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Le Profanateur


 


 
Le profanateur, édition Livre de Poche

 

Auteur

Philip K. Dick

 

Genre

Science Fiction
 

Année de sortie

1956
 

Résumé


 
L'Agence de recherches fondée par Allen Purcell a pour objet social de fournir des scripts à TéléMédia, l'organisme de propagande de cette Société Morale du XXIIème siècle. Le système social a été mis en place par le Major Streiter, après l'apocalypse, il y'a plus d'un siècle, en le basant sur le Réarmement Moral (Rémor) : les valeurs morales conventionnelles sont intransgressibles, et tout le monde surveille tout le monde.
Purcell est nommé à la tête de TéléMédia. Il est donc maintenant en quelque sorte le garant de la moralité publique. Mais il supporte mal cette société, et il vient, plus ou moins inconsciemment, de profaner nuitamment la statue du Major Streiter. Il ne sait pas lui même pourquoi. Trouvera-t-il de l'aide auprès de la Station d'Hygiène Mentale ? Est-il un rebelle qui devra affronter la société ?


 

 


 

Avis

Note :
 
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Le profanateur, connu aussi sous le titre le détourneur, fait partie de ces romans de Philip K. Dick décrivant un univers futuriste où l'humanité est contrôlée par un organisme central ou une entité supérieure, qu'il soit gouvernemental, privé, ou bien alors quasi-divin. Dans tous les cas, cela démontre non seulement l'incapacité du peuple à s'autogérer correctement, ainsi que bien souvent la soif de pouvoir d'une minorité, capable d'imposer leur vision à l'ensemble de l'humanité. Dans ce roman, écrit en 1956, c'est un organisme dirigeant les médias qui contrôle l'humanité, ou en tout cas la partie de l'humanité qui n'a pas pu migrer vers les colonies de l'espace (là aussi un thème récurrent chez Philip K. Dick). Ce Big Brother décide donc de la pensée dominante, toutes les autres formes d'idées étant invariablement considérées comme hors-la-loi. Cet univers a fait dire à beaucoup que Philip K. Dick) avait su prédire la Révolution culturelle chinoise des années 60. C'est cependant oublier que la Chine appliquait déjà ce fonctionnement à l'époque où fut écrit le profanateur (quoique de manière moins systématiques il est vrai). Par contre voir arriver cette notion de politiquement correct dans un pays comme les Etats-Unis était à l'époque plutôt visionnaire. 50 ans plus tard, sa "prédiction" n'a rien perdu de son sens, la loi de la pensée lisse ayant depuis longtemps pris le dessus sur toute autre forme d'expression, que ce soit dans les médias (la télévision en particulier), mais aussi dans la vie de tous les jours.
Ce roman est aussi l'un des tous premiers (le premier?) où l'auteur fait preuve d'autant d'humour (la majorité du temps au travers de son héros, Allen Purcell). Le contraste entre rire et horreur (le monde décrit dans ce roman est d'un sinistre quasi absolu) rend encore plus flagrant l'absurdité de ce monde, qui malheureusement pourrait très bien être le notre, le côté science-fiction étant non seulement mineur mais aussi (pratiquement) crédible. Dans ce monde d'ailleurs, l'humour est considéré comme l'un des péchés capitaux, ce qui vaudra à notre héros d'être mis au ban de la société. Il se trouve qu'Allen Purcell ne se trouve justement plus à sa place dans ce monde, y compris à la Station d'Hygiène Mentale, censée gérer ce genre de problèmes.
Un autre thème sous entendu dans le roman est le problème de la surpopulation (là aussi traité dans de nombreux romans de l'auteur). Même s'il n'aborde jamais de front le sujet, le fait même que les gens soient obligés de vivre dans de petits appartements, où la seule et unique pièce se transforme en fonction des besoins de la famille (où on voit pas d'enfants, les seuls dont on entend parler vivent dans les rues), monter bien qu'il y a un problème de place sur Terre. Et bien entendu problème de place dit problème de surpopulation. Surtout si l'on ajoute à cela le problème de la nourriture. En effet, dans le monde du profanateur la guerre a anéanti une grande partie des ressources naturelles de la terre, obligeant l'humanité à se nourrir de produits de synthèse. Cela n'est pas sans rappeler le futur best-seller de Harry Harrison, dégagez, faites de la place!, porté à l'écran en 1973 par Richard Fleischer sous le titre Soleil Vert, avec Charlton Heston dans le rôle principal. La ressemblance avec la célèbre histoire va même jusqu'à l'accusation porté par Allen Purcell dans le roman: à savoir que les hommes, et en particulier le héros de l'humanité, le Major Streiter, se nourrissent de chair humaine, ce qu'il appelle l'assimilation active. Dans l'un des deux cas cependant, il s'agit d'un canular...
 
La société, totalitaire, contrôlée par une instance surpuissante, TéléMédia (et aidée par la Station d'Hygiène Mentale) décrite dans le profanateur est souvent vue comme l'antithèse thématique de celle ultra libertaire (mais cependant aussi dangereuse pour l'humanité) décrite dans les chaînes de l'avenir, écrit la même année par un Philip K. Dick en pleine crise d'écriture.
 
Ce roman n'est peut-être pas le plus connu de l'oeuvre de l'écrivain, mais les thèmes traités dans son roman sont très intéressant, et ce jusqu'à la conclusion, ouverte à l'analyse et à l'extrapolation de la part du lecteur. Encore une fois, merci M. Philip K. Dick.

 

 


 
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