est encore aujourd'hui cité, souvent à tort ou à travers, d'ailleurs, déformant encore plus des thèses qui n'ont pourtant pas besoin d'exagération pour prêter à sourire. Mais ce n'est qu'un juste retour des choses, lui-même ayant allégrement pioché chez d'autres amateurs de mystères comme Louis Pauwels et son compère Jacques Bergier, mais surtout Robert Charroux.
 
Preuves des civilisations extra-terrestres, comme tous les autres écrits de son auteur (et en particulier son plus connu, Présence des extra-terrestres), ne mérite d'être lu que pour une seule raison: montrer comment fonctionne la manipulation d'autrui en se basant sur son ignorance.
 
Il serait utile de rappeler à M. von Däniken le principe de Shklovskii qui dit que tous les événements doivent être considérés comme naturels jusqu'à preuve du contraire. Pour Erich von Däniken, c'est plutôt: Tout doit être considéré d'origine extra-terrestre jusqu'à preuve du contraire.

 


 
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