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La Porte Obscure.
Avec ce roman (l'un de ses tous premiers),
Philip K. Dick nous plonge directement dans ses
plus profondes craintes et obsessions: mes souvenirs sont-ils réels? Le monde dans lequel je vis est-il le fruit de mon imagination?
La schizophrénie de l'auteur (et en particulier la paranoïa induite par cette maladie) est omniprésente dans ce court roman,
écrit en 1953 mais publié seulement en 1957 (les premières années de
Philip K. Dick en tant qu'auteur professionnel furent difficiles, et même si ses
nouvelles se vendaient bien, ses romans avaient du mal à trouver acquéreur).
Comme bien souvent au travers de l'oeuvre de
Philip K. Dick, le lecteur se retrouve à
suivre un héros qui doute de ses souvenirs. Sont-ils les siens? Quelqu'un lui a-t-il implanté de faux souvenirs (et si c'est le cas, qui
a fait cela, et pourquoi)? Les héros Dickien sont par définition des personnages qui doutent, et Ted Barton n'échappe par à
la règle. Sans tomber dans les extrêmes, comme Deckard dans
les androïdes rêvent-ils de moutons électriques,
le héros des
pantins cosmiques se voit remettre en doute toute sa vie et ses souvenirs, pour rapidement arriver à une
conclusion satisfaisante (il n'est pas fou, c'est le monde autour de lui qui n'est pas normal). Et là encore, en pur personnage Dickien, le
héros va sauver l'univers, non pas à la façon Hollywoodienne (les armes à la main), mais en utilisant son cerveau. En effet,
chez
Philip K. Dick la réalité est modelable, et certaines personnes ont la
faculté de modifier soit la perception de l'univers, soit l'univers (comme dans
le dieu venu du Centaure par exemple).
Dieu (ou les dieux) ont aussi souvent leur place dans les romans du romancier, et
les pantins cosmiques n'échappe pas à la
règle. Même si ici, on pourrait presque se croire par moment dans une histoire de
H.P. Lovecraft (des entités cosmiques se battant pour la domination de l'univers), le
lien entre dieu et le héros est fort, l'un étant toujours étroitement lié à l'autre chez
Philip K. Dick (on retrouve cette dualité dieu/héros dans pratiquement tous les
romans de l'auteur, là aussi sa schizophrénie y est pour beaucoup).
Les pantins cosmiques n'est pas l'un des romans les plus connus de l'auteur. Cependant, on retrouve déjà tous les thèmes qui
deviendront la marque de fabrique de l'un des romanciers les plus importants du XXème siècle, et ce même si ce roman touche plus au
fantastique qu'à la pure science-fiction. Il faut bien se souvenir que dans les années 50, la distinction entre les
différents genres était moins stricte qu'aujourd'hui.