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Nation


 


 
Nation, collection Dentelle du Cygne chez l'Atalante

Auteur

Terry Pratchett

 

Genre

Uchronie
 

Année de sortie

2008
 

Résumé

Le jour de la fin du monde...
... Mau rentre chez lui depuis l'île des Garçons. Bientôt il sera un homme. C'est alors que la vague arrive: une vague immense, qui remorque la nuit noire dans son sillage et apporte une goélette, la Sweet Judy, qu'elle propulse dans la forêt tropicale de l'île. Lorsque le bateau finit par s'immobiliser en catastrophe, il n'a plus qu'une personne en vie à son bord (ou deux, si l'on compte les perroquets). Le village a disparu. La Nation elle-même a disparu. Il n'y a désormais plus que Mau, qui n'est guère vêtu, une fille homme-culotte, qui l'est bien trop, et des malentendus en pagaïe. Aucun ne sait ce qu'il faut faire. Ni même comment le dire. Ensemble ils doivent bâtir une nouvelle Nation à partir des morceaux de l'ancienne. Inventer une nouvelle histoire.
Mais... QUI GARDE LA NATION ? OU EST NOTRE BIERE ? ... l'histoire ancienne ne va pas se laisser évincer sans réagir, du moins tant que les Grands-pères ont encore une voix. Et Mau doit regarder vers le passé avant d'affronter l'avenir. Inspiré, spirituel et imprégné du sens comique et satirique inimitable de Terry Pratchett, ce roman est une aventure formidable qui, littéralement, met le monde sens dessus dessous.


 

Avis

Note :
 
Nation, dans sa version américaine Nation est le premier roman ne se déroulant pas dans l'univers du Disque-Monde depuis 1996, date de sortie de Johnny et la bombe. Si voir l'auteur sortir un temps de son univers phare peut surprendre, cela montre surtout que ce qui prime aux yeux de Terry Pratchett c'est l'histoire avant tout, et tant pis si elle ne colle pas avec le monde de Rincevent et compagnie. Et en effet, l'histoire de Nation colle indéniablement mieux à notre monde, ou en tout cas à une version à peine remodelée. Le début de l'histoire voit deux catastrophes naturelles d'abattre sur le monde: d'un côté un tsunami qui vient pratiquement éradiquer toute vie dans des ˆles où vivent des tribus non industrialisées, et de l'autre une pandémie grippale, qui là aussi vient tuer une grande partie de la population, mais cette fois-ci dans la partie occidentale du monde. Le parallèle entre les deux catastrophes et leurs pendants "réels" est évident, avec un tsunami ayant essentiellement touché les pays en vois d'industrialisation, et une grippe aviaire ayant fait trembler l'occident. En quelque sort, on a la catastrophe que l'on mérite: une purement naturelle, avec comme une colère des éléments, et une plus scientifique, puisque liée, en tout cas dans sa compréhension, aux sciences modernes. Mais dans les deux cas, l'effet est dévastateur, et, dans le roman, aura le même résultat: la Nation et l'Angleterre se retrouveront privés de chefs.
Sur ce postulat, Terry Pratchett met face à face deux enfants, un pour chaque civilisation, et montre, en parallèle, leurs efforts pour s'adapter à ses nouvelles donnes, et leurs agissements face à l'autre. Le traitement est bien moins inspiré que dans ses autres romans, et le lecteur ne sera jamais véritablement surpris en lisant ce roman. Plus grave, l'humour qui fait la maque de fabrique de Terry Pratchett est ici pratiquement absent, ou alors tombe bien souvent à plat.
En fait, on assiste à une sorte de Robinson Crusoé avec des enfants, le tout saupoudré d'une once d'île du jour d'avant, comme une sorte de mélange entre l'œuvre de Daniel Defoe, celle d'Umberto Eco, et celle d'Orson Scott Card (le grand spécialiste des romans initiatiques d'enfants passant à l'âge adulte en affrontant la nature et bien sur la mort). Mais dans le cas des enfant-héros il manque le côté mythologique que l'on retrouve chez Card. Et pourtant, ce n'est pas faute de plagier le père de la stratégie Ender et des chroniques d'Alvin le faiseur. Par contre les deux auteurs se différencient clairement sur un point: la religion. Si Orson Scott Card ne peut s'empêcher (de façon la plupart du temps totalement inconsciente) de faire du prosélytisme religieux, Terry Pratchett, bien au contraire, prône un athéisme absolu (mais c'est d'ailleurs le cas dans tous ses livres, y compris, paradoxalement, ceux pourtant remplis de dieux de sa saga du Disque-Monde).
S'il évite de tomber dans le happy-end facile, l'auteur n'arrive pas à transmettre son message(ou alors avec beaucoup de difficultés): les hommes, qu'ils fassent partie d'une société industrialisé ou pas restent égaux en importance, intelligence, en droit, ou toute autre choses; et avec un petit effort, tous les hommes peuvent se comprendre et vivre en paix. Un message qui fait certes toujours plaisir à entendre, mais tellement entendu qu'il aurait mérité d'être traité avec ce qui caractérise habituellement l'auteur: la folie. Mais peut-être est-ce, malheureusement, justement la folie qui est la cause de cette baisse de qualité chez Terry Pratchett. Car depuis 2007, l'auteur souffre de la maladie d'Alzheimer, une maladie qui comme chacun le sait, cause une détérioration rapide des facultés intellectuelles. Tous les fans de l'auteur croisent les doigts pour que cet échec artistique ne soit pas à imputer à la maladie mais plutôt à un manque d'inspiration.
Comme dans la rédemption de Christophe Colomb d'Orson Scott Card (encore lui!), ou bien encore comme dans chronique des années noires de Kim Stanley Robinson, Terry Pratchett s'amuse à réécrire l'histoire en n'en changeant qu'un minimum de données. Le tout pour nous amener à revoir notre position vis à vis des peuples non-industrialisés, ainsi (et là nous sommes face à du pur Terry Pratchett) qu'à nous faire voir le monde depuis un autre angle.
Le Royal National Theatre de Londres a annoncé qu'il allait mettre en chantier une adaptation théâtrale du roman, ce qui prouve bien que Terry Pratchett est désormais considéré comme un auteur majeur, tout du moins dans son pays d'origine; un honneur qui est loin d'être volé.

 

 

 


 
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