Certains auteurs se forgent une carrière sur une idée.
David Weber est de
ceux-là. Que ce soit sa
saga Harrington, sa série des
Héritiers de l'Empire, ou bien encore
la voie des Furies
le lecteur a l'impression de toujours voyager dans le même univers. Même vision de l'avenir (une vision idéalisée des grands
empires de l'époque napoléonienne), même technologie futuriste, mêmes aventures spatiales.
Le lecteur peut facilement se sentir floué et avoir l'impression de relire mainte et mainte fois le même livre, mais heureusement le talent
narratif de l'auteur sauve à chaque fois son roman.
Celui-ci n'échappe donc pas à la règle (d'un autre côté, il s'agit de l'un de ses premiers romans), où les
héros sont encore une fois des militaires aux commandes de vaisseaux spatiaux ultra perfectionnés combattant des forces ennemis là
aussi puissamment armée, dans des face à face homériques à couper le souffle. Homérique est d'ailleurs bien le mot
puisque
la voie des Furies suit une héroïne (Alicia DeVries) dont l'esprit est habitée par une divinité grecque,
Tisiphone, l'une des trois Érinyes. Le mélange heroic fantasy / science-fiction est toujours un exercice hasardeux, et là
où un
Gilles Servat n'arrive pas à rendre crédible son récit,
David Weber s'en sort plus qu'honorablement, et ce non pas grâce à une tentative
de crédibilisation de la coexistence des deux univers qui se veulent à priori antinomiques, mais au contraire en passant sous
silence cet improbable mélange. Mais la plus grande réussite dans le genre reste la saga en deux tomes de l'auteur américain
Dan Simmons,
Ilium, et sa suite
Olympos.
Là où l'auteur tire son épingle du jeu, c'est dans les références (discrètes) aux grands maîtres de la
science-fiction. Ainsi, le nom du personnage principal qui fait directement référence au traitre du
Dune de
Franck Herbert
(intelligemment choisi, Alicia étant aussi considérée comme un traitre pendant la totalité du roman). L'exceptionnelle I.A.
accompagnant l'héroïne, quand à elle, n'est pas sans rappeler l'I.A. accompagnant Ender dans
la voie des morts
d'
Orson Scott Card. Cette même I.A., elle aussi considéré comme
traitre à l'humanité rappellera des souvenirs à tous ceux qui ont lu la saga
d'
Hyperion de
Dan Simmons (ceux
qui n'ont jamais lu cette saga doivent impérativement s'y atteler!). La puissance narrative des I.A. dans les space-opera est telle que
Simon R. Green aussi y fera référence dans son cycle des
Traquemort.
Même si
la voie des Furies ne révolutionne en rien le genre, ce roman reste un réel plaisir de lecture, et on se plait
à imaginer une suite (qui ne sera jamais écrite) à cette histoire de super guerrière habitée par une déesse
grecque et une I.A. unique.
Le roman doit être vu comme une dernière tentative d'un auteur avant le grand saut dans sa grande saga,
la saga Harrington, qu'il
commencera l'année suivante avec son premier tome,
Mission Basilic.