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Le Portrait de Dorian Gray


 


 
Le portrait de Dorian Gray, chez Livre de Poche

Auteur

Oscar Wilde

 

Genre

Fantastique
 

Année de sortie

1891
 

Résumé


 
Dorian Gray, jeune dandy séducteur et mondain, a fait ce vœu insensé : garder toujours l'éclat de sa beauté, tandis que le visage peint sur la toile assumerait le fardeau de ses passions et de ses péchés. Et de fait, seul vieillit le portrait où se peint l'âme noire de Dorian qui, bien plus tard, dira au peintre : "Chacun de nous porte en soi le ciel et l'enfer."
Et ce livre lui-même est double : il nous conduit dans un Londres lugubre et louche, noyé dans le brouillard et les vapeurs d'opium, mais nous ouvre également la comédie de salon des beaux quartiers.
Lorsqu'il parut, en 1890, il fut considéré comme immoral. Mais sa singularité, bien plutôt, est d'être un roman réaliste, tout ensemble, et un roman d'esthète - fascinants, l'un et l'autre, d'une étrangeté qui touche au fantastique.


 

 


 

Avis

Note :
 
Le portrait de Dorian Gray, chez Folio Le portrait de Dorian Gray est un roman maudit, tout comme son auteur, Oscar Wilde est un écrivain maudit. L'aura sulfureuse qui entoure l'un et l'autre joue pour beaucoup dans la fascination actuelle du roman. Mais d'où vient cette réputation?
En cette fin de XIXème siècle, et en particulier dans la haute société britannique, très guindée et à cheval sur les principes et les idées, hautement imbibée de religion, il était très facile de sortir de la norme, et donc d'être mis au ban de la société (c'est d'ailleurs, d'un certains côté, ce que raconte ce roman). Or, Oscar Wilde menait une vie pour le moins anticonformiste (ce qui le mènera même en prison, quelques années après la parution de ce roman). Le portrait de Dorian Gray n'est pas le premier roman de l'auteur, et ce même s'il deviendra vite le plus connu de ses écrits, et les critiques bien pensantes avaient déjà à l'oeil l'auteur, jugé dangereux pour la société, à cause des idées véhiculées par l'homme, et ce même si en même temps tous étaient fascinés par cet homme charmant et charmeur, d'une culture gigantesque, et dont le talent d'écrivain était évident et indéniable.
Mais Le portrait de Dorian Gray va aller très (trop) loin pour son époque, en décrivant un héros décadent, meurtrier de surcroit, s'adonnant à des plaisirs interdits (plaisirs qui ne seront d'ailleurs jamais clairement décrits dans le roman, le problème -ou la force- étant que chacun y voit ce qu'il y désire). Mis à part le meurtre de son ami le peintre Basil Hallward (mais qui arrive très tard dans la déchéance du héros, pratiquement à la fin du roman), tous les écarts de conduite de Dorian Gray sont laissés dans l'ombre, comme si même un homme comme Oscar Wilde ne pouvait décemment en parler.
Les critiques furent donc acerbes envers le roman, le décrivant comme nauséeux, efféminé, et ouvertement homosexuel. Même si ces adjectifs ne peuvent être considérés comme erronés, ils ne peuvent en aucun cas (en tout cas de nos jours) être vus comme dégradants. Bien au contraire, cela montre le talent d'Oscar Wilde, qui a su frapper là où cela fait mal, maltraitant son époque dans ses vices les plus sombres, soit qu'ils étaient connus et assouvis par les plus dépravés, soit qu'ils étaient uniquement fantasmés (ce qui est plus dur encore). De nos jours, ce roman est considéré comme l'une des plus grandes réussites romanesque de la fin du XIXème siècle, faisant de son auteur l'un des plus grands noms de la littérature anglo-saxonne, pratiquement au même titre qu'un William Shakespeare.
William Shakespeare qui ne manque pas d'être cité dans Le portrait de Dorian Gray. Oscar Wilde fait d'ailleurs preuve d'une érudition exceptionnelle dans son roman, citant bien entendu les plus grands noms de la littérature et de la poésie: Shakespeare donc, mais aussi Goethe (impossible de ne pas penser à Faust à la lecture du portrait de Dorian Gray-, ainsi que le moins connu mais pourtant primordial pour son histoire Joris-Karl Huysmans (en particulier son roman à rebours), sans oublier les classiques gréco-romains, et bien sur, la musique, qui joue un rôle prépondérant dans le roman. Wagner et son Tannhäuser, ainsi que le plus aérien Beethoven, ont ainsi une place de choix dans un roman très cultivé.
 
Les thèmes abordés dans Le portrait de Dorian Gray sont légion, les principaux étant l'esthétisme (qu'il concerne l'art -peinture, évidemment, mais aussi littérature, théâtre, musique, etc..- ou bien tout simplement la beauté -de l'homme, mais aussi de la nature-), le rapport à la jeunesse (la peur de vieillir, et donc de mourir, est omniprésent dans le roman), ainsi que l'hédonisme (sous toutes ses formes) et la morale. Sur ces deux derniers points en particulier Oscar Wilde eut des problèmes avec la critique. L'homosexualité latente du roman (jamais clairement décrite, mais toujours sous-jacente entre les trois principaux personnages du roman, Dorian, Lord Henri et Basil) a fortement déplu à la société de l'époque, surtout lorsque ces personnages homosexuels apparaissent comme les plus cultivés, les plus intéressants et surtout les plus intelligents du roman. Comment faire accepter cela à une société sclérosée par la morale chrétienne.
Le roman met aussi en parallèle les fastes des clubs des aisés de ce monde, et la débauche des bars glauques des bas quartiers londoniens. Mais lequel des deux mondes est le plus immoral? La réponse n'est pas forcément aussi évidente que cela, et Oscar Wilde nous le fait bien voir, sans jamais avoir l'air de s'en mêler. Du très grand art.
 
Le portrait de Dorian Gray est clairement l'un des romans les plus fascinants thématiquement, à l'instar d'un Faust de Goethe. Et tout cela guidé par une plume d'exception, celle d'un Oscar Wilde en grande forme. Il s'agit d'ailleurs du roman qui a fait connaître le poète irlandais et qui l'a mené à la postérité.
 
Ce roman fait partie des quelques grands romans fantastiques du XXème siècle, dont l'histoire et les personnages sont devenus des classiques de nos jours. A mettre aux côtés du Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley (1818), de L'étrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde de Robert Louis Stevenson (1886) ou bien encore du Dracula de Bram Stocker (1897).
 
Le cinéma ne s'y est pas trompé, Le portrait de Dorian Gray ayant connu de nombreuses adaptations, toutes plus ou moins fidèles à l'oeuvre d'Oscar Wilde. La version la plus célèbre est le film homonyme réalisé par Albert Lewin en 1945.
 
Le portrait de Dorian Gray, d'Albert Lewin (1945)   Le portrait de Dorian Gray d'Albert Lewin

 

 


 
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