Mikael Blomkvist est journaliste économique dans le magazine Millenium. Condamné pour diffamation, il décide de prendre de la distance avec sa vie et son métier. Mais Henrik Vanger, grande figure de l'industrie suédoise, fait appel à lui afin d'enquêter sur un meurtre non élucidé, celui d'Harriet Vanger, nièce du grand homme et disparue à l'âge de seize ans. Au cours de ses recherches, Blomkvist se rend compte que la famille Vanger semble cacher bien des haines et des secrets. Dans le cadre de son enquête, le journaliste est amené à rencontrer Lisbeth Salander. La jeune femme de vingt-quatre ans possède un don exceptionnel, celui de découvrir des informations introuvables. Tous deux vont être amenés à se croiser dans une enquête qui va révéler beaucoup plus que ce que chacun aurait pu imaginer...

Le mystère qui venait du froid
 
Millénium est l'adaptation cinématographique du best-seller de Stieg Larsson, les hommes qui n'aimaient pas les femmes. Cinématographique? En fait, pas tout à fait, car même si le film de Niels Arden Oplev a connu une sortie dans les salles obscures, et ce pratiquement partout dans le monde, il s'agit en fait à l'origine d'un produit destiné pour le petit écran. Il existe d'ailleurs deux versions du film, un courte (de deux heures et demi tout de même) destinée au cinéma, et une autre de trois heures, dont la vocation est d'être diffusée sur le petit écran (en deux fois une heure trente).
D'ailleurs, l'esthétique générale du film trahit bien son origine télévisuelle (image au piqué typique des productions T.V., mouvements de caméras limités au maximum), et ce même si indéniablement, la production de Millenium ne lésine pas sur les moyens (et chaque couronne dépensée pour le film est visible à l'écran).
 

 
Ce que tous les fans du roman attendent, c'est bien entendu le choix des deux personnages principaux, Mikael Blomkvist mais surtout Lisbeth Salander, le personnage emblématique de la saga de Stieg Larsson. Si l'acteur suédois Michael Nyqvist est totalement inconnu en dehors des pays scandinaves, il jouit d'une très honorable réputation dans son pays d'origine. Quand à la jeune et néanmoins fascinante Lisbeth, la production décide de faire appel à une inconnue, pourtant actrice de théâtre depuis plusieurs années, Noomi Rapace. L'actrice fera de très nombreux sacrifices pour son rôle, comme perdre de nombreux kilos pour ressembler au personnage, ainsi que se faire piercer (les tatouages quand à eux des faux). Et force est de constater que Noomi Rapace incarne une Lisbeth Salander très crédible.
Le film se voudra aussi très fidèle au roman, y compris dans ses débordements les plus violents ou choquants: viol, meurtres, scènes de sadisme, le film regorge de séquences qui n'auraient pas dépareillé dans un Hostel. Tout au plus pourra-ton noter la disparition du côté séducteur de Mikael Blomkvist dans le film (ce n'est pas compliqué, dans le roman il couche avec toutes les femmes!). Si on ne peut que louer le choix du réalisateur de se montrer aussi fidèle au roman, il faut cependant reconnaître que cela joue quelque peu contre lui: Tout d'abord parce que les fans qui ont déjà lu les hommes qui n'aimaient pas les femmes n'auront absolument aucun surprise (y compris au niveau de la mise en scène, très académique), et ceux qui n'ont jamais ouvert un livre de Stieg Larsson risquent de trouver l'enquête menée par Mikael Blomkvist difficile à suivre (tous les protagonistes ou presque portent le même nom de famille, et pour les non scandinaves, tous portent des noms compliqués à retenir).
 

 
Le film (tout comme le roman) nous plonge dans ce que l'histoire de la Suède compte de plus noir, avec en vrac nazisme, justice à deux niveaux, toute puissance de certaines familles, politiciens et juges corrompus, et bien sur, tueurs en série.
Mikael Blomkvist représente bien entendu le bon et honnête scandinave qui souhaite faire éclater la vérité sur ce que d'aucuns considèrent comme le régime politique et économique le plus abouti, ou en tout cas où le peuple est le plus heureux, une situation qui lorsque l'on gratte un petit peu sous le vernis, n'est pas aussi juste et équitable que cela.
Mais loin d'ennuyer le spectateur avec des revendications politiques anticonformistes, le film (encore une fois, à l'identique du roman), préfère faire passer ses idées sous le couvert d'une enquête à rebondissements, où suspense et action vont bon train.
 

 
Les américains, toujours à l'affut de projets juteux, n'ont pas réussi à couper l'herbe sous le pied des producteurs de Yellow Bird Films, plus rapides et convainquant pour le coup. Cependant, Hollywood n'a pas dit sous dernier mot et est en pourparler avec les ayant-droits de Stieg Larsson (là aussi un imbroglio monumental, où les une famille se déchire pour des questions purement monétaires; où il est certes questions de millions d'euros). Mais franchement qui voudrait voir un film avec Tom Hanks (ou pire, Will Smith) dans le rôle de Mikael Blomkvist et Jessica Alba dans celui de Lisbeth?
 
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Sans concession, Millenium l'est, offrant à son auditoire un spectacle de qualité, original, où il est bien difficile de trouver la clé de l'énigme avant les toutes dernières minutes. Et si l'on ajoute à cela la touche d'exotisme inhérent au sujet, on voit pourquoi de nombreux critiques ont vu dans ce film une bouffé d'air frais dans le monde du thriller cinématographique, un genre bien trop souvent mené par les mêmes trames narratives, où seuls les moins attentifs (pour ne pas dire autre chose) ne trouvent pas la solution dès les cinq premières minutes...
La suite, Millenium II, toujours avec le même casting mais avec cette fois derrière la caméra Daniel Alfredson, a été tourné dans la foulé du premier, et a connu lui aussi une sortie en salles (en 2009 en Scandinavie et en 2010 en France).