La mort du nécromant est un roman qui en promet beaucoup: Magie (blanche, noir, ésotérisme, nécromancie, ...), mystère, aventures, romance, le tout
sur un fond historique original (en gros le début du XIXème siècle, dans une Vienne fictive haute en couleur). Mais qui finalement n'en offre pas tant que cela. Et
pourtant, tous les ingrédients sont là. Mais mal mélangés, et surtout mal mis en scène. En effet, l'auteur,
Martha Wells a bien du mal à nous rendre tangibles les personnages, et en particulier le héros, archétypal
au possible, et donc, par glissement à nous intéresser à cette histoire.
Pourtant, l'auteur fourmille d'idées, dont certaines plutôt bonnes (le cadre en particulier, est d'une richesse narrative potentielle gigantesque). Mais elle a plus de
difficultés dans la mise en scène, comme par exemple placer le cadre, au lieu d'expliquer après coup ce qui était inattendu pour les personnages. En effet, il y
a un décalage constant entre ce que savent et comprennent les héros et ce que lecteur comprend de l'histoire et du monde. Avoir tout le temps un métro de retard sur ce
que l'on est en train de lire est très gênant, et distancie forcément le lecteur de son livre, ce qui est pratiquement ce qui peut arriver de pire à un roman,
surtout un roman d'imagination.
De même, il est bien difficile de comprendre quels sont les intentions et motivations du méchant de service, le comte Montesq, Némésis du héros, qui,
d'ailleurs, passera 500 pages à s'occuper d'un autre ennemi, le fameux nécromant du titre, pour régler le compte de Montesq en dix pages. Le nécromant, quand
à lui, est déjà pus réussi, même si l'auteur, en appuyant lourdement sur la dangerosité et la folie du personnage, joue contre son méchant,
qui aurait mérité plus de mystère (et moins d'enquête, rappelant plus Arsène Lupin que
Lovecraft).
Les monstres du bestiaire de
la mort du nécromant restent, même à la fin du récit, presque inconnues du lecteur (par exemple, quelle est la différence
entre une goule et un revenant? Les héros, eux, ont bien l'air de le comprendre, mais l'auteure ne l'explique par clairement). Ce qui aurait pu fonctionner dans un récit
à la
Lovecraft (où justement, la terreur vient de ce que l'on ne comprend pas), ici, ce n'est pas le but
recherché, puisque très vite, les protagonistes apprennent à affronter ces créatures (par exemple, en faisant appel au fer, mortel pour les
créatures-fées, mais là encore le lecteur ne l'apprend que lorsque les héros en ont l'idée).
L'archimage qui aide les héros, Arisilde, est tellement inspiré du Raistlin Majere de
Lancedragon qu'il en devient presque risible. En effet, les deux personnages de
fiction ont en communs une apparence chétive (cheveux blancs y compris), une maladie chronique, et une puissance magique extrême. Dans les deux cas, les amis du personnage
ont bien du mal à pouvoir compter sur lui, dans un cas pour des raisons de loyauté changeante (Raistlin) et dans l'autre pour cause de déficience mentale (à cause
d'une trop fréquente prise de drogues).
De même, toujours au niveau des utilisateurs de magie, Madele, la grand-mère de l'héroïne, n'est pas sans rappeler une sorte de Mémé Ciredutemps du
pauvre (La sorcière du Disque-Monde de
Terry Pratchett). La seule différence étant que Madele n'a pas
la haute idée d'elle-même et le manque d'amour du prochain qui caractérisent Mémé Ciredutemps.
De façon générale, tous les personnages de
la mort du nécromant tombent dans les travers de l'archétype ou du plagiat.
La mort du nécromant est un roman décevant, surtout au vu de ses ambitions affichées.