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Festival de Venise. |
Catégorie |
Année | Bénéficiaire
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Filmcritica "Bastone Bianco" Award | 2007 | Claude Chabrol |
![]() La fille coupée en deux s'inspire d'un fait divers, le meurtre d'un célèbre architecte, Stanford White, tué en 1906 par le millionnaire Harry Thaw pour une histoire de jalousie amoureuse. Chabrol n'est pas le premier à porter cette sordide affaire à l'écran, puisqu'avant lui, en 1955, Richard Fleischer avait sorti La Fille sur la balançoire, avec Ray Milland dans le rôle de l'architecte, Farley Granger dans celui du millionnaire, et Joan Collins dans celui de la jeune fille à l'origine du drame. A noter qu'à ses débuts, le cinéaste fut, en plus d'avoir été un critique mondialement connu (on lui doit en grande partie la "découverte" du talent d'Alfred Hitchcock, jusqu'alors vu comme un modeste faiseur), il fut un temps attaché de presse cinéma. Et justement, La Fille sur la balançoire fut l'un des films qu'il représenta pour le marché français. Claude Chabrol n'en est pas, loin s'en faut, à son premier film tiré de faits réels, puisqu'avant cette jeune fille coupée en deux, on lui doit des films comme Landru (1963), Les Noces rouges (1973), Violette Nozière (1978), ou bien encore Une affaire de femmes (1989). Le scénario de La fille coupé en deux fut écrit à quatre mains, celles de Chabrol, et celles de sa belle-fille Cécile Maistre. Les deux auteurs ont cherché à transposer l'histoire dans un contexte contemporain, en France, ne gardant du drame originel que la trame et, selon eux, le sens profond. ![]() Si l'histoire traite de perversion, qu'elle soit sexuelle, mentale, ou tout bonnement sociale, Claude Chabrol a délibérément choisi de ne pas montrer dans son film cette dépravation sexuelle, désireux, dixit le cinéaste, d'"explorer le thème de la perversion sans jamais en montrer". Bref, on est loin d'un 9 semaines 1/2, d'un Attache-moi, d'un Lunes de fiel ou bien encore de Belle de Jour. L'intention est en soi louable, le cinéaste cherchant ainsi à se démarquer d'un certain cinéma sensationnel (qui a dit le cinéma américain?). Mais ce genre de cinéma est forcément plus difficile, d'où la nécessité d'une écriture plus fine, d'une mise en scène plus subtile, et bien entendu, d'un jeu plus complexe (ce dont est tout à fait capable Claude Chabrol, sa carrière étant là pour le prouver). Or, ni l'écriture, plate, ni la réalisation, banale, et encore moins le jeu des acteurs, très en deçà des attentes (mention spéciale pour Benoît Magimel, totalement à côté de la plaque ici), ne réussiront à élever la pellicule au niveau souhaité. ![]() Les thèmes abordés dans la coupe coupée en deux sont les suivants: ![]() ![]() ![]() D'ailleurs, si le dernier plan peur donner une explication au titre du film, ce dernier est lui-même une sorte de faux-semblant, puisqu'il renvoie en fait à une femme, Gabrielle, prise entre deux hommes, Paul et Charles, un dont elle est amoureuse, mais qui ne veut pas quitter sa femme pour elle, et l'autre qu'elle apprécie mais sans être amoureux de lui, quand bien même celui-ci l'est d'elle. D'un côté, elle a le choix entre une vie sensuelle, érotique, et forte en sensations, de l'autre l'attend une vie toute dictée, à l'abri du besoin, mais aussi de la passion. D'un côté elle serait la femme objet-sexuel d'un homme qu'elle aime, mais de l'autre elle le serait aussi, cette fois-ci pour un homme qu'elle n'aime pas vraiment. Et si elle pourrait se sentir salie par sa relation avec Charles, c'est en fait avec Paul qu'elle se sentirait rabaissée. ![]() Claude Chabrol, toujours fidèle à ses collaborateurs, travaille ainsi sur ce film pour la 25ème reprise avec la monteuse Monique Fardoulis, pour la cinquième fois avec le chef opérateur Eduardo Serra, et pour la neuvième fois avec la décoratrice Françoise Benoît-Fresco. Devant la caméra, François Berléand, qui avait déjà tourné pour Chabrol dans le précédent film de celui-ci, L'Ivresse du pouvoir. Les deux hommes avaient accrochés, artistiquement parlant. Berléand est d'ailleurs, comme à son habitude, excellent ici. Benoît Magimel, quand à lui, avait auparavant travaillé pour le cinéaste en 2002, dans la fleur du mal, puis en 2004, pour La Demoiselle d'honneur. Mathilda May, qui n'était que très peu apparue sur grand écran depuis 2000, retrouve le réalisateur vingt ans après le cri du hibou. Seule Ludiviine Sagnier signe ici son premier film avec Chabrol. Celui-ci s'est décidé à engager la jeune actrice en la voyant incarner la fée Clochette dans le Peter Pan de P.J. Hogan. Elle arrive en effet à ne jamais rendre son personnage, tiraillé entre deux hommes, et rabaissée sexuellement par l'un, ni faible ni perverse. Au contraire, elle y est attachante et crédible, y compris lors de ses choix les plus discutables. Ludivine Sagnier et Benoît Magimel se retrouvent quand à eux huit ans après Les Enfants du siècle, où ils jouaient des frère et sœur, bien loin de la relation sexuellement chargée qu'ils ont ici. ![]() Si vous avez aimé La Fille coupée en deux, vous aimerez aussi:
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Pour son avant dernier film sur grand écran, Claude Chabrol déçoit par la platitude de sa mise en scène et de sa direction d'acteurs, ainsi que par une écriture
loin d'atteindre le niveau espéré au vu du sujet. Au final, un petit peu plus de stupre et de luxure auraient été les bienvenus, quitte à dénaturer les
ambitions et les désirs de son cinéaste.
Si François Berléand, Ludivine Sagnier et Mathilda May s'en sortent haut la main, il n'en va pas de même de Benoît Magimel, qui surjoue et frise bien souvent le ridicule, ainsi que de nombre de seconds rôles (malheureusement, un classique dans le cinéma français, qui n'accorde pas à ses rôles secondaires l'importance qu'il devrait, bien souvent il faut bien l'avouer par faute de moyens). La fille coupée en deux laisse un goût amer dans la bouche, surtout au vu du talent du cinéaste. ![]() |